étude thématique d'oral: la rencontre

« précieux de l'époque — est présenté sous un deuxième aspect.

Après la rencontre chez le joaillier entre Mlle deChartres et le Prince de Clèves — rencontre fortuite, dont précisément la touche dehasard » ressemble bien à la mise en marche du destin, voici donc ensuite La rencontre au bal (Princesse de Clèves,1re partie) entre Mme de Clèves et le duc de Nemours ; elle est vue sous un angle différent.

C'est une sorte de «re-connaissance » pour Mme de Clèves que tout le monde a préparée à voir le héros.

Là encore, se retrouventdivers éléments romanesques : — bien que prévue, la rencontre est présentée spectaculairement,— M.

de Nemours est comme une apparition,— il frappe par sa beauté,— il prend une allure de certitude pour le coeur soudainement touché.Donc loin d'être une déception — ce qui est souvent le cas quand on a trop entendu d'éloges sur quelqu'un — cètterencontre est une confirmation : Mme de Clèves « reconnaît » celui qu'elle attendait.Le parallélisme entre les deux rencontres du roman est bien sûr une structure romanesque particulièrement heureusequi souligne le poids de la fatalité et noue de façon définitive le drame.• Les éléments des deux types de rencontre se retrouvent dans celle — réelle — que fit Rousseau avec Mme deWarens : Confessions, Livre II.Rousseau, lui aussi, est préparé :— d'abord en sens inverse : il s'attend à trouver « une vieille dévote bien rechignée », puisqu'il lui est envoyécomme catéchumène.

C'est donc un choc de surprise et de ravissement qu'il éprouve, exactement ce que l'onappelle une « agréable surprise », effet de renversement d'autant plus heureux et ressort d'amour d'autant plus sûrque l'imagination avait joué dans le mauvais sens pour faire croire à l'adolescent qu'il allait rencontrer quelqu'un depeu plaisant ;— mais ce qui a préparé aussi au choc amoureux, c'est l'imagination romanesque dont est doté ce jeune hommenourri trop tôt et sans discernement des romans les plus échevelés (romans précieux).

Il est prêt à trouver dans lavie ce qui lui a semblé si beau dans les histoires ;— cependant le souvenir joue son rôle : Les Confessions sont écrites par un homme vieux, malade.

Le rappel decette rencontre qui joua un si grand rôle dans la vie de l'écrivain est une« reconstruction » d'une scène qui est embellie par le souvenir, constituée de plusieurs éléments vécus par la suiteet inconsciemment alliés pour faire de la rencontre un moment idéalisé qui illumine, grâce à l'émotion passée,l'émotion présente.• De toute façon, chaque rencontre est accompagnée dans le coeur de celui où naît l'amour d'une véritable «cristallisation », parant l'objet aimé de mille perfections :— étonnement d'abord, quand on s'est préparé à trouver un être différent de celui que l'on voit ; c'est ce qui arriveà Julien et à Mme de Rénal (Stendhal, Le Rouge et le Noir, I-vi);— puis la stupéfaction entraîne la délivrance des mauvais rêves, donc le bonheur.De plus, naît l'impression d'être des âmes soeurs, de sentiments et tendances très proches.La première rencontre peinte par Stendhal se déroule dans un climat d'innocence, tout ce que chacun avait prévu adisparu, l'imagination peut entrer en action et « cristalliser » (terme stendhalien) autour de l'aimé, faisant ainsitriompher l'amour dans le romanesque ; ceci, grâce à cette sensation agréable de surprise heureuse qu'a procurél'échange des premiers regards. Conclusion • Rencontre : premier instant idéal qui peut suffire pour décider d'un destin.• Les protagonistes en sont les héros ou les victimes.• Dangers, difficultés, désordres, souffrances de l'amour y sont déjà en puissance, mais aussi idéal, échappée dansle bleu, émerveillement...• Une rencontre amoureuse, c'est un « événement » au sens étymologique, i.e.

« ce qui arrive » avec une nuanced'intensité, car il devient très souvent la vie même des (ou d'un) participant(s).• Notons aussi que romanesquement, une rencontre amoureuse, c'est une scène à faire.. »