ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL: « La grande révolution littéraire moderne » (Thibaudet) : Le Romantisme : tendances ; thèmes ; survivances.
Publié le 01/03/2011
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Liste 1. Renouvellement du lyrisme Mme de Staël, De l'Allemagne, II, 10, De la Poésie. ou Chateaubriand, Le Génie du Christianisme, II, III, 9, « Du vague des passions «. 2. Thèmes lyriques libérés de nouveau par le Romantisme a) La poésie du cœur: le moi Chateaubriand, René, Les « incertitudes « de René. b) La mélancolie Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, « Mes joies de l'automne « (I, III, 13) ou « Deux Années de délire « (id, I, III, 12). c) La nature, inspiratrice, consolatrice, source de beauté Chateaubriand, L'Itinéraire de Paris à Jérusalem, « Athènes au soleil levant «.
d) Inspiration légendaire ou historique V. Hugo, La Légende des Siècles, Booz endormi, VI. e) Le poète incompris : résolution stoïcienne A. de Vigny, Les Destinées, La Mort du Loup. 3. Les marques du romantisme : un romantisme latent
«
habite avec un cœur plein un monde vide et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout », écrit-il.
2.
Thèmes lyriques libérés de nouveau par le Romantisme
Ainsi le romantisme va-t-il réhabiliter le lyrisme, si peu représenté depuis la Pléiade (citons pourtant La Fontaine auXVIIe siècle, Rousseau ou Chénier au XVIIIe siècle).
Tous les grands thèmes lyriques renaissent ; et d'abord
a) La tendance à la poésie du cœur: individualisme; le «moi» « Ah ! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie »,affirme Musset.
Le « moi » de Chateaubriand est le héros évident de René : Les « incertitudes » de René ; avec lesmanifestations d'une instabilité qui est à la fois inquiétude, crise d'adolescence, plaisir presque maladif aux rêveriesinutiles nées d'une imagination exacerbée par un intérêt excessif pour sa propre personne.
Tout ce qui touche au « moi » : inquiétude devant la destinée, élévation ou chute de l'être humain, amour idéal,création de chimères, est aiguillon du lyrisme, aboutissant souvent d'ailleurs à :
b) La mélancolie
Elle est doublée d'un goût littéraire pour le nébuleux, une ferveur qui retombe en déceptions et tristesses vagues ouangoissées particulièrement entretenues dans la solitude d'un «cœur en
écharpe » (= définition appliquée à Chateaubriand, le personnage primordial des Mémoires d'Outre-Tombe où ilépanche sentiments et souvenirs.
Il analyse avec pertinence son insatisfaction d'adolescent miné par le « vague despassions » dans deux pages célèbres: «Deux années de délire» (I, III, 12) et «Mes joies de l'automne » (I, III, 13)où l'état moral et la fragilité du jeune Chateaubriand sont fort comparables à ceux que l'écrivain avait déjàtranscrites dans René, appelant autre chose : « Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans lesespaces d'une autre vie ! »
D'autre part un des thèmes lyriques qui intéressent particulièrement les Romantiques est :
c) La nature, inspiratrice, consolatrice, source de beauté
On a dit de Chateaubriand qu'il a « rouvert la grande nature fermée ».
Citons deux pages à ce propos : « Une nuitdans les déserts du nouveau monde », Génie du Christianisme (I, V, 12) et « Athènes au soleil levant », L'itinérairede Paris à Jérusalem.
Il a effectivement élargi le sentiment de la nature qui n'était plus guère en honneur après la Pléiade jusqu'àRousseau ou Bernardin de Saint-Pierre (XVIIIe siècle) ; mais ces derniers présentaient ordinairement une naturebornée et partielle.
Chateaubriand, le premier, en la peignant sous des aspects vastes et solennels, fait sentir enquelque sorte, en elle, la présence de l'infini (« Une nuit...
»).
L'harmonie d'un style musical, la beauté des phrasesdescriptives larges ou précises donnent une impression de naturel dont le charme secret révélait des façonsnouvelles de voir et de sentir : celui de « l'enchanteur », comme fut qualifié Chateaubriand.
d) Cependant le romantisme ne se contente pas de réveiller le lyrisme
L'inspiration légendaire ou historique apporte le soutien de l'épopée à l'inspiration lyrique.
Or l'épopée n'était guèrereprésentée dans la littérature française depuis les Chansons de geste (Chanson de Roland...), sauf dans certainspassages des tragédies du XVIIe siècle classique (par exemple : la prise et l'incendie de Troie dans Andromaque,Racine).
En effet les tentatives épiques de Ronsard et Voltaire ne sont pas bien remarquables.
Or les Romantiquesredorent l'épopée et son merveilleux (voir Rappel de connaissances : vocabulaire), surtout Hugo, dont on a écrit qu'il« a la tête » épique ».
Citons Booz endormi, La légende des siècles, VI : lyrisme et épopée s'allient aux imagesfrappantes, à la douceur ineffable et suggestive de certains tableaux, à l'évocation des temps de la genèse pourréaliser « un des plus purs poèmes...
un poème de paix biblique, patriarcale, nocturne » (Péguy).
e) Quant au thème du poète incompris de la solitude, il est également repris et magnifié par les Romantiques,particulièrement par Vigny, Les Destinées, La mort du Loup.
En effet si Hugo, lui, croit fortement à la fonction du poète et se juge conducteur du peuple, Vigny, parce qu'il sesent privilégié car artiste donc se distinguant en une attitude de noblesse et de supériorité, se trouve incompris desautres et se retire selon son expression dans sa « tour d'ivoire ».
Il voudrait aimer les hommes, en être aimé, mais aconscience d'être condamné au milieu d'eux à la solitude morale (Moïse).
Il trouve un remède au conflit qui le mine,entre les aspirations de son cœur et les négations de son esprit, en affirmant «...
souffre et meurs sans parler ».Solution stoïcienne donc : le poète s'élève « sans jeter un cri » au-dessus de la souffrance, de la mort, de lacondition humaine, de l'indifférence ou de la cruauté des autres hommes.
3.
Les marques du romantisme : un romantisme latent
Ne croirait-on pas entendre Baudelaire dans L'Albatros, montrant le Poète, « Prince des Nuées » moqué et malmenéparce qu'incompris ? Car le romantisme a prétendu libérer en face et à l'intérieur des exigences de l'art des thèmesmajeurs qui surgissent chez bien des poètes ou romanciers qui se sont illustrés longtemps après la disparition de.
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