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Étude littéraire: Le Lac de Lamartine in "Méditations poétiques"

Publié le 28/02/2010

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lamartine

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,  Dans la nuit éternelle emportés sans retour,  Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges  Jeter l'ancre un seul jour ?    Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,  Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,  Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre  Où tu la vis s'asseoir !    Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,  Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,  Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes  Sur ses pieds adorés.    Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;  On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,  Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence  Tes flots harmonieux.    Tout à coup des accents inconnus à la terre  Du rivage charmé frappèrent les échos ;  Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère  Laissa tomber ces mots :    Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !  Suspendez votre cours :  Laissez-nous savourer les rapides délices  Des plus beaux de nos jours !    Assez de malheureux ici-bas vous implorent,  Coulez, coulez pour eux ;  Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;  Oubliez les heureux.    " Mais je demande en vain quelques moments encore,  Le temps m'échappe et fuit ;  Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore  Va dissiper la nuit.    " Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,  Hâtons-nous, jouissons !  L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;  Il coule, et nous passons ! "    Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,  Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,  S'envolent loin de nous de la même vitesse  Que les jours de malheur ?    Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?  Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !  Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,  Ne nous les rendra plus !    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,  Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?  Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes  Que vous nous ravissez ?    Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !  Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,  Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,  Au moins le souvenir !    Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,  Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,  Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages  Qui pendent sur tes eaux.    Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,  Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,  Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface  De ses molles clartés.    Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,  Que les parfums légers de ton air embaumé,  Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,  Tout dise : Ils ont aimé !

Le poème est formé de seize quatrains comportant, les uns, trois alexandrins et un hexasyllabe, d'autres, l'alternance d'un alexandrin et d'un hexasyllabe. Les vers plus courts (donc allongés car chaque vers doit recevoir le même souffle) étant plus chargés d'émotion, le premier genre de strophes est élégiaque, le second l'est doublement. La rime est croisée avec alternance d'une rime féminine et d'une rime masculine.    Dans les quatre premières strophes, la vie de l'être humain est présentée comme éphémère face à l'éternité du lac, et le bonheur apparaît réduit dans le souvenir.  Aux vers 1 et 2, «poussés«, «emportés«, traduisent l'idée romantique de l'être humain jouet de la volonté divine, des éléments et des événements. Une variante du vers 2, «Sans pouvoir rien faire, entraînés...«, montre que le poète est passé d'une expression abstraite, sèche, froide, à une image évocatrice et simple.

 

  • 1- l'évocation du bonheur perdu (1-20) sur un ton élégiaque ;
  •  2- la protestation épicurienne d'Elvire (21-36) sur un ton passionné ;
  •  3- la méditation philosophique du poète (37-48) sur un ton véhément ;
  •  4- l'effusion lyrique (49-64) sur un ton déclamatoire.

 

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« Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvagesQui pendent sur tes eaux. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surfaceDe ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,Tout dise : Ils ont aimé ! Le poème est lié à des circonstances précises, Lamartine isolant un moment de son existence qui a eu uneimportance considérable, composant un poème pour que ce moment ne soit pas oublié, employant une prosodiestricte pour que ceux qui répèteraient ce poème ne le transforment pas, ne le déforment pas.Mais le poème est nourri aussi de réminiscences littéraires, en particulier le souvenir de la promenade sur le lac quefont Julie d'Étange et Saint-Preux, les héros beaux, diserts, brumeux et déchirés de "La nouvelle Héloïse" de Jean-Jacques Rousseau, renonçant dans les larmes et les horizons vaporeux aux plaisirs de la chair après y avoirsuccombé.Mais, à l'occasion de son aventure personnelle, évoquée avec une extrême discrétion, Lamartine a trouvé desaccents d'une humanité si profonde, d'une sincérité si poignante pour exprimer son angoisse devant la fuite dutemps, et son désir d'éterniser cet amour au moins par le souvenir, que "Le lac" est devenu le poème immortel del'inquiétude humaine devant le destin, de l'élan vers le bonheur et de l'amour éphémère aspirant à l'éternité.Le poète passe par toute une succession d'idées et de sentiments qu'on peut ramener à quatre étapes, le passagede l'une à l'autre étant parfaitement justifié : 1- l'évocation du bonheur perdu (1-20) sur un ton élégiaque ;2- la protestation épicurienne d'Elvire (21-36) sur un ton passionné ;3- la méditation philosophique du poète (37-48) sur un ton véhément ;4- l'effusion lyrique (49-64) sur un ton déclamatoire. Le poème est formé de seize quatrains comportant, les uns, trois alexandrins et un hexasyllabe, d'autres,l'alternance d'un alexandrin et d'un hexasyllabe.

Les vers plus courts (donc allongés car chaque vers doit recevoir lemême souffle) étant plus chargés d'émotion, le premier genre de strophes est élégiaque, le second l'est doublement.La rime est croisée avec alternance d'une rime féminine et d'une rime masculine. Dans les quatre premières strophes, la vie de l'être humain est présentée comme éphémère face à l'éternité du lac,et le bonheur apparaît réduit dans le souvenir.Aux vers 1 et 2, «poussés», «emportés», traduisent l'idée romantique de l'être humain jouet de la volonté divine,des éléments et des événements.

Une variante du vers 2, «Sans pouvoir rien faire, entraînés...», montre que lepoète est passé d'une expression abstraite, sèche, froide, à une image évocatrice et simple.La première strophe file, avec «rivages», «océan», «ancre», une métaphore nautique qui s'explique parce que c'estun lac, un milieu liquide, qui est le lieu privilégié de l'inspiration de ce poème.

Elle est poursuivie aux vers 35 et 45-46.

Elle renouvelle le thème de la fuite du temps, retournant l'expression habituelle, «le temps passe» ; en réalité,ce sont les humains qui passent.

Ici, ce n'est donc plus le temps qui fuit, mais l'être humain qui fuit sur un tempsimmobile puisqu'il s'agit au fond de l'éternité.La deuxième strophe, marquée d'éléments élégiaques («à peine», «flots chéris», «elle devait revoir», «seul»),commence par une invocation qui est une survivance de la rhétorique classique mais imprime un rythme oratoire.«Carrière» désigne, dans son sens classique, un terrain de course, et, en effet, il y a un an que les amants se sontséparés.

Le lac est personnifié par le poète qui s'adresse à lui en le tutoyant.

Cette pierre existe : elle constituemême ce qu'on appelle le Site Lamartine, près du Bourget.À la troisième strophe, la répétition d'«ainsi» n'est pas une maladresse : c'est une insistance sur le fait que le décorn'a pas changé, que le paysage a un caractère immuable, ce qui fait d'autant plus souffrir le poète dont le paysageintérieur n'est plus le même : heureux devant ce même lac, il est aujourd'hui malheureux.

Le lac «mugissais» : il estvu comme une sorte d'immense animal, le contraste étant alors d'autant plus fort avec cette amante idéale, cetêtre littéralement divinisé dont ne peuvent être évoqués que les «pieds» qui sont «adorés», qui ne reçoivent que del'écume, par quelque analogie avec les pieds de la Vierge Marie repoussant le serpent.

Elle n'est d'ailleurs évoquéejamais qu'avec une grande discrétion : «elle» (6), «la» (6 8), «ses pieds» (12), «la voix» (19).

On assiste, au vers10, à une union dramatique du lac et des rochesÀ la quatrième strophe commence le rappel d'un événement particulier, d'un moment particulièrement heureux qu'ontvécu les deux amants auquel, par le «t'en souvient-il?», forme impersonnelle, est sollicitée la participation du lac.. »

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