Devoir de Philosophie

etude linéaire Olympe de gouges: Postambule, de « Sous l’Ancien Régime… » à « …de l’administration publique. »

Publié le 27/08/2024

Extrait du document

« Séquence n° 4 : Olympe de GOUGES (1748-1793), Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791). Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle. Explication linéaire n° 3 : Olympe de GOUGES (1748-1793), Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), Postambule, de « Sous l’Ancien Régime… » à « …de l’administration publique.

» (pages 57-58, Éditions Flammarion, Collection Étonnants Classiques, 2021) : Un état des lieux peu glorieux. 5 10 15 20 […] Sous l’Ancien Régime, tout était vicieux, tout était coupable ; mais ne pourrait-on pas apercevoir l’amélioration des choses dans la substance même des vices ? Une femme n’avait besoin que d’être belle ou aimable ; quand elle possédait ces deux avantages, elle voyait cent fortunes à ses pieds.

Si elle n’en profitait pas, elle avait un caractère bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portait aux mépris des richesses ; alors elle n’était plus considérée que comme une mauvaise tête ; la plus indécente se faisait respecter avec de l’or ; le commerce des femmes était une espèce d’industrie1 reçue dans la première classe2, qui, désormais, n’aura plus de crédit3.

S’il en avait encore, la Révolution serait perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin à la fortune est fermé à la femme que l’homme achète, comme l’esclave sur les côtes d’Afrique ? La différence est grande ; on le sait.

L’esclave commande au maître ; mais si le maître lui donne la liberté sans récompense, et à un âge où l’esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunée4 ? Le jouet du mépris ; les portes mêmes de la bienfaisance lui sont fermées ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n’a-t-elle pas su faire fortune ? D’autres exemples encore plus touchants s’offrent à la raison.

Une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parents pour le suivre ; l’ingrat la laissera après quelques années, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance5 sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l’abandonnera de même.

S’il est riche, il se croira dispensé de partager sa fortune avec ses nobles victimes.

Si quelque engagement le lie à ses devoirs, il en violera la puissance en espérant tout des lois.

S’il est marié, tout autre engagement perd ses droits.

Quelles lois reste-t-il donc à faire pour extirper6 le vice jusque dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique7. Olympe de GOUGES (1748-1793), Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), Postambule, pages 57-58. 1.

industrie : ruse, manœuvre, activité douteuse. 2.

la première classe : la noblesse de cour. 3.

de crédit : d’influence. 4.

infortunée : malheureuse. 5.

son inconstance : son désir de changement, son infidélité. 6.

extirper : arracher. 7.

du partage des postes dans l’administration publique. Explication linéaire n° 3 : Un état des lieux peu glorieux Introduction : - Présentation de l’auteure : Marie Gouze est, sous le nom d’Olympe de Gouges, une femme de lettres, dramaturge, qui a écrit plus d’une trentaine de pièces de théâtre dont beaucoup sont perdues.

Prônant une monarchie constitutionnelle et s’opposant aux massacres de la Révolution, elle est guillotinée en 1793. - Présentation de l’œuvre : Olympe de Gouges est une autrice engagée dont les écrits reflètent ses nombreux combats pour l’égalité et la justice entre les êtres humains : elle défend la cause des femmes et des gens de couleur, plaide en faveur des faibles et des plus démunis.

Féministe avant tout, elle souhaite réhabiliter les femmes dans la société et leur octroyer une place légitime en tant que citoyenne.

Elle écrit La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) pour pallier les manquements de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789).

Dans ce texte, elle rappelle à l’Assemblée nationale la nécessité d’une réelle égalité entre les sexes pour permettre un gouvernement et une société équilibrés. - Présentation de l’extrait : Dans le Postambule (La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 n’en contient pas !), qui suit les articles de la Déclaration, Olympe de Gouges exhorte les femmes à sortir de leur aveuglement et à se battre pour leurs droits.

Elle a expliqué dans le paragraphe précédant notre extrait que « les femmes ont fait plus de mal que de bien » dans l’Histoire.

En effet, privées de droits et d’action politique, elles ont eu recours à la ruse pour jouer un rôle dans la société, notamment en s’appuyant sur leur pouvoir de séduction pour influencer les hommes. - Lecture. - Problématique : De quels moyens Olympe de Gouges se sert-elle pour dénoncer les rapports entre les femmes et les hommes ? - Structure du passage :  Premier mouvement : lignes 1 à 9, de « […] Sous l’Ancien Régime… » à « …corrompus.

» : Bilan du comportement coupable des femmes sous l’Ancien Régime.  Deuxième mouvement : lignes 10 à 20, de « cependant… » à « …perd ses droits.

» : Description de la condition des femmes à l’époque de l’auteure avec plusieurs exemples.  Troisième mouvement : lignes 20 à 22, de « Quelles lois… » à « …l’administration publique.

» : Proposition de solutions. I – Premier mouvement (lignes 1 à 9, de « […] Sous l’Ancien Régime… » à « …corrompus.

») : Bilan du comportement coupable des femmes sous l’Ancien Régime.  l.

1-2 : Olympe de Gouges commence par dresser un état des lieux peu glorieux. Dès la première phrase de l’extrait, l’autrice critique l’omniprésence des vices dans la société d’Ancien Régime. - Au début du passage, Olympe de Gouges donne une image dépréciative de l’Ancien Régime, dans la mesure où elle emploie les termes « vicieux » (l.

1) et « vices » (l.

2), qui sont relatifs aux défauts de ce mode de gouvernement, et où elle utilise aussi le terme « coupable » (l.

1).

Tous ces mots sont connotés négativement. - En outre, elle précise que rien n’est épargné par les travers de l’Ancien Régime, en répétant le pronom indéfini « tout » dans « tout était vicieux, tout était coupable » (l.

1).

Selon Olympe de Gouges, « tout était vicieux » sous l’Ancien Régime car les femmes n’avaient pas d’autre choix pour accéder à la fortune que de se servir de leurs charmes. - La première interrogation (« mais ne pourrait-on pas apercevoir l’amélioration des choses dans la substance même des vices ? ») a en réalité une portée argumentative : l’autrice utilise ici l’interrogation pour un acte de langage affirmatif.

Elle répond d’ailleurs elle-même à la question en apportant une solution, à la fin de l’extrait étudié.  l.

2 à 4 : Elle précise ensuite les qualités requises de la part d’une femme à l’époque. - Les qualités requises pour une femme étaient d’être « belle » et « aimable » (l.

3). La femme était uniquement considérée à travers ses atouts physiques et psychologiques dont elle pouvait, devait, tirer profit.

La femme est bien sous-estimée et non reconnue à sa juste valeur comme le souligne la négation restrictive « ne…que » (l.

2-3) dans « n’avait besoin que d’être ». On notera que dans ce passage, Olympe de Gouges ne parle pas forcément de prostitution, du moins tel qu’on l’entend aujourd’hui, mais plutôt de « femmes entretenues », de femmes entretenant des liaisons avec des amants riches et profitant de leur richesse comme l’indique la métaphore.  l.

4 à 9 : Si la femme ne se conforme pas à ce qu’on attend d’elle, elle est mal vue. - Le champ lexical de l’argent est dominant dans les premières lignes, avec les termes « fortunes » (l.

4), « richesses » (l.

5), « or » (l.

6) qui sont employés par Olympe de Gouges pour mettre en évidence le rapport particulier que la femme doit entretenir avec l’argent.

À l’époque il était de bon ton, pour une femme, de profiter de ses atouts physiques et psychologiques dans le but de se faire entretenir par un homme et ainsi se faire respecter.

Ce comportement était légitime à tel point que c’est ce qui était attendu.

Une femme qui n’agissait pas ainsi était alors mal vue puisqu’elle « n’était plus considérée que comme une mauvaise tête » (l.

5-6).

La négation restrictive souligne l’image négative de la femme. L’autrice précise bien que si la femme « n’en profitait pas elle avait un caractère bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portait aux mépris des richesses » (l.

4-5). - Olympe de Gouges souligne également l’idée que le respect envers une femme était proportionnel à sa relation avec les hommes et l’argent comme le montre l’emploi du superlatif : « la plus indécente se faisait respecter avec de l’or.

».... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles