Etude linéaire Le Prologue JUSTE LA FIN DU MONDE
Publié le 12/02/2022
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«
Etude linéaire
Le Prologue
JUSTE LA FIN DU MONDE est une pièce qui s’ouvre par un Prologue, une prise de parole que l’on
retrouve dans la tragédie antique.
Le lecteur est un peu décontenancé à sa lecture : les propos de
Louis sont confus voire ambigus.
Il s’agit d’un monologue qui met en scène non seulement une crise
personnelle et familiale mais aussi une crise de la communication.
Constitué d’une seule phrase, il
est écrit sous la forme de versets ; des répétitions, des variations, des corrections se font entendre.
Il
serait alors opportun de se demander en quoi ce Prologue aux caractéristiques à la fois
traditionnelles et modernes nous annonce une intrigue à la fois moderne et classique.
Nous
procéderons à une analyse linéaire du texte qui suivra les trois principaux mouvements du texte :
Tout d’abord, Louis annonce sa mort prochaine, ensuite sa décision de retourner dans sa famille pour
l’annoncer et enfin sa volonté d’être son propre « maître ».
1.
Le premier mouvement : Louis annonce de la ligne 1 à 21 sa mort prochaine
Plus tard, l’année d’après
La phrase commence par deux compléments circonstanciels « plus tard », « l’année d’après » qui
annoncent, comme s’il s’agissait d’une prophétie, un fait qui se produira dans l’avenir.
j’allais mourir
Dès la deuxième ligne, Louis annonce sa propre mort de façon particulièrement étrange puisqu’il
s’agit d’une indication entre tirets, comme s’il s’agissait d’une parenthèse, alors qu’il s’agit d’un
événement tragique.
J’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai,
Louis annonce de nouveau sa mort mais de façon différente : il s’exprime au présent de
l’énonciation, ce qui ancre le propos au moment où il parle « maintenant » et cette fois sa mort n’est
pas encore arrivée, comme le montre l’emploi du futur « je mourrai ».
Nous retrouvons des caractéristiques de la tragédie traditionnelle avec la mort annoncée du
personnage tragique mais le nouveau repère temporel complexifie la temporalité.
l’année d’après
Le vers de quatre syllabes fait écho au premier vers, comme s’il s’agissait d’un retour au point de
départ.
Le texte prend alors une allure poétique, avec cette épanalepse qui reviendra comme un
leitmotiv tout au long de ce monologue.
Le propos a du mal à se construire, il se répète.
De nombreux mois que j’attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, de nombreux mois que
j’attendais d’en avoir fini
Ces lignes constituent deux versets définis par la répétition du complément circonstanciel : « de
nombreux mois ».
Ces deux versets rappellent une attente, avec la répétition de « j’attendais » à
l’imparfait de durée.
Il s’agit de l’attente de la mort, comme le laisse transparaître l’euphémisme :
« en avoir fini ».
Cette attente est constituée de différents moments qui se superposent comme en
témoigne la succession de juxtapositions : « à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir ».
Le néant
entraperçu est visible dans l’emploi systématique des négations..
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