étude linéaire de la fin des vrilles de la vigne
Publié le 12/12/2024
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«
Exemple d’étude linéaire rédigée sur la nouvelle d’ouverture du recueil les Vrilles de la Vigne (1908)
➢
Introduction (rappel - 3 alinéas – contextualisation de l’oeuvre en général – situation et genre du texte / problématisation – annonce du plan) :
Les Vrilles de la Vigne qui ouvre le recueil d’une vingtaines de chroniques, fables, contes animaliers ou anecdotes composés entre 1905 et 1907, et parus dans la revue de la
vie parisienne assez libertine, a été écrite à un moment charrnière où Colette se sépare de son mari Henry Gauthier-Villars, surnommé « Willy ».
C’est le premier ouvrage après
la série des Claudines qu’elle conçoit sans le contrôle de son époux et qui constituera une premier recueil complet de ses premiers textes indépendants édité en 1908.
Cette première nouvelle du recueil prend la forme d'un conte explicatif ou étiologique (récit symbolique expliquant une fait naturel) qui raconte pourquoi le rossignol chante la
nuit et il comporte une dimension métaphorique car il établit un parallèle entre l'oiseau et la narratrice double de Colette , ce qui peut nous amener à nous poser la question
suivante : Comment recourt-elle au conte pour suggérer son émancipation à travers le chant littéraire ?
Nous y répondrons par l’étude des deux mouvements principaux de cette nouvelle symbolique : la première étape correspond aux étapes d’une conte explicatif ou étiologique
sur les origines du chant nocturne du rossignol, et la seconde consiste en l’appropriation progressive de ce chant par la narratrice pour figurer son désir de liberté et de création.
➢ Le premier mouvement déroule un conte étiologique et lyrique sur les origines du chant du rossignol (1.
1-16)
* D’abord, le récit s’ouvre sur une situation initiale idéalisée : l’existence originelle paisible et paradisiaque de l’oiseau (l.
1-5).
Ainsi, l’univers du conte est marquée
par l’adverbe « autrefois » qui place le récit dans un passé indéterminé et lointain et par l'emploi de l'imparfait pour décrire un état révolu et qui s'exprime par une phrase de
forme négative : « ne chantait pas la nuit.
».
L’'article défini « le rossignol » lui donne une valeur générique, et en fait l’oiseau originel, d’ailleurs, le déploiement de son chant
(« voix ») symbolise sa liberté au coeur de la nature, auprès de ses congénères, et la litote élogieuse « gentil filet de voix », de même que le groupe nominal avec l’hypallage
« éveil effarouché » mêle une certaine adresse sonore à une fragilité de l’oiseau, le rapprochant d’une jeune fille.
La saison du « printemps » peut aussi évoquer la jeunesse du
rossignol mais celle aussi de l'auteur avant son mariage.
D’ailleurs, un tableau bucolique décrit sa vie heureuse, rythmée entre un jour radieux et une nuit pasisible, à travers les
antithèses : « Il se levait /Il se couchait.
».
L’insouciance de l’oiseau est enfin marquée par les adverbes et CCT/CCL « n’importe où, souvent dans les vignes...
» et par la
négation restrictive :« ne faisait qu’un somme jusqu’au lendemain », suggérant son excès de confiance, voir son imprudence.
* Puis l'élément perturbateur vient rompre ce bonheur naturel (l.6-9) : l’expansion de la vigne piège l’oiseau et entrave sa liberté .
Les circonstances précises de cette
perturbation sont ainsi annoncées par le CCT avec article indéfini « une nuit » et par la description à l’imparfait (« dormait debout sur un jeune sarment ») de l’oiseau endormi
alors impuissant, figurée comme une jeune proie facile, d’après les appositions (« le jabot en boule et la tête inclinée), et l’oxymore sugérant une gêne : comme avec un gracieux
torticolis ».
A ce tableau de quiétude innocente s’oppose celui plus maléfique de la métamorphose du « jeune sarment » en « cornes de la vigne », métaphore évoquant peut-être le
diable.
D’ailleurs, l’emprise s’amplifie peu à peu par l’apposition évoquant le titre du conte (« ces vrilles cassantes et tenaces ») et la subordonnée relative suggérant repulsion et
attraction : « dont l’acidité d’oseille fraîche irrite et désaltère ».
La croissance merveilleuse de la vigne qui piège l’oiseau est enfin marquée par l’emploi du passé simple et le
CCT précis (« poussèrent si dru, cette nuit-là ») ainsi que par la subordonnée de conséquence : « que le rossignol s’éveilla ligoté ».
L’emprisonnement de la victime est encore
intensifié par l’énumération d’appositions aux sonorités bruissantes : « les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes … ».
L’oiseau est ainsi privé de toute liberté.
* Après les péripéties, le dénouement est néanmoins heureux : le chant nocturne du rossignol lui permettra de rester libre (l.10-16) .
L’épreuve subie par l’oiseau est en
effet intensifiée par l’énumération verbale : « Il crut mourir, se débattit » puis sa victoire est mise en valeur par la négation restrictive et l’hyperbole : « ne s’évada qu’au prix de
mille peines ».
A partir de cette lutte d’une nuit, nous assistons à une réaction salutaire et prolongée du rossignol, marquée par l’insistance des CCT (groupe nominal et
subordonnée) et le verbe de résolution : « de tout le printemps se jura de ne plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.
» Il répète alors ce principe et fait de son
chant une mélodie hypnotique et circulaire pour survivre, comme le suggèrent l’anaphore : « Tant que la vigne pousse » et l’emploi du futur, le personnifiant davantage encore
dans sa volonté absolue : « Je ne dormirai plus ! » Ce chant nocturne prend alors une tonalité humaine lyrique unique et plus intense encore, comme l’expriment la gradation
verbale : « Il varia son thème, l’enguirlanda de vocalises, s’éprit de sa voix » et adjectivale « ce chanteur éperdu, enivré et haletant ».
La personnification est si entière qu’il finit
donc par se fasciner lui-même comme ses ses auditeurs, dont la narratrice d’après la subordonnée relative : « qu’on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter.
».
➢ Dès lors, le second mouvement consiste en l’intériorisation de ce chant par la narratrice en quête de liberté (l.
17-36)
* En premier lieu, La narratrice s’introduit dans son récit en amplifiant sa perception personnelle du chant du rossignol (l.17-22) .
En effet, le passage à la 1ère
personne et au passé composé actualise le conte dans le passé plus récent et réel de la jeune femme : « J’ai vu chanter un rossignol sous la lune… ».
Elle se présente comme une
auditrice privilégiée écoutant l’oiseau à son insu, d’après la subordonnée relative : « et qui ne se savait pas épié.
».
Elle décrit ensuie les différentes variations de son chant à
travers une énumération figurant différentes phases d’une création musicale dont il aurait conscience : « Il s’interrompt parfois […] comme pour écouter en lui le prolongement
d’une note éteinte… Puis il reprend de toute sa force...
».
La narratrice amplifie encore la personnification de l’oiseau par les CC de manière : « la gorge renversée, avec un air
d’amoureux désespoir.
».
Elle l’assimile ainsi à un artiste désintéressé et habité par la beauté de l’art, comme le montre le polyptote ou la tautologie : « Il chante pour chanter ».
Mais le rossignol actuel ne connaît plus le sens originel d’une mélodie, en opposition à la narratrice qui en restitue alors la gradation sonore mimant une lutte pour la liberté :
«....
»
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