ÉTUDE LINÉAIRE 5 : G. Flaubert, Madame Bovary, Chapitre VIII, 2ème partie
Publié le 06/02/2022
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ÉTUDE LINÉAIRE 5 : G.
Flaubert, Madame Bovary, Chapitre VIII, 2ème partie
(L’extrait à analyser est en gras)
« Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière, pour cinquante-quatre ans de
service dans la même ferme, une médaille d’argent – du prix de vingt-cinq francs ! ».
« Où est-elle, Catherine Leroux ? » répéta le Conseiller.
Elle ne se présentait pas, et l’on
entendait des voix qui chuchotaient :
– Vas-y !
– Non.
– À gauche !
– N’aie pas peur !
– Ah ! qu’elle est bête !
– Enfin y est-elle ? s’écria Tuvache.
– Oui !...
la voilà !
– Qu’elle approche donc !
Alors on vit s’avancer sur l’estrade une petite vieille femme de maintien craintif,
et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements.
Elle avait aux pieds de grosses
galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu.
Son visage maigre,
entouré d’un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu’une pomme de reinette
flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à
articulations noueuses.
La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des
laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu’elles semblaient sales
quoiqu’elles fussent rincées d’eau claire ; et, à force d’avoir servi, elles restaient
entrouvertes, comme pour présenter d’elles-mêmes l’humble témoignage de tant de
souffrances subies.
Quelque chose d’une rigidité monacale relevait l’expression de sa
figure.
Rien de triste ou d’attendri n’amollissait ce regard pâle.
Dans la fréquentation
des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité.
C’était la première fois
qu’elle se voyait au milieu d’une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement
effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la
croix d’honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s’il fallait
s’avancer ou s’enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui
souriaient.
Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude.
Introduction
Présentation
– l'auteur dans son siècle : après la domination du Romantisme dans la première moitié
du XIXème siècle, certains auteurs éprouvent le besoin de réagir contre le «
sentimentalisme » attribué à ce mouvement.
Ainsi naît le Réalisme, mouvement
culturel qui a pour objectif de dépeindre fidèlement la réalité en excluant toute forme
d’idéalisation.
– L'œuvre : avec les Réalistes, le peuple entre dans la littérature ; ainsi paraît Madame
Bovary, en 1857, roman de Gustave Flaubert qui met en scène une jeune héroïne
déçue de sa vie provinciale.
Cette œuvre fut jugée scandaleuse à son époque et son
auteur essuya un procès pour « offenses à la morale publique et à la religion ».
– l'extrait étudié : au chapitre VIII de la 2ème partie, au cours d’un rassemblement
d’agriculteurs et de propriétaires terriens, Catherine Leroux, une vieille femme, est
récompensée pour avoir passé 54 années de service dans la même ferme ; le narrateur.
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