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Etude Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire

Publié le 02/05/2013

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LES FLEURS DU MAL. Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), publié à Paris chez Poulet-Malassis et de Broise en 1857. Une «Seconde édition augmentée de trente-cinq poèmes nouveaux« est publiée chez les mêmes éditeurs en 1861, et l'édition définitive chez Michel Lévy en 1868. Le recueil fut l'objet d'un procès en août 1857 pour «offense à la morale religieuse« ainsi qu'à «la morale publique et aux bonnes m?urs«. Baudelaire fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes - qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans les Épaves (Bruxelles, Poulet-Malassis, 1866). Cette ?uvre majeure fut lentement mûrie par le poète qui, dès 1840, parle de ses «Fleurs singulières«. Baudelaire avait fait plusieurs fois annoncer dans des revues la parution de son recueil sous les titres suivants: les Lesbiennes puis les Limbes. Synopsis Après une dédicace au «maître et ami« Théophile Gautier, le «poète impeccable«, le recueil, contenant des textes de formes et de longueurs diverses, s'ouvre sur un poème intitulé "Au lecteur": cette préface, long réquisitoire dressé contre le monde contemporain dont elle énumère les vices, s'achève sur la nomination du «plus laid, plus méchant, plus immonde« de tous, l'Ennui. La première section, intitulée «Spleen et Idéal«, est de loin la plus fournie (quatre-vingt-cinq poèmes): les textes, de manière interne ou dans les rapports instaurés avec les poèmes voisins, reflètent la dualité posée dans le titre. La section suivante, «Tableaux parisiens«, n'apparaît qu'à partir de l'édition de 1861 et contient dix-huit poèmes: la «fourmillante cité, cité pleine de rêves« ("les Sept Vieillards"), fascinante dans sa beauté et son horreur, invite à de multiples parcours, tant réels qu'oniriques. Réunis sous le titre «le Vin«, cinq poèmes célèbrent ensuite la magie de l'ivresse, dispensatrice d'une liberté sans limites. Le titre de la quatrième section reprend celui du recueil; les neuf textes qui la composent sont placés sous le signe d'un érotisme pervers et morbide. Vient ensuite un ensemble de trois poèmes blasphématoires intitulé «Révolte«. La section «la Mort« (six poèmes) constitue l'étape ultime de ce parcours poétique. Critique Dans les notes rédigées pour son avocat, Baudelaire insiste sur le fait que «le livre doit être jugé dans son ensemble«. La construction du recueil, «ce parfait ensemble«, est en effet complexe car elle offre la possibilité de plusieurs parcours de lecture. Le plus simple et évident est un parcours linéaire qui confère à l'?u...

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« Possédé”, “Obsession”, “le Goût du néant”, “Alchimie de la douleur”, etc.).

Le cheminement de cette première section obéit donc à une progression tragique — là encore, certains titres sont éloquents: “l’Irréparable”, “l’Irrémédiable”.

À l’image de l’ensemble du recueil, elle se termine par la mort: «Meurs, vieux lâche! il est trop tard!» (“l’Horloge”). L’expérience urbaine des «Tableaux parisiens» semble alors offrir la possibilité d’échapper à l’enfermement solitaire du spleen.

Toutefois, elle instaure surtout une fraternité douloureuse avec la misère des exclus: «une mendiante», «sept vieillards», «les petites vieilles», «les aveugles».

De plus, la ville approfondit encore l’isolement car la multiplicité des rencontres qu’elle promet n’est qu’un mirage.

L’idéal amoureux, un instant aperçu dans “À une passante”, s’efface aussitôt: «Un éclair...

puis la nuit!» La ville est donc magique et fascinante car elle dispense des scènes variées, inattendues, propices au déploiement des rêves et des visions du poète «architecte de [ses] féeries» (“Rêve parisien”) mais elle est aussi cruellement trompeuse.

L’ivresse du vin puis des sens et la révolte (dans les sections suivantes) constituent de nouvelles tentatives pour conjurer la souffrance, mais seule la mort apporte finalement la véritable évasion.

Le dernier poème qui lui est consacré, “le Voyage”, en donne une image euphorique, en fait la vraie promesse: elle est départ «au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau». Cette linéarité narrative oriente le recueil, mais n’en épuise pas la polysémie.

Car la poésie baudelairienne manie les contraires dans la simultanéité plutôt que dans la succession.

Ainsi, la femme ange, rédemptrice idéale, et la «femme impure», démoniaque «reine des péchés», sont les deux faces d’un unique imaginaire, les deux pôles d’un univers poétique placé sous le signe de la «réversibilité» (c’est là le titre d’un poème).

Vénérée et insultée, bienfaitrice et destructrice, la femme est tout cela en même temps.

Ainsi, les “Femmes damnées” éveillent la compassion et la reconnaissance fraternelle: «Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains.» À l’inverse, la sainte «Madone» fait l’objet d’une prière idolâtre qui se termine par une agression sanglante et profanatrice: «des sept Péchés capitaux, / Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux [...] / Je les planterai dans ton Cœur pantelant, / Dans ton Cœur sanglotant, dans ton Cœur ruisselant!» (“À une Madone”).

Les références biographiques, qui mettent des noms précis sous telle ou telle figure, sont éminemment réductrices car cette poésie refuse la transparence et l’épanchement d’un lyrisme personnel hérité d’un romantisme qui a précédé Baudelaire et dont il veut à tout prix se démarquer. Ainsi la souffrance, si présente dans les Fleurs du mal, est indépendante des circonstances anecdotiques.

Elle est, répétons-le, inhérente à une lucidité poétique qui la subit tout autant qu’elle la crée, comme pour mieux la contempler: «Je suis la plaie et le couteau! [...] Et la victime et le bourreau!» (“l’Héautontimorouménos”).

Le regard du poète, inséparable de la «vorace Ironie», débusque la dérision sous l’idéal et l’aspiration à l’absolu contenue dans toute misère, unissant ainsi la plus vibrante sensibilité au plus froid cynisme.

En dépit de ce que l’on a pu parfois dire ou écrire à ce sujet, la conscience malheureuse qui domine les Fleurs du mal est dépourvue de complaisance: elle s’exhibe orgueilleusement mais sans effusion.

Certes le poète peut dresser de sa destinée un tableau tragique: “l’Albatros” nous le montre par exemple voué à une pitoyable infirmité, martyrisé par la foule, «Exilé sur le sol au milieu des. »

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