Etude d'un corpus d'incipits romanesques
Publié le 13/02/2013
Extrait du document
«
nous rend proche de lui.
Le personnage de Butor est un inconnu, un « vous » énigmatique, un protagoniste
anonyme qui apparait surtout comme un corps.
Sans en faire directement le portrait, Butor nous donne
cependant des informations sur lui : c'est un homme habitué à voyager, âgé de quarante cinq ans, père de
famille et partagé entre deux femmes, Henriette et Cécile.
Chacun des personnages de ces ouvertures de roman
est placé dans un cadre spatio-temporel réaliste donné avec plus ou moins de précisions.
Il s'agit de la cour de
France sous le règne d'Henri Second pour Madame de la Fayette, des villes d'Aix et de Digne dans le sud de la
France en 1815 pour Victor Hugo et du 21 mars 1927 à minuit et demi dans une chambre d'une ville tropicale
pour Malraux. La précision des dates et des lieux ancre ces récits dans la réalité historique et leur donne plus
d'authenticité.
1815 correspond en effet à la transition entre l'Empire et la Restauration et le 21 mars 1927 au
début de l'insurrection de Shanghai.
Dans Jacques le Fataliste il n'y a aucun indice spatial : « le lieu le plus
prochain » (l 3), ni de cadre temporel et le lecteur peut supposer qu'il est celui de l'époque de l'oeuvre.
Enfin
dans l'incipit de la Modification, le cadre spatio-temporel est très imprécis : à une heure « matinale » (l 12), dans
un train évoqué par le « panneau coulissant » du premier paragraphe.
Dans ces incipit les points de départ des
intrigues sont également donnés.
Madame de la Fayette y décrit la cour d'Henri second, les personnages qui y
évoluent, les divertissements qui s'y pratiquent.
Dans Jacques le Fataliste l'auteur introduit une conversation
entre deux personnages, Jacques et son maitre et entre le narrateur et le lecteur.
Dans les Misérables, le lecteur
découvre la vie de l'évêque de Digne avant et après la Révolution de 1789, ainsi que les conséquences
tragiques de cet événement historique sur la vie de ce personnage.
Dans l'incipit de la condition humaine
l'entrée « in medias res » plonge le lecteur au coeur de l'action et du drame par l'intermédiaire d'une double
question : « tenterait-il », frapperait-il » (l 1).
Le héros est en proie à des interrogations devant l'action à
accomplir : un meurtre.
La situation initiale de la modification est le départ en voyage en train du personnage.
Ce héros est fatigué, inquiet du vieillissement qu'il ressent, et peine à se réveiller.
Ainsi ces ouvertures de
romans répondent-ils bien aux fonctions informatives traditionnelles de l'incipit.
La fonction primordiale d'un début de roman est d'établir la communication : le texte cherche à séduire le
lecteur afin de lui donner le désir de poursuivre sa lecture tout en témoignant d'une certaine conception quant à
la manière de raconter l'histoire.
Pour produire l'intérêt romanesque, l'écrivain dispose de multiples ressources..
»
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