Etude du Rasoir de Shiga Naoya
Publié le 09/03/2014
Extrait du document
«
naturellement en tant que tel qu'il se comporte, aussi bien envers ses employés que sa femme.
Écrit en 1913,
Le Rasoir, semble imprégné de l'idéologie de l'Ie, unité de base de la loi japonaise de l'époque qui consiste en
un modèle familial élargi soumis à l'autorité indéfectible d'un chef, représentée ici par la figure de Yoshisaburô.
Aux premiers abords, avenant, ce dernier semble veiller sur ses apprentis comme sur ses propres enfants, la
preuve en est avec le récit sur ses deux anciens employés : Gen et Jita.
La réapparition de Gen après deux ans
d'absence semble s'apparenter au retour du fils prodigue où, Yoshisaburô, en lui redonnant du travail, joue le
rôle du père magnanime.
Quant à Jita, c'est le barbier « apitoyé » nous dit-on, qui essayera jusqu'au bout de le
remettre sur le droit chemin, non sans avoir fait preuve d'indulgence suite à des vols répétés.
En ce qui concerne son épouse, sa relation avec elle est toute autre : O-Umé semble totalement dévouée à son
mari.
Docile et attentionnée, elle ne cherche pas vraiment à aller à l'encontre de ses décisions quand bien
même il n'est pas en état de travailler correctement.
Dans cette relation matrimoniale, Yoshisaburô est
l'archétype de l'homme autoritaire qui dirige toute la maisonnée d'une main de fer.
Sûr de ses compétences, il
ne daigne même pas faire attention à O-Umé qui lui conseille de déléguer à un apprenti la commande d'un
client. L'apparition du fameux rasoir en tant que symbole d'autorité va dévoiler une autre facette des relations
entretenues par le barbier avec les autres personnages. Cet élément extrêmement signifiant au récit va mettre
en place la mécanique d'une tension toujours plus grandissante portée par les symptômes d'une maladie
toujours plus contraignante.
À n'en point douter, le personnage principal est un perfectionniste dans l'âme.
Fier de ses compétences, il ne
veut absolument pas confier l'affutage du rasoir d'un fidèle client à un simple employé.
Le regard critique et le
peu d'estime que possède Yoshisaburô vis-à-vis de ses deux apprentis, Kin et Kanéjirô, ne sont d'ailleurs sans
doute pas étrangers à cette décision.
Dès le début de la nouvelle, on insiste sur les maigres qualités de ses
nouveaux employés.
Le narrateur, dont on sent qu'il est proche de la réflexion du barbier malgré son statut
extra-hétéro-diégétique, parle d'un garçon « à la figure blême, étonnamment dépourvu d'énergie » et d'un autre
« au crâne effroyablement dolichocéphale » (p106).
Ici, c'est donc l'image d'un Yoshisaburô critique et
intransigeant qui est mis en avant. Il se refuse à la médiocrité au sein de son travail et exige toujours le
meilleur de lui-même avec chaque client. Mais tour à tour accablé par la maladie, son travail, le manque de.
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