Etude comparative de L'école de mères de MARIVAUX et L'école des femmes de MOLIERE
Publié le 23/12/2012
Extrait du document

Les deux protagonistes font preuve d’un courage unique et très pure, motivé par la passion
amoureuse – celle d’Agnès pour Horace et d’Angélique pour Heraste - . Le fait de rester longtemps à
l’écart de l’Amour et voire de l’ignorer représentait un atout majeur. Cette même mise
à l’écart est elle-même la clé de la découverte de la flamme amoureuse dans son état pur à tel point
qu’elles revendiquent leur libre choix.
Nous assistons donc à la victoire de l’Amour au détriment des jougs d’une éducation dogmatique et
despote. Les deux pièces font l’éloge de l’Amour, Marivaux le confirme dans la citation suivante : «J'ai
guetté dans le coeur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l'amour lorsqu'il craint de se
montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d'une de ses niches.«.
L’esthétique
Si L’école des femmes était écrite en plusieurs actes et sous une forme versifiée tout en étant en
conformité avec les règles de la versification de Classicisme, L’école des mères quant à elle, représentait
un tournant dans la dramaturgie classique, dans la mesure où elle est écrite en prose et en un seul
acte. Et si Molière avait juxtaposé comique et tragique dans la critique de sa société, Marivaux, de son
côté, optait pour un style plutôt simple pour peindre les sentiments de la sienne.

«
heureuse loin du risque du cocuage – très en vogue à l’époque – il le confirme dans les vers suivants :
Epouser une sotte est pour n’être point sot
Je vois, en bon chrétien, votre moitié sage
Mais une femme habile est un mauvais présage
(Acte I Scène I du vers 82 au vers 84)
Mais habile qu’il soit, « Arnolphe » n’échappera pas au feu de l’Amour d’une femme, car tout en
faisant preuve d’un Amour propre fulgurant, il dévoile un Amour fou pour « Agnès », en filigrane ; et entre
son Amour propre et son Amour pour « Agnès » naquit le caractère tragique du personnage
d’ « Arnolphe », qui finit par céder au triomphe de l’Amour, celui unissant sa prétendue et son amant
Horace.
• Argante / Angélique
Si nous avons assisté à un despotisme sans merci, de la part d’ « Arnolphe » envers « Agnès »,
motivé par l’égoïsme, le cas d’ « Angélique », souffrant de l’autorité de sa mère est différent.
Cependant
le principe de l’éducation isolée et écartée demeure le même.
Mais l’autoritarisme maternel de « Mme
Argante » est plutôt motivé par l’affection, un instinct protecteur poussé à l’excès pour devenir une cage
emprisonnant la jeune fille et lui ôtant sa liberté du choix de son époux.
Par ailleurs, il est à noter que sur le plan idéologique et comportemental, les personnages
d’ « Arnolphe » et de « Mme Argante » sont du même côté.
En d’autre terme leur conduite
oppressante et autoritaire visant à garder les deux jeunes filles dans l’ignorance et la soumission sont
presque identiques vu l’éducation assignée aux deux demoiselles caractérisée par l’obscurantisme en
vue d’éviter un éventuel acte de cocuage ou d’infidélité.
Dans ce sens, « Mme Argante » voulait que sa
fille épouse « Damis », un autre vieillard à l’image d’ « Arnolphe » pour épargner à sa fille les souffrances
que peut lui causer un jeune mari.
Donc rappelons que si les procédures et les fins sont les même pour « Arnolphe » et « Mme
Argante » mais les motivations diffèrent car si le tuteur agit par égoïsme, la mère, elle, agit par Amour et
par affection.
Ceci est très manifeste dans les deux répliques suivantes :
Arnolphe : En un mot, qu’elle soit d’une ignorance extrême ;
Et c’est assez pour elle, à vous bien parler,
De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filet.
(Acte I Scène I du vers 100 au vers 102)
Dans cette citation, « Arnolphe » résume l’image de la femme aux yeux de l’homme du XVIIème
siècle.
Une femme prisonnière dans un monde tridimensionnel, formé de trois concepts : Dieu, Mari,
Foyer.
Argante : oui, une fille dissipée, élevée dans un monde coquet, qui a plus parler d’amour que de
vertu… ; mais une fille retirée, qui vit sous les yeux de sa mère, et dont rien n’a gâté ni le cœur ni.
»
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