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Éternel masculin, éternel féminin. Jean Rostand, L'homme

Publié le 24/02/2011

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Que faut-il penser des différences psychologiques, intellectuelles ou affectives entre les deux sexes ? Un fait tout d'abord s'impose, à savoir que la différenciation biologique des sexes n'introduit entre eux aucune vraie inégalité d'intelligence. Le quotient intellectuel n'est pas, en moyenne, plus élevé chez les garçons que chez les filles. Et surtout, il suffit qu'il y ait quelques femmes de génie, une Madame Curie ou une Madame de Noailles, pour qu'on ne puisse accuser les hormones féminines de faire obstacle à l'épanouissement des plus hautes qualités spirituelles. Mais, à défaut d'inégalité, n'y a-t-il pas des différences caractéristiques dans les tendances intellectuelles des deux  sexes ? On a dit que l'homme était plus créateur, plus constructeur, plus apte aux études scientifiques ; la femme, plus intuitive, plus artiste. On a remarqué que le sexe féminin n'a jamais produit de grand philosophe ni de grand musicien. On a supposé que les modalités de l'instinct sexuel pouvaient donner à l'intelligence masculine plus de vigueur, d'activité, de pénétration ; à l'intelligence féminine, plus de souplesse, de réceptivité.

Davantage encore, dans le domaine du caractère, on a voulu marquer des différences entre l'homme, plus agressif, plus orgueilleux, plus nomade, et la femme, plus timide, plus coquette, plus sensible, etc. Mais, dans tout cela, quoi d'inné et quoi d'acquis ? Quoi d'héréditaire, et quoi de circonstanciel? Lorsque nous parlons de l'homme et de la femme, il ne faut jamais oublier que nous comparons, non pas deux types naturels et biologiques, mais deux types artificiels et sociaux, dont la divergence relève certainement en partie de facteurs éducatifs. Education familiale et scolaire, relations avec les parents et avec les étrangers, habillement, coiffure, jeux, suggestion collective, tradition affective ou culturelle : tout diffère pour le petit garçon et pour la petite fille. Us ne respirent pas la même atmosphère, ils n'habitent pas le même univers. Ne doutons pas que l'âme ne se ressente de la longueur des cheveux, de la coupe des vêtements, du symbolisme des jouets... Toute la société est là, qui, dès la naissance, pèse insidieusement sur l'individu, pour le modeler conformément à un certain idéal conventionnel. L'éternel masculin et l'éternel féminin sont, pour une large part, l'œuvre des contingences sociales, et rien n'est plus malaisé que de démêler, dans l'empreinte sexuelle, ce qui appartient en propre à l'animal masculin et à l'animal féminin. Qu'il y ait une certaine dissemblance innée de l'affectivité en rapport avec les différences d'instinct sexuel, cela est des plus probables, mais cette dissemblance, en tout cas, est considérablement renforcée, tant par la répercussion psychique des différences structurales que par toutes les circonstances de l'éducation. En fin de compte, les poupées et les soldats de plomb n'auraient-ils pas presque autant de responsabilité que les hormones dans la différenciation psychique de l'homme et de la femme? Jean Rostand, L'homme. QUESTIONS 1) Résumez ce texte en une dizaine de lignes.2) Expliquez les mots et expressions suivants : — inné et... acquis. — symbolisme des jouets. — insidieusement. 3} Vous essaierez de montrer par des exemples précis comment la divergence de comportement entre homme et femme

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« formation contribue à distinguer garçons et filles.

Il est bien difficile alors de percevoir ce qui revient à la nature.Des dissemblances existent, certes, mais accentuées par le social.

L'éducation ne joue-t-elle pas un rôle aussiimportant que la sexualité ? VOCABULAIRE Inné...

et acquis.

Si le sens des mots était connu, aucun problème.

Dans le cas contraire, le contexte fournissaitdes indications précieuses : le paragraphe fonctionnait en effet sur une série d'oppositions : inné, héréditaire, typesnaturels et biologiques, d'une part ; acquis, circonstanciel, types artificiels et sociaux, d'autre part. Il était clair alors que «inné» renvoyait à ce que l'individu apporte dès la naissance, alors que « acquis » désignaitce qui est apporté par l'éducation, la fonction sociale, l'apprentissage.

Symbolisme des jouets.

Les jouets sont d'abord des objets destinés à distraire, délasser et parfois éduquer defaçon agréable.

Mais ils ne se limitent pas à eux-mêmes.

Ils sont l'image d'une notion, ils renvoient à autre chose.En ce sens les armes, les voitures renvoient à l'idéal masculin, technique et actif.

Les poupées correspondent à«l'idéal féminin», tendre et maternel. Remarque : dans une explication, il faut éviter d'utiliser le mot « symbole » comme simple explication du symbolisme ! Insidieusement.

L'adverbe souligne la façon dont la société influence l'individu.

Sans que celui-ci s'en rendecompte, d'une manière perçue comme sournoise puisqu'elle emploie le chemin détourné du symbole, l'éducationfaçonne l'individu. DEVOIR Ce qu'il fallait éviter : — Suivre l'ordre chronologique, de la naissance à l'âge adulte. — Ne parler que des différences sans relever les causes éducatives. — Schématiser sans tenir compte des évolutions récentes. Ce qui était souhaitable : — S'appuyer sur des exemples littéraires.

Ils valorisent toujours une copie. — Comprendre que le sujet invitait à nuancer ses affirmations grâce à l'emploi de «en partie».

Comme dans le textede Rostand, il était vain de nier les différences biologiques. Plan: Le plan pouvait s'organiser de la façon suivante : — Première partie Les divergences de comportement : plaire/séduire ; se dévouer/ dominer ; défendre/conquérir. — Deuxième partie Les facteurs éducatifs : le rôle des parents ; le rôle de l'école. — Troisième partie Remise en cause des divergences : évolution récente.

N'existe-t-il pas d'autres facteurs ? culturels ? politiques ?sociaux ? CITATIONS « La femme se connaît et se choisit non en tant qu'elle pour soi, mais telle que l'homme la définit.

» Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. «Les femmes ont d'ordinaire l'esprit encore plus faible et plus envieux que les hommes ; aussi n'est-il point à proposde les engager dans les études dont elles pourraient s'entêter.

» Fénelon, L 'Éducation des filles. LECTURES. »

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