« Et l'homme dépend aussi des autres hommes. » Explication et discussion de cette phrase lapidaire de Jean HAMBURGER.
Publié le 03/02/2011
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Introduction. • Comment les nouvelles générations doivent-elles aborder l'avenir? • Les générations qui suivent la guerre 1940/1945 et correspondent à la montée délirante de société de consommation et développement particulièrement fort d'économie mondiale et d'augmentation du niveau de vie dans nos sociétés occidentales ne sont-elles pas devenues très individualistes et fort égoïstes? • L'échec de certains collectivismes ne va-t-il pas ancrer l'homme dans cette négative attitude morale? • Ou bien, au contraire, les prises de conscience dues à la crise, la mutation qui conduit à une autre civilisation, devinée mais non encore réellement perçue, au lieu d'exacerber les peurs, ne vont-elles pas pousser l'être humain à se rendre compte qu'il est un être collectif et que seul le sens de la collectivité peut redonner à la condition de l'homme une dimension optimiste?
«
- de méchanceté contre les faibles.
Cruauté des masses.
Cf.
lynchages.
- attitude grégaire.
Les êtres qui constituent une foule se sentent protégés par leur anonymat et se laissent allervolontiers impunément à leur instinct de violence.
Tel est doux chez lui qui commettra des exactions au milieu de lafoule.
- excitation d'ailleurs simplement d'être en foule : phénomène du grégarisme.D'où désir de sauvegarder valeurs individuelles,
- pour être libre : « ce grand malheur de ne pouvoir être seul ! » (Ch.
Baudelaire) ;
- pour être à soi : celui qui ne parvient pas à supporter d'être seul, n'est-ce pas parce qu'il s'étourdit pour se fuirlui-même? n'est-ce pas compromission, paresse d'esprit, laisser-aller que de se noyer dans la multitude?
- tranquillité et meilleures conditions accordées à réflexion, méditation, fécondité du silence, écho interne et notreêtre, rêve, rêverie, et même existentielle - cf.
« promeneur solitaire », J.-J.
Rousseau écrit dans la 3e Lettre à M.
deMalesherbes : «J'allais [...] chercher [...] quelque asile où je pusse croire avoir pénétré le premier et où nul tiersimportun ne vînt s'interposer entre la nature et moi » ;
- possibilité de fuir ce «divertissement» dont s'étourdissent les hommes pour éviter de penser.
«...
Avant une heure[...] je partais par le grand soleil, pressant le pas dans la crainte que quelqu'un ne vînt s'emparer de moi avant quej'eusse pu m'esquiver ; mais quand une fois j'avais pu doubler un certain coin, avec quel battement de cœur, avecquel pétillement de joie je commençais à respirer, en me sentant sauvé, me disant : Me voilà maître de moi pour lereste du jour ! » (J.-J.
Rousseau : 3e Lettre à M.
de Malesherbes.)
• Vie collective disperse ; elle fait perdre bien des richesses, temps et liberté surtout.
• Tandis que solitude peut être source féconde, nécessité pour le penseur, l'artiste, le créateur...
• Solitude nécessaire à la pensée, la « paix des rides que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux.
» (A.Rimbaud, Voyelles).
• Certains même en arrivent à ériger cette solitude en système ou en éthique.
Cf.
Pascal :
« Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans unechambre.
»
Quant à J.-J.
Rousseau, pour lui la solitude est un phénomène originel.
La retrouver est à la fois retrouver lespossibilités de bonté de l'homme naturel, et à défaut celles de créer « le pays des chimères, le seul digne d'êtrehabité », depuis que la civilisation a corrompu l'homme.
II.
L'homme et la collectivité.
• Cependant l'homme « dépend [...] des autres hommes » (Hamburger).
• A-t-il d'abord apparu isolé (c'est peu probable), ou tout de suite vécu en hordes et en société familiale ou tribale?...
de toute façon il a très vite éprouvé le besoin d'un groupe, d'une vie sociale pour se protéger des fauves, desautres tribus ennemies, mais aussi de la maladie, de la faim, des peurs...
• A travers les besoins vitaux plus facilement remplis en société, dans la prolification de ces sociétés qui, semultipliant, s'imbriquaient les unes dans les autres, il a pris conscience de la communauté humaine.
Cf.
La Guerre dufeu, de Rosny Aîné.
• On se rend compte peu à peu de la nécessité d'une réciprocité des services.
• « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger», constatait le dramaturge romain Térence, demême que Confucius en Chine au Ve siècle av.
J.-C., puis le christianisme en Occident affirmaient que tous leshommes sont frères.
Une fraternité spirituelle, de condition face au destin, ou à la Providence, une fraternitéd'intelligence, de compréhension de l'univers, d'espèce - tout simplement...
• Elle se tisse à travers les nécessités matérielles; mais aussi intellectuellement à travers les balbutiements desrecherches de la pensée puis de l'édification des doctrines philosophiques et du système scientifique; et moralementdans l'entraide, la charité, la solidarité...
• Affirmation de cette prise de conscience après les grandes découvertes de la Renaissance d'une part parl'élargissement dans l'espace et la géographie.
L'homme connaît enfin les véritables dimensions et forme de la Terre,il y trouve peuples et civilisations de types nouveaux.
• Cette naissance du cosmopolitisme va le pousser à reconnaître que « chacun doit incomparablement [...] au genre.
»
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