Estimez-vous avec F. Jacob, biologiste, prix Nobel de médecine en 1965, que « rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison » ? Vous fonderez votre réponse sur des arguments et des exemples précis.

« rattache à éléments peu sûrs donc combien « avoir raison » n'est guère une « certitude ». B.

• Malheureusement l'homme croit trop souvent pouvoir affirmer cette certitude :— soit affirmation d'avoir fait une découverte qui détruit les précédentes : les disputes entre savants que ridiculiseMolière à travers Vadius (Femmes savantes) ou Maître de philosophie (Bourgeois gentilhomme) et Fontenelle,toujours dans l'épisode de « La Dent d'or » ou Voltaire dans Micromégas ;— soit certitude fréquente obtenue en suivant les habitudes ou les coutumes établies.

Prétendue sagesse = aveud'ignorance de la Vérité.

Montaigne : « J'ai vu telle chose qui nous était capitale (digne de peine capitale) devenir[chez nos voisins) légitime ».

Cf.

Pascal : « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».• Mais ces différences de coutumes sont conçues par chaque peuple comme vérités, comme absolus moque-ries contre les autres (c'est le moindre mal !), incompréhension, peur de ces différences aboutissent jusqu'auracisme.

Car on est persuadé détenir la seule bonne manière de concevoir et d'agir, on juge autrui inférieur ouridicule, et, ce qui est pire, on forme des blocs qui se ferment dans l'incompréhension réciproque haine.

Cf.Montesquieu « De l'esclavage des nègres » (Esprit des lois).• Poussée plus loin, la certitude d'avoir raison donne souvent envie d'obliger l'autre à suivre ce qu'on est sûr d'êtreVérité et qu'on veut répandre.• Certitude d'avoir raison pousse donc au prosélytisme = zèle fort envahissant et sectaire pour cette vérité dont onest sûr...• trop souvent aussi fanatisme dès que cette orgueilleuse certitude se double de passion de cette connaissance,donc fureur de sentir résistance.• Intolérance est le grand danger d'un tel défaut de pensée.

Voir Voltaire : Candide ou Zadig (« L'Autodafé »,• Le Souper »).• C'est surtout quand « avoir raison » touche aux domaines où l'esprit et le coeur se confondent pour déborder lebon sens et l'équilibre : religion, doctrine philosophique, politique que ces points deviennent les plus explosifs.• Au nom de la vérité, persuadé d'avoir raison, l'homme depuis des siècles a crucifié, « brûlé à petit feu » (Voltaire),empalé, torturé, répandu guerres et meurtres : condamnation de Socrate, persécutions contre les premierschrétiens, Inquisition, guerres de Religion, Terreur de 1793, Révolution de 1917, massacres tribaux d'Afrique,fanatisme des ayatollahs.., pour ne citer que quelques cas, isolés parmi toutes les horreurs que cette certitudemaudite a perpétré à travers l'histoire de l'humanité. • Car c'est à la pointe de l'épée qu'elle veut s'imposer ! Conclusion. • C'est donc un tour de force de garder la tête froide au milieu du tourbillon des fanatismes déchaînés.• Car le commun des mortels n'a pas de force de caractère, courage, lucidité ou honnêteté intellectuelle suffisantspour admettre relativité des faits, connaissances, vérités.• D'où déraison qui consiste en prétention vaniteuse et passionnée de détenir le VRAI...,• ...

aberrante et même terrifiante de contraindre autrui à l'admettre et à suivre.• Or l'esprit scientifique, une fois dépassée la griserie due aux progrès extraordinaires acquis en un siècle, peuttrouver en sa rigueur, en la solidité qu'elle lui apporte, la force de se remettre en question et de ne plus croire enune vérité absolue...• ...

car « toute la spiritualité acquise par l'homme et dont il se montre si vain est survenue par hasard dansl'univers et est condamnée à périr, comme tout ce qui vit.

» (Jean Rostand.). »