Devoir de Philosophie

Est-il nécessaire de connaître la vie d'un auteur pour apprécier son oeuvre ?

Publié le 22/02/2012

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1. L'introduction : Elle a un rôle de présentation qui doit comporter quatre étapes distinctes : a) L'accroche : c'est elle qui va donner le thème de l'ensemble. => Elle répond à la question « quoi ? » (« Quel est le thème général ? ») b) Le sujet : il est essentiel de le rappeler dans l'introduction, soit en le reprenant intégralement entre guillemets s'il s'agit d'une citation, soit en le restituant indirectement s'il est possible d'en dégager l'idée essentielle. Il est important que l'examinateur sache de quoi il est question dans le devoir en lisant l'introduction. c) La problématique : la dissertation part d'un thème large (l'orientation littéraire donnée par le sujet) à l'intérieur duquel se dégage un débat, or dans ce débat deux thèses vont s'affronter. Ce qu'on appelle la problématique est une démarche argumentative correspondant au débat à l'intérieur duquel s'affrontent les thèses. Déterminer la problématique consiste à identifier quelle question, quel problème il faut résoudre à travers les différentes étapes du devoir. => Elle répond à la question « quoi de particulier ? » (« Quelle est la problématique ? ») d) L'annonce du plan : elle ne peut être rédigée que lorsque le plan est au point. => Elle répond à la question « comment ? » (« Selon quelle orientation allons-nous résoudre le problème ? »). Exemple d'introduction à partir du sujet donné : Un écrivain français, contemporain de Charles Baudelaire, estimait que « Lorsqu'on écrit, quel que soit le sujet, on ne fait que parler de soi-même » . Un tel propos conduit assurément à réfléchir sur les rapports qui peuvent exister entre la vie et l'oeuvre d'un écrivain. Plus encore, l'auteur des Fleurs du mal nous livre comme préambule à son recueil cette autre considération : « Lecteur, (…) lis-moi pour apprendre à m'aimer ». Dès lors le lecteur peut s'interroger : doit-il obligatoirement apprécier l'auteur uniquement pour son oeuvre, indépendamment de sa vie ? Pourtant à partir du moment où un élève étudie la littérature, que ce soit à l'école ou à l'université, il se trouve dans l'obligation académique de s'intéresser à la vie de l'auteur où à la période historique correspondant à l'oeuvre qui lui est enseignée. En d'autres termes le développement du goût à la lecture se trouverait-il étroitement lié à la connaissance biographique des auteurs étudiés ? Dès lors, afin de tenter d'apporter une réponse à la question initialement posée, il importe tout d'abord d'observer s'il est possible d'apprécier une oeuvre sans avoir recours à des repères biographiques. Ensuite il apparaît intéressant de s'interroger sur l'intérêt qu'apporte une biographie d'un auteur pour mieux apprécier sa création. Enfin l'analyse de ces deux aspects apparaît essentiel si l'on veut proposer au lecteur un mode d'emploi à la fois pour lire mais aussi et surtout apprécier les textes.

« I.

On peut apprécier une oeuvre littéraire sans connaître la vie de son auteur… (On applique positivement lesujet proposé)La lecture d'un ouvrage, lorsqu'elle émane d'une initiative personnelle, n'implique aucunement de devoir connaître lavie de son auteur.

Plus encore la compréhension et l'appréciation de l'oeuvre peuvent se faire aisément sans avoirrecours à des recherches savantes, lesquelles pourraient du reste enlever tout plaisir, toute poésie au livre choisi. 1.1.

Une oeuvre peut-être appréciée pour elle-même.

(Idée maîtresse).1.1.1.

En effet, on peut lire et aimée un roman sans rien connaître de son auteur, l'atmosphère peut êtresuffisamment envoûtante pour nous permettre de solliciter notre imaginaire.

(Argument).1.1.2.

Ainsi dans le roman de l'Abbé Prévost intitulé Manon Lescaut (1731), on suit avec intérêt la destinéeamoureuse des deux héros, Manon et le chevalier Des Grieux, et la connaissance de l'auteur n'est pas indispensablepour mieux comprendre ce roman d'éducation.

L'intérêt réside davantage dans les péripéties des personnages,lesquelles permettent de mieux appréhender les moeurs du dix-huitième siècle.

(Exemple). 1.2.

En outre une oeuvre peut-être comprise par elle-même et par soi-même.

(Idée maîtresse).1.2.1.

À partir du moment où l'on choisit de lire un roman, il peut apparaître superflu de rechercher ici et là desinformations sur l'auteur, qui plus est lorsque celles-ci n'apportent aucun éclairage et ont même tendance àdénaturer l'oeuvre.

(Argument).1.2.2.

Paul Valéry, par exemple, s'indigne qu'on noie les oeuvres sous des connaissances qui ne l'éclairent pas etmême l'encombrent et conçoit plutôt la lecture comme un départ à l'aventure.

« Je ne vois rien dans tout ceci quime permette de mieux lire ce poème, de l'exécuter mieux pour mon plaisir (…) On m'enseigne des dates, de labiographie ; on m'entretient de querelles, de doctrines dont je n'ai cure, quand il s'agit de chants et de l'art subtil dela voix porteuse d'idées (…) Que fait-on de ce qui s'observe immédiatement dans un texte, des sensationsqu'il est composé pour produire ? Il sera bien temps de traiter de la vie, des amours et des opinions du poète, de sesamis et ennemis, de sa naissance et de sa mort, quand nous aurons assez avancé dans la connaissance poétique deson poème, c'est à dire quand nous nous serons fait l'instrument de la chose écrite, de manière que notre voix,notre intelligence et tous les ressorts de notre sensibilité se soient composés pour donner vie et présence puissanteà l'acte de création de l'auteur.

» (Exemple).1.2.3.

D'ailleurs n'est-il pas plus intéressant de développer son sens critique et sa propre interprétation et ne pas selaisser enfermer dans les considérations superfétatoires d'un biographe ? (Argument).1.2.4.

C'est notamment le cas pour la poésie des symbolistes, l'interprétation d'un poème de Mallarmé peut-être trèspersonnelle et aller même au-delà de ce que l'écrivain veut nous signifier.

La sensibilité de chacun est ainsi sollicitéeindépendamment de toutes connaissances biographiques.

(Exemple). 1.3.

Surtout quand la vie de l'écrivain est loin d'être exemplaire.

(Idée maîtresse). 1.3.1.

La lecture de la vie de certains auteurs est parfois décevante dans la mesure où l'on apprend, parfois aveceffroi, leurs défauts majeurs.

(Argument).1.3.2.

L'antisémitisme de Céline peut atténuer l'appréciation d'une oeuvre comme Voyage au bout de la nuit alorsqu'il s'agit sans doute d'un des plus beaux romans du vingtième siècle.

De la même façon doit-on condamnerl'ensemble des oeuvres de Sartre parce que ce dernier était communiste et n'a jamais réellement condamné lescrimes de Staline ? (Exemple). II.

…Cependant la biographie d'un écrivain peut permettre de mieux comprendre son oeuvre… (Onobjecte ou on nuance la première analyse)La formation littéraire du collège à l'université en passant par le lycée impose d'enseigner l'histoire littéraire dans lamesure où il est communément admis que les biographies d'écrivains peuvent éclairer leur(s) oeuvre(s). 2.1.

La création d'une oeuvre répond le plus souvent à des motivations personnelles.

(Idée maîtresse). 2.1.1.

Il importe parfois, pour mieux saisir la portée d'une oeuvre, de connaître les circonstances, les motivationspersonnelles d'un auteur qui sont à l'origine de sa création.

(Argument).2.1.2.

Ainsi on peut mieux appréhender la passion amoureuse de Frédéric pour Mme Arnoux dans L'Éducationsentimentale (1869) de Flaubert quand on connaît la passion de jeunesse de ce dernier pour Mme Schlésinger.(Exemple).2.1.3.

Cet aspect est encore plus vrai lorsque l'auteur se met lui-même en scène.

(Argument).2.1.4.

C'est par exemple le cas dans le roman de Jules Vallès intitulé l'Enfant (1879), en effet la maltraitance dontest victime Jacques Vingtras de la part de son père prend un tour encore plus dramatique quand on sait que cepersonnage incarne l'écrivain.

(Exemple). 2.2.

Par ailleurs, pour comprendre une oeuvre il importe de saisir les intentions de l'auteur dans un contextehistorique et social.

(Idée maîtresse).. »

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