essai sur l'éducation
Publié le 25/02/2025
Extrait du document
«
Essai éducation
« Il reconnaissait qu’elle était intelligente, qu’elle avait autant de facilité d’esprit
que de bon sens, et un amour pour la lecture qui, bien dirigé, est seule une
éducation.
» a écrit Jane Austen dans Mansfield Park, en 1814.
Dès le XVe siècle, la Renaissance s’abreuve de l’apprentissage grâce aux textes
anciens redécouverts, et les nouveaux textes du Quatrocentto — Boccace, Dante,
Pétrarque.
De par le changement de statut de l’écrivain, la littérature occupe dès
lors un rôle central dans la formation de l’esprit de l’homme afin de relever sa
dignité.
L’attention portée à ce qui relève du non divin est interprétée comme
l’exaltation des qualités intellectuelles de l’homme.
Il est ainsi nécessaire d’ouvrir
l’homme à la culture et former des esprits ; or la littérature conduit directement à la
formation de l’homme.
Cependant, avec le temps, une brèche s’ouvre entre le passé
et le futur, menant à une crise de notre attitude envers tout ce qui touche au passé.
L’enseignement de la littérature est par conséquent considéré comme à la fois
tourné vers le passé et ancré dans le monde actuel.
Cela signifie que l’instruction
, qui désigne avant tout la transmission des connaissances intellectuelles, de la
littérature, activité de l’esprit transmettant les savoirs de l’écrivain, manifesterait un
intérêt pour le passé et le présent.
Nous pourrons ainsi nous demander en quoi la transmission des connaissances, par
la littérature, est à la fois dirigée vers le passé et enracinée dans le monde actuel.
Avant tout, l’enseignement de la littérature se nourri passé.
En effet, ce sont les
connaissances, savoirs et idées du passé qui nous sont transmis.
Cela signifie que
l’intérêt premier de l’instruction se trouve dans le lègue du passé.
Ainsi, la
connaissance du passé est rendue vivante et présente dans la littérature.
C’est-à-dire
que l’étude des textes anciens donne accès à une pensée et à une époque.
Les poètes
Pléiade et les humanistes eux-mêmes, étaient convaincus que la rénovation de la
culture, et des lettres, passait par un dialogue avec l’Antiquité et donc ce qui est
désormais révolu.
On sait que tout avenir se construit en fonction d’un passé, et ce
sont cette notion d’autorité même et notre attitude envers le passé, qui font que
l’enseignement reçu de la littérature nous oblige à nous y abreuver.
Nous enseignons de la sorte toujours un monde déjà passé, en effet il est le « propre
de la condition humaine que le monde soit créé par des mortels afin de leur servir
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de demeure pour un temps limité.
» Écrivait Hannah Arendt dans La Crise de la
culture.
La littérature des temps anciens est certes la retranscription de notre
histoire, mais aussi le modèle de l’élévation de l’esprit.
Par exemple, dans De l’éducation des enfants, Érasme définit les contours d’une
éducation encyclopédique, adossée à culture antique les enseignements
recommandés par Érasme sont l’apprentissage des langues anciennes et les fables
des poètes.
Dans son essai, le prince de l’humanisme de se réfère à la littérature
antique — notamment à l’Odyssée d’Homère et Les Bucoliques de Virgile —
présentée comme l’instrument permettant de former l’esprit, et un domaine
d’instruction morale et philosophique.
Il reconnaît dans la littérature gréco-latine,
une aspiration morale, philosophique et didactique.
Il témoigne de la sorte, de sa
confiance accordée aux poètes antiques et qu’il redécouvre en admirateur.
Par ailleurs, dans Jane Eyre, Charlotte Brontë met, elle aussi, en avant le culte
consacré au savoir passé et transmis par l’éducation.
Par l’entremise de
Mr Brocklehurst, Jane est envoyée en pension à Lowood.
Elle apprend rapidement
que la vie à l’école est dure.
Les pensionnaires sont mal nourries, surchargées de
travail, et obligées de rester assises, pendant des heures, à écouter des sermons qui
semblent interminables, écrits il y a des siècles passés.
On leur enseigne également
à travers la littérature, l’histoire de l’ancienne Angleterre et surtout le règne des
rois, comme Charles Ier.
Donc, l’enseignement de la littérature se nourrit du passé, dans la mesure où ce sont
les connaissances, savoirs et idées des siècles révolus qui sont transmis.
De plus, l’éducation, par l’entremise de la littérature, se veut conservatrice.
En
effet, l’instruction condamne le raisonnement au profit de l’inculcation d’un savoir
purement formel.
Par là même, le professeur a un rôle majeur dans la formation de
l’esprit.
Sa profession comme le dit Arendt, lui demande un respect du passé.
Or,
le conservatisme, pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation,
qui a toujours pour tâche d’entourer et de protéger quelque chose.
Cela veut dire
qu’il est mis en avant une résistance au passé, afin de « Préserver ce qui est neuf et
révolutionnaire dans chaque enfant ».
Cet enseignement se veut protecteur, car
l’enfant est jugé comme un sujet fragile et en devenir.
L’enfant est alors considéré
comme un adulte en devenir : on ne le forme pas pour qu’il apprenne, mais pour
qu’il devienne un adulte.
On exerce alors sur l’enfant une autorité telle, qu’il lui est
interdit de penser par lui-même pour sa sécurité.
Cette protection de l’enfant veut
mener à la protection du monde par la transmission du savoir.
Pour imager notre propos, nous pouvons nous appuyer sur Louis Lambert de
Balzac.
Il y rapporte l’expérience d’un fils de tanneur, dont l’éducation est confiée
à son oncle curé.
Mme de Staël l’envoie à ses frais au collège des Oratoriens de
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Vendôme.
Il y est pratiqué une discipline excessive, où le narrateur et Louis
Lambert sont soumis à une éducation conservatrice.
Ils sont alors obligés d’écouter
les cours de français et de latin pour les répéter au professeur.
Ce travail de
répétition marque le champ éducation limitée qui voudrait protéger l’enfant.
Il leur
est interdit de penser par eux-mêmes, car pour toute réflexion autre que ce qui leur
est enseigné, le narrateur et Louis Lambert sont punis par la rédaction de pensums
— des lignes à copier pendant des heures.
De la même manière, dans son traité d’éducation intitulé L’Émile, Rousseau
développe les limites qu’il met à l’éducation des femmes, afin qu’elles restent à la
place qui est la leur : celle d’épouse et de mère.
Ainsi, Sophie est uniquement
éduquée pour devenir l’épouse idéale d’Émile.
Selon Rousseau, le seul objet auquel
une femme se doit de consacrer son temps et sa réflexion est « non par abstraction
l’esprit de l’homme en général, mais l’esprit des hommes qui l’entourent, l’esprit
des hommes auxquels elle est assujettie, soit par la loi, soit par l’opinion.
»
L’éducation de la femme se voit pourvue de limite et de nul raisonnement.
Sophie
reste donc infantilisée par cette dimension conservatrice et condamnée à restreindre
son ingéniosité aux jeux de séduction.
Donc, l’enseignement de la littérature se nourrit du passé, car il se veut
conservateur.
Par ailleurs, cette instruction s’inspire du passé du fait qu’elle se réclame de
l’humanisme moderne.
En effet, déjà dans l’esprit romain, le passé était considéré
en tant que modèle.
L’éducation, de nos jours, s’appuie toujours sur les textes
anciens afin de transmettre le savoir.
Il s’agit, comme à la Renaissance, d’instruire
un esprit stérile pour former un homme complet, instruit et honnête.
Pour cela,
l’enseignement de la littérature est adossé à culture antique et humaniste.
De la sorte, la propagation du savoir doit guider l’homme vers le progrès — il
s’appuie alors sur l’idéal Lumières, et se fait désormais par l’entremise de l’école
publique.
Il s’agit, par conséquent, d’éveiller les facultés critiques de l’enfant, pour
qu’il s’émancipe en ayant regard critique sur le monde qui l’entoure.
De telle sorte, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, la lecture est sujette à des
critiques de la part du père de Julien qui la réprouve, car il y voit un frein à son
autorité.
Julien doit donc se contenter d’ouvrages théologiques ou religieux.
La lecture est en outre un enjeu politique qui détermine sa position dans la société
et qui doivent ainsi conduire à relever la dignité de son esprit selon la philosophie
humaniste : Julien Sorel s’élève au rang de précepteur et s’élève dans la société
jusqu’aux de La Molle.
Pour autant, Julien fait preuve de légèreté avec son savoir.
Il fait l’amère expérience de sa fatuité lors de l’examen du séminaire où il fait
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étalage de sa culture latine.
Cet excès de sa part montre que la culture de l’antiquité
demeure essentielle, dans l’enseignement par la littérature.
Dans la même idée, dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Saint-Preux est le
précepteur de Julie.
Il forme son esprit par la lecture de plusieurs philosophes
antique.
De la sorte, Rousseau montre que l’homme doit former son esprit au
contact des choses, par une éducation négative et penser par lui-même, tel qu’incite
Saint Preux à Julie lorsqu’ils étudient la philosophie des anciens.
Ou encore lorsque
Saint-Preux éduque les enfants de Julie : plutôt que de raisonner avec les enfants, il
faut leur imposer le principe de la nécessité que la nature impose à l’homme et
utiliser le principe de l’intérêt pour faire obéir l’enfant.
Rousseau reprend également
l’ébauche de son idée instaurée....
»
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