Épilogue - Une partie de campagne de Maupassant
Publié le 14/09/2018
Extrait du document

Deux mois plus tard, à Montmartre, Henri passe par hasard devant la quincaillerie des Dufour. Il y trouve Mme Dufour, lui demande des nouvelles d'Henriette, apprend qu'elle a épousé l'apprenti, devenu le successeur de M. Dufour. La nouvelle l'émeut et l'attriste, il veut partir, mais Mme Dufour, émue à son tour, le retient pour lui parler de son ami : elle aurait du plaisir à le revoir.
Au printemps suivant, l'esprit toujours occupé par cette aventure, Henri retourne dans l'île. Dans la chambre de verdure, il découvre Henriette, assise, l'air triste, près de son mari endormi. L'extrême pâleur de la jeune femme trahit son émotion, mais elle réussit à la dominer et à parler de choses insignifiantes. Soudain, Henri lui ayant confié qu'il venait souvent là le dimanche, en proie à ses souvenirs, elle lui avoue, les yeux dans les yeux, qu'elle y pense chaque soir. Mais le mari se réveille et reprend ses droits, mettant fin à la scène et au récit...
de << Deux mois plus tard >> à «à bientôt ! >>
de << L 'année suivante >> à «nous en aller >>.
L'année suivante, un dimanche qu'il faisait très chaud, tous les détails de cette aventure, que Henri n'avait jamais oubliée, lui revinrent subitement, si nets et si désirables, qu'il retourna tout seul à leur chambre dans le bois. Il fut stupéfait en entrant. Elle était là, assise sur l'herbe, l'air triste, tandis qu'à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute. Elle devint si pâle en voyant Henri qu'il crut qu'elle allait défaillir. Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux. Mais comme il lui racontait qu'il aimait beaucoup cet endroit et qu'il y venait souvent se reposer, le dimanche, en songeant à bien des souvenirs, elle le regarda longuement dans les yeux. " Moi, j'y pense tous les soirs, dit-elle. - Allons, ma bonne, reprit en bâillant son mari, je crois qu'il est temps de nous en aller. "
«
tion
permet de créer plusieurs effets de surprise, qui se suc
cèdent comme en cascade au fur et à mesure que le lecteur
reçoit, directement ou indirectement, des informa tions nou
velles : mariage d'Henriette, sentiments d'Henri, sentiments
d'He nriette.
Les questions qu'il se posait encore du fait des
lacunes que la narration avait ménagées délibérément dans les
séquences C et D trouvent là des réponses, mais des réponses
partielles seulement.
Si le mariage d'Henriette et du jeune
homme était déjà décidé le 31 mai, on comprend mieux pour
quoi sa relation éphémère avec Henri a été évoquée sur le
mode sérieux, contrairement à celle qui unit Mme Dufour et
son canotier.
En fournissant ainsi, de manière différée, des
éléments d'explication, le narrateur satisfait la curiosité et
l'a ttente du lecteur.
Mais la clôture de la nouvelle le renvoie aussi aux épi
sodes précédents du récit avec lesquels elle entretient des rela
tions de parallélisme et de symétrie : les deux scènes dans le
>, par exemple, s'éclairent l'une l'autre.
Ainsi, ces informations nouvelles déclenchent une lecture
rétrospective qui est une nouvelle source de plaisir : les évé
nements passés baignent maintenant dans une atmosphère
nouvelle, à la fois plus comique (il y a deux maris jobards) et
plus sérieuse (il pourrait bien y avoir là autre chose qu'une
simple histoire de canotiers et de rossigno l).
D'a utres inter
rogations se font jour : pourquoi Henriette a-t-elle pris un amant
par anticipation juste avant son mariage? Comment sa mère
a-t-elle pu la laisser s'isoler avec Henri ? Comment s'est passé
le maria ge ? Le lecteur est amené à confronter cet épilogue et
le reste du récit pour construire une interpréta tion.
En outre, ce finale crée une ouvertu re, un prolongement
du récit dans l'imagination du lecteur.
C'est principalement
l' effet de la brève réplique de la jeune femme, qui laisse dans
notre esprit l'image d'une scène poignante, symbole d'une vie
rat ée, d'une souffrance que le temps même semble devoir avi
ver puisqu'elle se renouvelle >.
La décou verte
de la tristesse d'Henri ouvre aussi une nouvelle perspective:
on peut se demander si l'habile séducteur, le don Juan des
bords de Seine se trouve pris au piège de l'amour.
Les personnages trouvent là leur place définitive : celui
d' Henri, qui fait le lien entre les deux parties de l'épilogue,
est brusquement réévalué, il forme avec Henr iette un couple.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Épilogue 2 : la nostalgie - Une partie de campagne de Maupassant
- Épilogue 1 : le mariage - Une partie de campagne de Maupassant
- Partie de campagne Maupassant
- commentaire partie de campagne de maupassant
- Une partie de campagne de Maupassant, extrait des lignes 18 – 48.