Épilogue - Jacques le fataliste de Diderot
Publié le 08/01/2020
Extrait du document

Et moi, je m’arrête, parce que je vous ai dit de ces deux personnages tout ce que j’en sais. — Et les amours de Jacques ? Jacques a dit cent fois qu’il était écrit là-haut qu’il n’en finirait pas l’histoire, et je vois que Jacques avait raison. 5 Je vois, lecteur, que cela vous fâche; eh bien, reprenez son récit où il l’a laissé, et continuez-le à votre fantaisie ou bien faites une visite à MUe Agathe, sachez le nom du village où Jacques est emprisonné; voyez Jacques, questionnez-le : il ne se fera pas tirer l’oreille pour vous satisfaire; cela le 10 désennuiera. D’après des mémoires que j’ai de bonnes raisons de tenir pour suspects, je pourrais peut-être suppléer ce qui manque ici; mais à quoi bon? on ne peut s’intéresser qu’à ce qu’on croit vrai. Cependant comme il y aurait de la témérité à prononcer sans un mûr examen sur les entretiens 15 de Jacques le Fataliste et de son maître, ouvrage le plus important qui ait paru depuis le Pantagruel de maître François Rabelais1, et la vie et les aventures du Compère Mathieu1, je relirai ces mémoires avec toute la contention d’esprit1 2 3 et toute l’impartialité dont je suis capable; et sous 20 huitaine je vous en dirai mon jugement définitif, sauf à me rétracter lorsqu’un plus intelligent que moi me démontrera que je me suis trompé.
Le maître de Jacques parvient au terme de son voyage, chez la nourrice qui élève l’enfant dont il a dû bien malgré lui endosser la paternité. À peine a-t-il mis pied à terre qu’un homme sort de la maison. C’est le chevalier de Saint-Ouin, son rival heureux auprès d’Agathe et le véritable père de l’enfant. Un duel s’ensuit aussitôt. Le chevalier est tué. Le maître s’enfuit au galop. Jacques est, quant à lui, arrêté, jugé, jeté en prison. Diderot déclare terminer ici son récit.

«
INTRODUCTION
1 Situer le passage
Le maître de Jacques parvient au terme de son voyage, chez la
nourrice qui élève l'enfant dont il a dû bien malgré lui endosser la
paternité (voir ci-dessus p.
53).
À peine a-t-il mis pied à terre qu'un
homme sort de la maison.
C'est le chevalier de Saint-Ouin, son rival
heureux auprès d'Agathe et le véritable père de l'enfant.
Un duel
s'ensuit aussitôt.
Le chevalier est tué.
Le maître s'enfuit au galop.
Jacques est, quant à lui, arrêté, jugé, jeté en prison.
Diderot déclare
terminer ici son récit.
1 Dégager des axes de lecture
Cet extrait constitue les premières lignes de l'épilogue, qui retien
nent l'attention par leur aspect désinvolte, par leur portée parodique
et par le fait qu'au lieu de clore l'œuvre, elles la laissent ouverte.
PREMIER AXE DE LECTURE
UN ÉPILOGUE DÉSINVOLTE
1 Un récit sans dénouement
Le récit s'achève (presque) comme il a commencé : par une réfé
rence aux amours de Jacques, dont le lecteur s'amuse et s'agace de
ne pas vraiment les connaître après plus de trois cents pages.
Comme si ces amours n'avaient été qu'un prétexte à une ample
conversation sur tous les sujets, du plus léger au plus grave.
Déçu
dans son attente, le lecteur n'est pour autant guère surpris, depuis le
temps que Diderot lui promet l'histoire des amours de Jacques pour
à chaque fois en reporter le récit! Tout se passe comme si l'œuvre ne
devait jamais recevoir de dénouement.
1 Les justifications de Diderot
Diderot se justifie par deux arguments :
-le premier relève d'une (apparente) vraisemblance : feignant,
comme il le fait depuis le début, d'être non le romancier créateur de
122 LECTURES ANALYTIQUES.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Jacques le fataliste et son maître de Diderot
- Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- JACQUES LE FATALISTE ET SON MAÎTRE Denis Diderot (résumé & analyse)
- Résumé de Jacques le fataliste de Diderot
- Jacques le Fataliste et son maître. Roman de Denis Diderot (analyse détaillée)