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ENIVREZ-VOUS de Baudelaire - Fleurs du Mal - commentaire

Publié le 03/11/2015

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BAU DELAIRE - ENIVREZ-VOUS Introduction : Bien qu'extrait du recueil Petits poèmes en prose, le lecteur retrouve dans « Enivrez-vous » un des principaux thèmes des Fleurs du Mal : l'aspiration de l'homme à fuir sa condition de mortel. Pour cela, il doit combattre le temps dévastateur. L'ivresse peut donc être considéré comme Le Remède à un désarroi métaphysique. Notons tout de suite la provocation du titre : « Enivrez-vous » à l'adresse d'un public bourgeois que Baudelaire considère comme trop sage. Cette provocation est contenue dans l'impératif « enivrez-vous » qui est un ordre. Comment ce petit texte en prose peut-il être qualifié de poème ? L'axe d'étude qui s'impose à nous est évidemment l'ivresse. Le thème est obsédant et les mots « ivre », « ivresse », et « enivrer » reviennent huit fois dans le texte. Dans un deuxième temps, l'enthousiasme lyrique qui caractérise ce poème sera étudié, il est notamment marqué par le rythme du poème. 1. Le thème de l'ivresse. Ce thème domine dans son intégralité, mais le but n'est pas de peindre les effets de l'ivresse. Il s'agit ici d'exhorter (inciter fortement) l'homme à fuir dans l'ivresse l'horreur de sa condition. A) Pourquoi l'ivresse est-elle nécessaire ? Cette hantise de l'homme Baudelairien, échapper au temps, apparaît au début et à la fin du poème : « pour ne pas se sentir l'horrible fardeau du Temps », « Pour n'être pas les esclaves martyrisés du temps ». Les deux formulations suscitées sont parallèles. Elles font du Temps l'ennemi par excellence. Ici, deux images : d'abord celle du vieillard (Cf. L'énigme du Sphinx) dont la silhouette plie sous le poids des ans. Dans la deuxième image, « les esclaves martyrisés du Temps » : on passe d'un sentiment d'angoisse au fantasme de la persécution. Au cœur du texte, l'obsession du Temps se signale aussi à travers « L'horloge » (Cf. « L'horloge » de Baudelaire) qui est douée de paroles. Ici, au lieu de rappeler à l'homme le réel, elle le soustrait à la conscience de la durée en lui proposant de « s'enivrer ». L'horloge, toujours considérée comme un « Dieu sinistre » est ici un complice du désir d'évasion

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« l'aspiration à une beauté morale, complètement liée à l'idée du dépassement de soi. Toutefois, le lecteur est surpris par l'équivalence que laisse supposer « à votre guise » .

Aucune considération morale n'intervient chez Baudelaire.

C'est un choix personnel.

Ce qui importe, c'est l'oubli du réel : échapper au temps. C) Qui a besoin d'ivresse ? – La figure du riche « sur les marches d'un palais » – La figure du pauvre qui n'a pas de toit « sur l'herbe verte d'un fossé » – Le lecteur lui-même dans sa chambre « dans la solitude morne de votre chambre » .

Le pronom personnel « vous » s'adresse directement au lecteur. L'ivresse est donc pour tous. 2.

L'enthousiasme lyrique.

Ce poème s'appuie sur le pouvoir émotionnel du rythme.

C'est une véritable incantation basée sur la répétition.

De plus, cette incantation est progressive, elle va « crescendo » (Cf.

Bolero de Ravel ).

Ce crescendo est renforcé non seulement par l'impératif « enivrez-vous » , mais aussi par la variété des expressions de l'obligation : « il faut », « toujours », « sans trêve », « il est l'heure », « sans cesse » .

Par ailleurs, l'expression « tout est là, c'est l'unique question » parodie la célèbre expression d' Hamlet « être ou ne pas être (to be or not to be) ». Examinons maintenant l'énumération des cinq verbes : Les éléments interrogés sont cinq noms communs.

Ils ont chacun un pouvoir d'évocation complexe : il s'agit d'abord des signes de l'infini : Le vent = infini de l'espace. La vague = infini marin. L'étoile = infini céleste. Ces trois éléments sont susceptibles de procurer à l'homme l'ivresse de la contemplation.

D'autre part, l'étoile et l'oiseau suggèrent la beauté du monde.

Enfin, l'horloge ramène à la notion de temps.

Pour ce qui est des verbes, on retrouve le thème de l'éphémère avec « tout ce qui fuit et tout ce qui roule » , mais ce thème s’entrelace avec celui de la peine et de la douleur : « tout ce qui gémit » , avec le thème de la joie : « tout ce qui chante » .

Et il y a même un accès au langage avec « tout ce qui parle » .

Il est essentiel que le verbe « parler » termine cette énumération car c'est le langage qui renvoie l'homme à son obsession du temps : « Le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : il est l'heure de s’enivrer » .

Le lyrisme de Baudelaire s'apparente aussi à de l'animisme (qui prête une âme aux choses).

Cela consiste à donner un sentiment et un langage à des. »

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