Engagement politique et révolution dans le roman de Malraux
Publié le 27/03/2015
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«
E X P 0 S É S F C H E S
~ Il -LES ENJEUX DE LA RÉVOLUTION
L'action révolutionnaire, réponse à l'écrasement de l'homme
Les romans de Malraux mettent presque tous en scène des groupes révolution
naires engagés dans une action décisive.
Mais, à l'inverse des romans« à thèse»,
les récits de Malraux ne sont pas l'exposé d'une doctrine, sauf peut-être Le Temps du mépris que son auteur a, du reste, renié.
Les acteurs restent toujours motivés par
des raisons personnelles qui échappent
à l'idéologie.
Par exemple Garine, dans Les
Conquérants, veut probablement venger une humiliation ancienne, qu'il évoque
implicitement à la fin du livre.
De façon générale,
c'est pour « retrouver l'homme partout où nous avons
trouvé ce qui
l'écrase» (Les Voix du silence) que Malraux fait l'éloge de la Révo
lution.
Ainsi à la fin de
La Condition humaine, si les personnages principaux sont
tués, Hemmelrich, la figure type de !'humilié, a retrouvé une dignité et un sens à sa
vie :
« C'est la première fois de ma vie que je travaille en sachant pourquoi.
»
L'action révolutionnaire, dépassement de l'activisme
Les personnages de Malraux sont hantés par la possibilité de l'absurde.
Ils res
sentent très fortement le fait que leur existence
n'est pas justifiée, et qu'elle ne peut
l'être que par eux-mêmes.
C'est pourquoi certains sont dominés par le démon de
l'action, mais celle-ci, qui témoigne chez l'homme d'une volonté de vivre, se
tourne en volonté de puissance stérile, en
activisme pur lorsqu'elle s'exerce pour
elle-même.
Les exemples de Ferrai dans La Condition humaine ou de Perken dans
La Voie royale le montrent.
Au contraire la Révolution offre à l'action un
débouché:« Il est difficile d'être
un homme, mais pas plus de le devenir en approfondissant sa communion
qu'en
cultivant sa différence -et la première nourrit avec autant de force au moins que la
seconde ce par quoi l'homme est homme, ce par quoi il se dépasse, crée, invente ou
se conçoit.» (Préface du Temps du mépris, que Malraux n'a pas reniée.) La Révo
lution permet le dépassement vers une action constructive parce
qu'elle conduit
l'homme à dépasser le cadre de son individualité, en découvrant les autres.
La découverte de la fraternité
Le mot revient de façon lancinante dans les romans.
Dans La Voie royale, où
l'arrière-plan politique est secondaire, la fraternité n'apparaît que dans la mort,
«fraternité désespérée qui le [Claude Vannec] jetait hors de
lui-même.» Dans Les
Conquérants,
où les deux personnages (Garine et le narrateur) ont combattu pour
la même cause,
c'est une« dure et pourtant fraternelle gravité» qui les unit à la fin.
Elle exprime la fierté de la tâche accomplie.
Plus grandiose parce que relevant du
don de soi, du sacrifice, la fraternité
« sans visage » qui unit les hommes dans la fa
meuse scène de
La Condition humaine où Katow offre à ses compagnons le cya
nure qui va leur éviter une mort plus atroce.
Mais
c'est le sentiment exprimé au
début de
L 'Espoir - « [ ...
] la nuit n'était que fraternité [ ...
], cette nuit où chaque
homme avait quelque chose à faire sur la terre
» -qui donne le sens ultime de cette
valeur: l'intégration de l'action dans l'idéal de la communauté, par-delà les diffé
rences de ceux qui la composent.
LES ROMANS DE MALRAUX~.
»
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