ENGAGEMENT DE ZOLA
Publié le 15/06/2014
Extrait du document


«
EXTRAIT :
J' accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire,
en inconscient , je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son œuvre néfaste , depuis trois ans, par
les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit , d'une des
plus grandes iniquités du siècle.
J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus
et de les avoir étouffées , de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice,
dans un but politique et pour sauver l'état-major compromis.
J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du m ême crime, l'un
sans doute par passion cléricale , l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la
guerre l'arche sainte, inattaquable.
J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate ,
j'enten ds par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du
second, un impérissable monument de naïve audace.
J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des
rapports mens ongers et frauduleux , à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une
maladie de la vue et du jugement.
J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Éclair et dans
L'Écho de Paris, une campagne abominab le, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.
J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une
pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre,
en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi
sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation.
Et c'est volontairement que je
m'expose.
Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni
rancune ni haine.
Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale.
Et l'acte
que j'accompl is ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la
justice.
Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au
bonheur.
Ma protestation enflammée n'est que le cri de m on âme.
Qu'on ose donc me traduire en
cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !
J'attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.
Emile Zola.
»
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