Encyclopédie littéraire: Lumières (siècle des)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Métaphore désignant le 18e siècle. Le siècle des Lumières se définit comme le siècle de la raison et du droit. Marqué par le rationalisme cartésien qui, un siècle auparavant, a mis en place le principe du doute méthodique (Discours de la méthode, 1637), il ouvre la voie à la Révolution par son esprit de tolérance, sa croyance au progrès, sa recherche d'un monde plus juste, dégagé des préjugés de classe et du poids de la religion. En opposition avec l'austérité qui marque la fin du XVIIe siècle, il réhabilite aussi l'idée du bonheur individuel et du plaisir. Ainsi est-il également le siècle de la passion (l'abbé Prévost, Manon Lescaut), du libertinage (Choderlos de Laclos, les Liaisons dangereuses) et de la débauche (Sade, Justine ou les Malheurs de la vertu).
Citation
Quel contraste ! Quel brusque passage ! La hiérarchie, la discipline, l'ordre que l'autorité se charge d'assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu'aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l'autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats. Les premiers sont chrétiens, et les autres antichrétiens ; les premiers croient au droit divin, et les autres au droit naturel ; les premiers vivent à l'aise dans une société qui se divise en classes inégales, les seconds ne rêvent qu'égalité. (Paul Hazard, la Crise de la conscience européenne, préface.)
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Les Allemands l'appellent « Aufklärung », les Anglais « Enligtment, les Espagnols « siglo de las luces », les Italiens« Iluminismo ».
Tous mettent l'accent sur un idéal de clarté, sur l'esprit d'examen.
2) Des valeurs partagées : AU XVIII° siècle, les nouvelles découvertes dans le domaine de l'Histoire, de la physique, des mathématiquesfavorisent le développement de l'esprit critique et permettent la continuation du travail commencé par lesHumanistes.
Les écrivains recherchent la sagesse et se battent contre les préjugés et les superstitions.
Ilscontestent l'autorité religieuse et politique.On peut, en simplifiant, dénombrer 6 valeurs essentielles : - La croyance au progrès et la passion pour la science (le progrès peut d'ailleurs concerner la littérature : réflexion sur le théâtre et le roman chez Diderot, et sur le théâtre chez Beaumarchais). - La recherche de la vérité par l'usage exclusif de la raison et de l'esprit critique : c'est l'esprit d'examen (c'est ce que fait Montesquieu quand il démontre dans l'Esprit des Lois la nécessité de la séparation des pouvoirs, Diderot, dans l'article de l' Encyclopédie « Autorité politique » use de la même démarche.
Tous deux recourent à un raisonnement rigoureux, mathématique. - La recherche de la vérité et de la raison en politique : c'est avec Montesquieu que naissent les sciences politiques, toujours dans l'Esprit des Lois. - La recherche du bonheur est une priorité absolue : elle concerne d'abord l'individu, mais elle tient compte de sa vocation sociale (le philosophe est un philanthrope). - La recherche de la liberté, surtout de la liberté d'esprit, quitte à refuser certains dogmes religieux ; il s'agit d'écarter les superstitions, les systèmes tout prêts ; il faut bien faire la différence entre la foi et lascience et admettre l'autonomie de celle-ci ; pas question de se contenter dans le domaine scientifique, d'àpeu près, de petites hypothèses, de faits miraculeux ou merveilleux. - La prise en compte de la dimension sensible de l'être humain (c'est très visible chez Diderot et surtout chez Rousseau : voir certains passages extrêmement lyrique des Confessions) Le personnage littéraire représentatif de cet état d'esprit est Candide qui quitte malgré lui le Paradis terrestre, etqui construit sur Terre, grâce à son « esprit assez droit » un autre paradis, débarrassé des croyances non vérifiées.Demeure évidemment l'idéal de l'honnête homme, défini par son ouverture d'esprit (connaître et comprendre lemaximum de domaines) et sa sociabilité.
Il s'agit aussi d'éclairer les autres hommes sans les choquer, en les amenantà la raison par la Raison (la logique) et aussi par le dialogue et la fantaisie, le rire et l'humour (d'où les récitsamusants, les contes, ou les récits de voyages surprenant des persans Usbeck et Rica).
III L'expression du mouvement
1) Le chef de file , Voltaire, par ses écrits et ses actions jouit d'un immense prestige : lire sa biographie pour le vérifier.
Diderot, tout aussi actif, a lui aussi marqué sa génération.
2) Un manifeste : L'Encyclopédie (1752-1772) Cet ouvrage est animé par une ambition majeure : mettre la totalité du savoir au service des hommes, soumettre lesconnaissances à l'examen de la Raison (d'abord au moment de la rédaction des articles, ensuite, au moment de leurréception par le lecteur).L'ambition est avant tout pédagogique : il s'agit de composer des articles clairs, objectifs et organisés logiquement(noter la présence de transitions, de termes de rappels dans l'article « philosophe » de Dumarchais) illustrésd'exemples et soutenus par des métaphores parlantes.L'ambition est aussi idéologique, mais de façon bien déguisée : contrairement aux apparences, la définition n'est pastoujours simplement informative, elle s'appuie sur l'implicite, elle ironise en toute discrétion, par des allusions, unlangage très codé.Elle défend alors les idées des philosophes, à savoir la remise en question de l'absolutisme royal (« autoritépolitique » de Diderot), la revendication du droit de la liberté, de la justice, la dénonciation de l'esclavage.Les articles proposés, pour dépasser le simple jeu des définitions et explications décrivent ce qui existe, mais aussice qui n'existe pas encore et qui devrait exister ; par ce moyen, l'Encyclopédie vise aussi à transformer la société :.
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