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En vous appuyant sur votre lecture des Châtiments, dites quel sens vous donnez à ce vers fameux d'« Ultima Verba » (Livre VII, 14) : « Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! »

Publié le 22/10/2013

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Le solitaire sur son île ne cesse, dans Les Châtiments, d'appeler le peuple à la révolte; les chansons qui sont disséminées dans le recueil montrent la dimension populaire que voulait conférer Hugo à cet ouvrage. Il faut donc réveiller le peuple («Lazare! Lazare! Lazare!/ Lève-toi«, Livre II, 2), car il s'est comme absenté depuis le coup d'État; le motif du sommeil(« La caravane«  ....

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« Il -LE SOLITAIRE L'absence du peuple et la présence du Moi Le solitaire sur son île ne cesse, dans Les Châtiments, d'appeler le peuple à la révolte; les chansons qui sont disséminées dans le recueil montrent la dimension populaire que voulait conférer Hugo à cet ouvrage.

Il faut donc réveiller le peuple («Lazare! Lazare! Lazare!/ Lève-toi», Livre II, 2), car il s'est comme absenté de­ puis le coup d'État; le motif du sommeil(« La caravane»,« À ceux qui dorment», « Luna ») ou des ténèbres est récurrent pour signifier cette reculade.

Mais « celui­ là » sait se faire la voix anonyme et impersonnelle qui parle pour le peuple en son absence, qui répond à sa place et ne se soucie pas de la « prudence » : «je laisse à ceux qui veulent longtemps vivre/Cette lâche vertu» (Livre VI, 12).

L'absence de Dieu et la voix de la nature Lorsqu'il constate que« Dieu se dérobe et nous échappe»(« Lux»), qu'il s'est détourné de l'ordre humain en laissant la tyrannie s'imposer en France en plein XIXe siècle(« Chanson», Livre V, 2), Hugo se propose de remplacer le système de la justice -qu'il soit humain ou divin-, en se substituant aux juges qui condam­ nent et aux prêtres qui excommunient.

Toutefois l'appel vers Dieu(« Ô Dieu vi­ vant, mon Dieu! prêtez-moi votre force ») se révèle essentiel pour celui-là qui est seul(« moi qui ne suis rien»).

Le solitaire sur son rocher se fie plus à l'océan qui ne trompe jamais (en matière de marée) qu'au peuple (Livre VI, 9).

Par ailleurs, la voix de l'océan ne fait que re­ couvrir et donner plus de force à la voix du solitaire qui lui laisse alors la parole : « Le monde captif, sans lois et sans règles, /Est aux oppresseurs» (Livre I, 4).

Ill -LE POÈTE Le poète belluaire* «Celui-là», le seul qui reste, et qui s'élève face à Napoléon III en tant qu'intel­ lectuel et artiste, c'est effectivement Hugo.

Baudelaire, dans une lettre du 5 mars 1852 déclare:« Le 2 décembre m'a physiquement dépolitigué »,et l'on a pu dire que « cette formule pourrait servir de devise à la littérature des années qui suivent le demi-siècle» (Ross Chambers).

Hugo apparaît comme le seul qui se bat, animé d'une« sainte fureur», et« Pareil aux noirs vengeurs devant qui l'on se sauve,/ J'écraserai du pied l'antre et la bête fauve,/L'empire et l'empereur» (Livre II, 7).

Le gardien de la langue «Celui-là» est aussi le poète qui utilise dans les Châtiments une langue duelle qui relève à la fois de l'histrion et de l'assassin (comme l'était Louis Napoléon) mais qui permet de se libérer de cette tyrannie en la dénonçant, en livrant le tyran à Dieu(« Sacer esto »)et en redonnant à la langue son rôle de Verbe c'est-à-dire son pouvoir d'action, que l'on peut lire entre autres dans l'image prégnante du Progrès.

« Celui-là » est aussi devenu prophète.

Conclusion.

Les Châtiments apparaissent effectivement comme un recueil unique au XIXe siècle, à la fois trop actuel par son engagement politique et totalement décalé par rapport au mouvement littéraire à la mode (l'art pour l'art, Parnassiens), mais ce vers d' « Ultima verba » montre bien le rôle dont Hugo se sentait investi en face de la tyrannie.

Par là le Je de Hugo pourrait bien se révéler comme un modèle actuel.. »

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