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en quoi Pasolini, revisite-t-il le personnage d'Oedipe dans son film ?

Publié le 04/02/2016

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En quoi Pasolini, revisite-t-il le personnage d’Oedipe dans son film ? Avec Œdipe roi, de Sophocle on ouvre une nouvelle ère du tragique, dont les conflits ne jouent plus seulement entre l'humain et des forces divines, mais aussi entre le sujet et sa propre conscience, faisant surgir ainsi l'individu au cœur de la cité. L'Œdipe roi de Pasolini s'affiche comme une réécriture de la pièce de Sophocle. Les œuvres sont traitées sur un mode onirique, la pièce de Sophocle s'inscrit dans le film à la manière d'un scénario inconscient et archaïque, dans lequel symboles et silences signifient autant que les mots. Le film fait de la tragédie antique l'archétype d'un questionnement sur soi, qui met aussi en jeu l'énigme de l'identité créatrice. À la fois autoportrait et figure légendaire, le héros tragique devient, comme dans la pièce antique, sujet d'une interrogation sur la condition humaine et la portée universelle est clairement signifiée par le mélange culturel qui caractérise le choix des décors, des costumes et de la musique. Sophocle et Pasolini travaillent sur les mêmes données, chez l’un comme chez l’autre. Œdipe sera inévitablement parricide, incestueux et se crèvera les yeux. S’ils ne peuvent changer les faits, ils peuvent toutefois en donner une présentation, une interprétation et un éclairage différents. L’Œdipe de Sophocle ne ressemble ainsi en rien à l’Œdipe pasolinien. Ce sont deux figures antithétiques, deux coupables dissemblables, qui mènent différemment leur quête d’identité. Ainsi nous verrons en quoi Pasolini, revisite-t-il le personnage d’Oedipe dans son film ? Les deux artistes on transcrit deux reconstitutions différentes, dans la tragédie de Sophocle, il évoque le jour de règne d’Œdipe et même son dernier jour d’homme heureux. Son passé n’y fait l’objet que de brèves références et allusions : à sa naissance, à son abandon sur le mont Cithéron puis à son adoption par les souverains de Corinthe. Tant dit que dans l’œuvre de Pasolini nous suivons Œdipe dans son évolution depuis le début. Immédiatement on découvre un Œdipe encore bébé, déjà face a son desti...
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« est « le meilleur des humains » aux dires du Prêtre.

Durant quinze ans, il est le roi légitime, incontesté de Thèbes, qui le considère comme son « sauveur ».

Il est l’époux de Jocaste, Œdipe est enfin un mari heureux avec quatre enfants auxquelles il fait des adieux pathétiques au dénouement.

Compatissant envers les malheurs de son peuple, Œdipe se montre conscient de ses devoirs et de ses responsabilités.

Lorsque la maladie frappe Thèbes de plein fouet, ses sujets lui font comprendre que cette punition divine vient du fait que l’assassin de Créon n’a pas été puni.

Ses qualités font de lui un héros ainsi sa chute n’en sera que plus rude.

Alors que dans le montage du film, on lie l’apparition de la peste à son mariage incestueux.

Œdipe n’en est donc qu’au début de son règne.

Son union avec Jocaste le rend manifestement heureux, du moins jusqu’à la découverte de la vérité.

En revanche, Pasolini ne fait pas de lui un père : il n’y a pas la moindre allusion à ses quatre enfants.

Dans l’épilogue, c’est Angelo, qui n’a aucun lien de parenté avec lui, qui prend la place d’Antigone.

Comparé à l’Œdipe de Sophocle, le personnage de Pasolini ne possède donc pas de qualités particulières.

À l’inverse de son lointain ancêtre, il est un anti-héros.

Le film montre un tout autre personnage. Tant dans la pièce que dans le film, Œdipe est un homme en quête de ses origines.

Mais si cette quête est la même dans son principe et dans son dénouement, elle diffère dans ses modalités et peut-être même dans ses motivations.

Le dramaturge dote son héros d’une inquiétude existentielle.

« De qui suis-je le fils ? » -t-il à Tirésias, qu’il force littéralement à parler.

Œdipe mène son enquête contre l’avis de Jocaste, qui fait tout pour l’en détourner : « Ah ! Puisses-tu jamais n’apprendre qui tu es », lui dit-elle. Lui-même d’ailleurs se trompe sur ses intentions : « Eh ! Qu’éclatent donc tous les malheurs qui voudront ! Mais mon origine, si humble soit-elle, j’entends, moi la saisir. Dans son orgueil de femme, elle rougit sans doute de mon obscurité : je me tiens, moi, pour fils de la Fortune ».

C’est cet orgueil qui le fait rechercher les témoins de l’assassinat de Laïos.

Son obstination à connaître la vérité provoque sa perte : « Je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l’époux de qui je ne devais pas l’être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! » Face au Sphinx, il était l’homme qui savait et ce savoir lui procura la puissance.

Par un retournement de situation propre à la tragédie, ce même savoir le précipite dans l’abîme.

Chez Pasolini, le processus est inverse.

Longtemps son Œdipe fait tout pour ne pas savoir.

Le Sphinx lui pose une question radicalement différente de celle fixée par la tradition : « Il y a une énigme dans ta vie.

Quelle est-elle ? » La question ne porte plus sur les caractéristiques de la condition humaine mais porte sur la seule personne d’Œdipe.

Celui-ci lui répond qu’il ne veut rien savoir, qu’il ne veut rien entendre.

Par la suite, il ne croit ni Tirésias ni Créon, qui brandit un carton sur lequel est écrit qu’Œdipe veut ignorer sa culpabilité.

Créon lui dira : « Ce qu’on ne veut pas savoir n’existe pas.

Ce qu’on veut savoir existe ».

C’est clairement laisser entendre qu’Œdipe enfouit ses soupçons au plus profond de lui-même, qu’il veut mener son existence comme si de rien n’était.

Quand, dans la seconde partie de l’histoire d’Œdipe, Pasolini suit la pièce de Sophocle, Œdipe se trouve certes contraint de mener l’enquête sur ses origines.

Mais il aura tout fait auparavant pour l’éviter.

Le savoir le rattrape en quelque sorte.

Le personnage de Pasolini mène une enquête en ne voulant pas connaître la vérité. Dans les deux œuvres, Œdipe est incestueux, et parricide.

Œdipe l’est obligatoirement : la parole oraculaire le condamne inexorablement à le devenir.

Est-il pour autant coupable ? La question se pose aussi bien dans la pièce que dans le film.

Le dramaturge et cinéaste y apportent des réponses différentes.

Chez Sophocle, parricide,. »

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