En quoi le personnage de roman reflète t-il la société ?
Publié le 01/06/2015
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Marion Duvauchel - professeur certifiée en lettres [email protected] Vous trouverez un exemple de dissertation sur le personnage En quoi le personnage de roman reflète t-il la société ? Il y a une histoire de la France littéraire. La littérature, en particulier ce genre qui a englouti la presque totalité de la production littéraire et qui s'appelle le « roman » s'inscrit dans une histoire, dans un espace et dans une société dont elle reflète les questions, les réponses, mais aussi les désordres, les contradictions, les luttes et les misères. Le personnage de roman, dans la mesure où il est parfois le double de l'auteur ou une marionnette qu'il utilise à des fins littéraires, reflète quelque chose d'une société donnée. Ce reflet, est-il une totalité ou n'est-il qu'une partie du contexte historique d'une époque ? L'auteur en est-il prisonnier ou peut-il aussi jouer, s'en extraire, voire s'en libérer ? Nous verrons dans un premier temps le roman en tant qu'il est ce miroir que le romancier promène sur le chemin, nous verrons ensuite qu'il ne peut être qu'un miroir, car en quoi se distinguerait -il alors du simple documentaire, et enfin nous verrons également qu'il peut tout simplement refléter une âme. Les hommes sont dans l'Histoire, presque prisonniers de la société à laquelle ils appartiennent, qu'ils y occupent des fonctions privilégiées, qu'ils la contestent ou qu'ils s'y adaptent. Le romancier n'échappe pas à la règle. Mais cette société, il n'y est pas toujours à l'aise. Il n'y adhère pas totalement. Ecrirait-il si cela était le cas ? Ce dont il témoigne souvent, c'est d'une distance plus ou moins grande par rapport à cette société, et en particulier par rapport à ses choix. Ainsi V. Hugo écrit -il sa vaste fresque humanitaire les Misérables comme une immense plaidoirie pour le peuple. Reflètent-elles véritablement l'état de ce qu'on appe...
«
Les personnages de Maupassant, qui décrivent des vies gâchées, des mœurs rurales odieuses, des
égoïsmes monumentaux, sont -ils le reflet d’une société ou du pessimisme foncier d’un homme
malheureu x ? Il est en tous les cas éclatant que la société est dans ce moment de l’histoire littéraire un
fait obsédant, dont le roman porte la trace.
Les littératures non européennes portent plus visiblement la
trace du monde concret dans lequel les hommes vivent et que Maupassant rendait comme aucun autre
sans doute.
Elles sont parfois plus difficiles d’accès.
Le roman japonais a ses codes esthétiques, certes, qui
diffèrent des nôtres, mais il décrit aussi une société dont les codes différent profondément.
Il va s’en dégager.
Les romanciers du siècle suivant poursuivent l’effort, poursuivent le rêve.
Mais ils
trouvent d’autres esthétiques, d’autres recettes aussi parfois.
Certes La peste de Camus semble se passer
dans une ville, Oran, mais, cette peste est plus s ymbolique que réelle.
C’est la métaphore du mal, du mal
qui obsède les hommes et qui marque toute leur histoire.
Le mal, bien plus que la société est la hantise
de l’écrivain.
Et le roman est tout autant le reflet des préoccupations philosophiques et métap hysiques des
hommes que le reflet des sociétés.
Balzac l’incarne sans doute mieux que tout autre avec sa Comédie
humaine qui tend à tout montrer du monde humain, social, politique, métaphysique, moral.
Le mal est -il social, est -il inhérent aux hommes, est -il porté par la société comme le voulait Rousseau ?
Peut -on y échapper ? L’homme a -t-il un peu de liberté, est -il contraint par le milieu ? Le roman s’attache
plus que tout autre genre à la question de la liberté humaine, et à la question de la justice.
Le romancier
est un homme inconsolable disait Herman Hesse.
Il ne se console pas de la misère humaine.
Il ne s’y
résout pas.
Il hurle, pleure et se débat ; Driss Charïbi dans l’univers maghrébin, l’auteur de l’Immeuble
Yacoubian , ne reflètent pas une société musulmane soumise à l’Islam.
Ils se dressent contre elle.
Ils sont
de la lignée des L.F.
Céline, le Céline du Voyage au bout de la nuit. La lignée des imprécateurs.
Ils sont en
marge de la société.
Ils protestent contre elle, s’insurgent et réclament d’au tres droits que ceux que la
société donne.
Le droit d’être et de vivre en homme libre.
Et c’est en cela que le roman ne peut ni ne doit se contenter d’être un simple miroir.
Il ne le peut, car
aucun homme n’est un miroir objectif.
Du simple fait de son e xpérience, d’être né « puissant ou
misérable », sa sensibilité se colore, et parfois il ne peut se libérer de son passé.
Ou même de son temps.
Camus écrit depuis son passé de «pied -noir », Malraux depuis son expérience de résistant.
Saint Exupéry
de son ex périence de pilote.
Ce n’est pas tant la société qui obsède Malraux que la communion entre les
hommes, que la fraternité, et que la « condition humaine ».
Ou Kessel, entêté d’aventure.
Cette condition
qui est la même quelle que soit la société où les homme s vivent, aiment et meurent.
Condition incarnée.
Condition incarnée certes, mais à laquelle les hommes aspirent à échapper, comme à leur
conditionnement familial, tribal ou social.
Julien Sorel meurt de ne pas échapper à son milieu, Fabrice del
Dongo n’est sympathique que parce que précisément il transcende par sa jeunesse piaffante et impatiente
toute la société à laquelle il appartient.
Les aventuriers de Kessel n’appartiennent à aucune société
organisée, hormis la leur.
Igrisheff est un homme sans code, au fond sans honneur, en dépit d’une sorte
de grandeur.
Le monde de Kessel ne reflète pas une société, il décrit des hommes plus grands que leur
temps, qui ne sont pas de leur temps.
Il décrit un ailleurs qui n’est pas seulement un ailleurs temporel
mais u n ailleurs de l’âme.
Car ce que les romanciers décrivent, c’est aussi l’homme.
L’homme tel qu’il est, tel qu’il se rêve, tel qu’il
s’invente, tel qu’il se projette.
L’homme dans toutes ses dimensions : le même et l’autre, l’idéal et le réel,
dans ses menso nges et ses illusions, dans sa cupidité mais aussi dans sa profonde générosité.
Et dans le
meilleur du roman, toutes ces dimensions se mêlent avec bonheur.
Il en est ainsi sans doute des romans
de Salman Rushdie, comme Les enfants de Minuit, où le réel ind ien et le fantastique semblent se lier
indissolublement.
Kipling avait le même don de conteur, mais moins de subversion.
Le personnage de roman n’a pas fini sa longue histoire.
Il se prête à toutes les métamorphoses et il
endosse tous les désirs et les attentes des hommes.
Il a pu s’appauvrir à un moment de son histoire,
lorsque l’esthétique du nouveau roman a cru en finir avec le réel.
Mais il n’a pas encore dit son dernier
mot.
Le roman a une fonction : celle de connaissance.
Une connaissance toute par ticulière, qui n’est pas
la connaissance scientifique, sèche, appauvrie, appauvrissante et dénuée de cœur lorsqu’elle ne
s’accompagne de rien d’autre que de sa suffisance : la connaissance du cœur humain, qui est d’une
richesse surabondante, dans ses erran ces comme dans ses droitures, dans le meilleur de ses rêves, dans
le meilleur de son rêve, comme dans ses pires cauchemars..
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