En quoi le personnage de roman est-il porteur de l'image d'une société? George Duroy Extrait: partie I, chapitre 1 de « la caissière » à « des hommes de familles »
Publié le 06/10/2018
Extrait du document
étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées, et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.
Les concierges, en manches de chemise, à cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes cochères, et les passants allaient d'un pas accablé, le front nu, le chapeau à la main.
Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s'arrêta encore, indécis sur ce qu'il allait faire. Il avait envie maintenant de gagner les Champs-Élysées et l'avenue du bois de Boulogne pour trouver un peu d'air frais sous les arbres ; mais un désir aussi le travaillait, celui d'une rencontre amoureuse. Comment se présenterait-elle ? Il n'en savait rien, mais il l'attendait depuis trois mois, tous les jours, tous les soirs. Quelquefois cependant, grâce à sa belle mine et à sa tournure galante, il volait, par-ci, par-là, un peu d'amour, mais il espérait toujours plus et mieux.
Incipit: portrait de Duroy
«
vulgaires » Duroy veut rencontrer une femme pour ne plus avoir
à côtoyer les rodeuses.
Il ne veut pas n’importe quelle femme.
Conclusion:
Cet incipit nous pose les bases du roman, comment G.Duroy va-
t-il user de son charme pour rencontrer une vraie femme et
connaître une ascension sociale?
Texte:
Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de
cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.
Comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-
officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste
militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un
regard rapide et circulaire, un de
ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups
d’épervier.
Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites
ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal
peignée, négligée, coiffée d’un chapeau toujours poussiéreux
et vêtue toujours d’une robe de travers, et deux bourgeoises
avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.
Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile,
se demandant ce qu’il allait faire.
On était au 28 juin, et il
lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le
mois.
Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux
déjeuners sans dîners, au choix.
Il réfléchit que les repas du
matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que
coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des
déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui
représentait encore deux collations au pain et au saucisson,
plus deux bocks sur le boulevard.
C’était là sa grande dépense
et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la
rue Notre-Dame-de-Lorette.
Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des
hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entr'ouvertes
comme s’il venait de descendre de cheval ; et il avançait
brutalement dans la rue
pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour
ne point se déranger de sa route.
Il inclinait légèrement sur
l’oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et
battait le pavé de son talon.
Il avait l’air de toujours
défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière,
par chic de beau soldat tombé dans le civil.
Quoique habillé d’un complet de soixante francs, il gardait
une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle
cependant.
Grand, bien fait, blond, d’un blond châtain
vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait
mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une
pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement,
séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien
au mauvais sujet des romans populaires.
C’était une de ces soirées d’été où l’air manque dans Paris.
La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer dans la nuit
2.
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