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En quoi la poésie peut-elle permettre de déchiffrer le monde ?

Publié le 21/09/2011

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D’autres poètes considèrent qu’il existe un monde spirituel, que seule la poésie permet de rejoindre. C’est le cas du poète « maudit «, qui est un être marginal et révolté, supportant mal le fait de vivre dans le monde réel, qui souvent le dégoute. Il ne se sent pas à sa place et souffre d’un mal de vivre. C’est le cas de Victor Hugo, qui suite à la perte soudaine de sa fille Léopoldine, écrit la deuxième partie des Contemplations, « Aujourd’hui «, une méditation sur la mort et sur la destinée humaine, comme on peut le voir dans le poème Mors, qui s’ouvre sur la figure de la Faucheuse, allégorie de la mort. Le contraste avec la première partie du recueil « Autrefois «, consacrée aux poèmes du bonheur, montre bien le mal dont souffre Hugo à cette époque de sa vie.

« Verlaine.

Dans ce recueil, il parle d'une harmonie lointaine, et lance un appel au chaos, il est comme possédé par latristesse et le malheur, preuve du mal qui le ronge.

Charles Baudelaire est l'archétype du poète « maudit », avec sonœuvre Les fleurs du mal, en particulier la section Spleen et idéal.

Le thème du Spleen qui signifie « mélancolie », luiest associé : il est dégouté du monde réel et cherche un moyen de s'en éloigner.

Tous ces poètes tentent detrouver une échappatoire à la réalité qu'ils n'acceptent pas, et certains y parviennent en se joignant au mouvementsymboliste.Ce mouvement est basé sur l'idée que l'homme a été séparé de sa vraie patrie à la naissance.

Il y a ainsi deuxmondes, le monde naturel, matériel, dans lequel il est exilé, et le monde spirituel duquel il a été arraché.

La poésieest le moyen de retrouver le chemin perdu de ce monde.

Pour les symbolistes, le fait que l'humain possède cinq sensmontre qu'il y a une séparation, car ceux-ci sont fragmentés et ils considèrent donc que l'univers l'est aussi en deuxmondes distincts.

Il en découle une nostalgie, une éternelle insatisfaction.

La mission dont s'incombent lessymbolistes, est alors d'établir des liens entre ces deux mondes, entre le haut et le bas, comme dans le poèmeElévation de Charles Baudelaire, porte-parole des symbolistes, dans lequel, comme son nom l'indique, le poètes'élève et se dédouble pour atteindre une plus haute dimension.

Dans son poème Correspondances également,appelées aussi « synesthésies », les analogies permettent de passer du monde des sens et des perceptions à celuides idées.

Arthur Rimbaud, qui est aussi un symboliste, écrit Aube, dans les Illuminations, qui évoque la magie dumonde qui émerge des ténèbres, comme si le poète venait de s'éveiller dans un espace supérieur, avec la métaphoredu lever de soleil.

Dans Poèmes, on a l'idée d'éternité, de réconciliation des opposés, qui suggère un retour à uneunité perdue, avec l'emploie de synesthésies.

La poésie est donc pour Rimbaud une renaissance, qui a pour but leretour aux origines, avant que l'homme ne soit arraché du monde spirituel.

Quant à Jules Laforgue, un décadentiste(symboliste cherchant avant tout à retranscrire la dualité dont il est fait, être contradictoire), il a une écriture toutà fait particulière, un esprit souvent railleur et provocateur, grâce auquel il fait éclater les formes poétiquespréexistantes.

Reprenant le thème Baudelairien du Spleen et le motif du dégout, il a une volonté de refuge vers unailleurs qui se marque par une déréalisation dans ses poèmes, et la création d'un espace privilégié, plus spirituel.C'est ce qu'évoque La Cigarette, tirée du recueil Sanglot de la Terre, où il utilise la cigarette comme métaphore d'undélire qui fait planer à des kilomètres du sol, du monde réel.

Cependant, on trouve chez Laforgue, en plus d'unevolonté de rejoindre un espace supérieur et coupé du monde matériel, une désacralisation du poète : ce n'est plusla figure du Mage, du prêtre, qui s'élève vers un monde sacré, mais d'un individu dérisoire, un pantin ridicule et sansenvergure.

La Cigarette en est un exemple parfait, où on trouve des effets de décalage et de dissonances, ironie etautodérision : le poète se remet en cause lui-même.

C'est donc une forme d'introspection que fait Laforgue, il secentre sur lui et se remet en question. Les symbolistes essayent par leur art de rejoindre le monde spirituel, dont ils pensent avoir été arrachés, mais pourcertains, cela va plus loin, et c'est non seulement la réalité du monde qui est remise en cause, mais aussi le poètelui-même.

Le poète est donc un être incomplet qui a pour moyen son art pour essayer de chercher ce qui luimanque, il cherche à satisfaire ses aspirations. Ainsi, la poésie peut être une façon de plonger dans l'inconscient humain, d'exprimer et de comprendre son propremonde et d'explorer ses sentiments.

Au XIXème siècle, le mouvement romantique centré sur le « moi » personnel,occupe une grande place.

Ce mouvement s'est développé dans le sillage de la Révolution française, dont l'un desacquis fut la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Cette révolution est un mythe pour les poètesromantiques, elle a apporté le nécessaire idéologique à leur mouvement : la notion d'individu essentiel.

Ilsrevendiquent l'originalité et la singularité de chaque personne, c'est pourquoi ils prônent de laisser largement place àl'expression des sentiments et des sensations en se dégageant des contraintes de la poésie classique.

Ils jouent surles contrastes, l'opposition du beau et du laid, du sublime et du grotesque et préconisent la liberté et le naturel.C'est l'abandon des utopies collectives.

Le premier succès romantique fut les Méditations poétiques d'Alphonse deLamartine.

Ce poète ose être ému et sincère, avec une mélancolie, légèrement élégiaque, qui n'est pas moins forteet profonde.

Les poèmes de ce recueil font donc la part belle aux sentiments personnels, ils sont marqués par lessoupirs de l'âme de Lamartine, qui évoque les souvenirs et les regrets, les espérances et les désespoirs, qu'ilconfesse à la nature, qui a une place importante.

Elle est la toile sur laquelle le poète projette ses émotions, ladescription des paysages naturels reflète ses états d'âme.

Dans l'Isolement, que le poète écrit après la mort de sonamante Elvire, il s'abandonne à son chagrin dans une rêverie presque suicidaire : il est triste, déprimé, etcomplètement seul.

C'est un monologue marqué par le champ lexical de l'infini et de la mort.

Le titre est à doublesens : il suggère à la fois la solitude de Lamartine, mais rappelle également le thème romantique du poète centré surlui-même.

Alfred de Vigny est aussi une grande figure du romantisme.

En effet, son recueil Poèmes antiques etmodernes, est marqué par le pessimisme le plus complet : il se sent seul et autour de lui, il n'aperçoit que deshommes indifférents ou hostiles et une nature impassible.

Chez lui, l'expression du sentiment se fait par l'emploid'une série de symboles.

Victor Hugo s'intéresse également au monde intérieur de l'être humain et à ses émotions,et son poème La tristesse d'Olympio, du recueil Les rayons et les ombres, expose une conception du sentimentamoureux comme étroitement lié à la douleur, ne pouvant exister que par elle.

Il chante les thèmes de la nature, del'amour et de la mort, que l'on retrouve dans Souvenir d'Alfred de Musset , avec la notion de nostalgie du temps quipasse en plus.

Le poète romantique est donc profondément axé sur son monde intérieur, et l'expression dessentiments : c'est une forme de lyrisme.La poésie lyrique a un caractère collectif, le poète en parlant de ce qu'il vit, de ses expériences, parle au nom desautres.

Le « je » de l'énonciation n'est pas forcément le « je » du poète.

Il est multiple et devient le lieu de tous les« je » possibles, le poète fait l'abstraction d'une parole intime où chacun peut se glisser pour y partager l'émotion.Parmi les thèmes privilégiés de la poésie lyrique, on compte l'amour, le temps, la mort, la nature, l'autre.

Elle est lelieu où s'exprime toute la gamme des sentiments : joie, tristesse, espoir, désespoir, tendresse, révolte… La poésielyrique est souvent mélancolique, elle prête ses accords à l'homme écrasé par le chagrin, par une société et par une. »

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