En quoi cet essai de Montaigne, par le contexte de cette époque, nous permet-il d’effectuer une analyse introspective en nous incitant à la réflexion afin d'aiguiser notre sens critique et notre regard sur le monde et les cultures étrangères ?
Publié le 05/05/2021
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Voici là les portes du nouveau monde qui s’ouvrent à nous, on pourrait embrasser ce savoir ou bien le rejeter. On a le choix dans toute pensée et action, sortir de cette vision ethnocentrique, passer outre les préjugés et faire usage de sa raison. EL HAZGOUNE MARYAM 1G1 DISSERTATION Les ESSAIS (1580-1588-1595) de Michel de Montaigne (1533-1592) constituent une œuvre hybride au niveau historique et littéraire à la fois philosophique et autobiographique, marquée par l’Humanisme déclinant et le Baroque émergeant. La réflexion des chapitres “Des cannibales” (l, 31) et “Des coches” (III, 6) s’inscrit dans le contexte des Grandes Découvertes, notamment celle du continent sud-américain, et porte sur les questions d’altérité, de la relativité des valeurs, de la colonisation européenne, dénoncée et condamnée par Montaigne.
“Notre monde vient d’en trouver un autre” écrit Montaigne dans son essai “Des coches”, rappelant ainsi l’importance de la découverte de ce nouveau continent à son époque.
En quoi cet essai de Montaigne, par le contexte de cette époque, nous permet-il d’effectuer une analyse introspective en nous incitant à la réflexion afin d'aiguiser notre sens critique et notre regard sur le monde et les cultures étrangères ?
Pour répondre à cette question, nous verrons tout d’abord que par la découverte du Nouveau Monde Montaigne nous force à une certaine réflexion et prise de conscience à l’égard du monde. Puis nous aborderons la question de la relativisation des mœurs indiennes contre la dénonciation des mœurs européennes, source de corruption. Enfin nous nous intéresserons plus en détail au courant humaniste et à ce besoin primordial d'acquisition de savoir afin d’être plus apte à la réflexion, au questionnement et à l’acceptation de l’inconnu. Au premier abord la découverte du Nouveau Monde, par les différentes idées, devient à cette époque source de débats et controverse, c’est ce dont nous parle Montaigne à travers son essai quand il dénonce le jugement infondé des européens à l’égard des peuples indigènes.
En premier lieu, force de constater la constante comparaison entre les européens et la civilisation amérindienne faite d’un côté par les européens grandement influencés par leur ethnocentrisme et d’un autre côté on retrouve celle de Montaigne qui lui défend vigoureusement les indiens d'Amérique. En comparant ces deux différentes civilisations, Montaigne nous expose également le regard qu’elles portent
« l’une sur l’autre. Quand il décrit, dans le chapitre “ Des coches ”, la société française, Montaigne suggère très souvent l’orgueil, l’arrogance et la vanité tandis qu’il fait l’éloge des valeurs indiennes telles que le courage, la solidarité et le partage. Il en revient même à redéfinir de façon relative le terme de barbarie qui, d’après son explication, reflète mieux la civilisation européenne que celle indienne. Montaigne inverse les valeurs et prend la défense de l’état sauvage contre l’état dit civilisé. Malgré que Montaigne défende les indigènes, il ne masque pas pour autant la cruauté de certaines de leurs pratiques, comme on peut le voir dans le chapitre “ Des cannibales ” lorsqu’il nous peint le tableau rebutant des actes anthropophages mais tout de même moins horribles et inférieure à la barbarie européenne lors des guerres de religion. T out comme Montaigne, dans l’extrait de RACE ET HIST OIRE, Lévi-Strauss nous montre la réversibilité du terme “sauvage” : . Il évoque l’attitude psychologique générale de l’homme qui, face à l’étranger , consiste en une forme de rejet. Par conséquent, Montaigne s’empresse dans son essai dans le relativisme culturel, idée reprise par la célèbre phrase : “Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage”. Par la comparaison de la civilisation indienne et des européens on se rend compte du regard que les sociétés portent l’une sur les autres. À la lecture du chapitre “ Des coches ” on prend conscience de ces dif férences d’idées : lorsque Montaigne a eu l’occasion de discuter avec deux indiens venus en France pour visiter , ils l’avaient interrogé car ils trouvaient absurde qu’un simple “enfant” entouré de grands hommes soit le dirigeant du pays (ils parlent ici du roi) au lieu du guerrier le plus fort parmi tous les autres (pour les indiens le plus fort est celui qui dirige et par au combat avec ses soldats). Les deux indiens expriment également leur étonnement face à la hiérarchie insensée (de leur point de vue) française : ségrégation socio-spatial très prononcée. Montaigne est de l’avis des indiens d’Amérique et se soumet à une réflexion sur les relations entre les souverains et leurs sujets. Par l’extrait de TRISTES TROPIQUES, tout comme Montaigne, Lévi-Strauss explique que les comparaisons éthologiques permettent de parvenir à une forme de sagesse, puisqu’aucune société n’est parfaite, ou meilleure qu’une autre. Cette discipline nous amène à un relativisme culturel, et donc moral. Enfin, suite à diverses réflexions, on aboutit à une prise de conscience de l’immense diversité culturelle et on réalise l’étendue de notre ignorance dont on se croyait immunisés. “ Je crains que notre faculté de connaître ne soit faible en tous sens : nous ne voyons guère loin [devant], ni guère derrière ; elle embrasse peu et vit peu, elle est courte et en étendue de temps et en étendue de matière ” écrit Montaigne dans son essai. Il débouche ici sur une réflexion concernant nos limites créatives et intellectuelles. Notre ethnocentrisme nous empêche d’apercevoir notre ignorance face au monde. Montaigne cite Solon quant à l’infinie quantité de savoirs que l’esprit pourrait acquérir s’il en avait les capacités. À partir de l’exemple de la découverte de l’Amérique, Montaigne se lance dans la réflexion sur l’arrogance et de l’orgueil humain. On vient à se demander si ce n’est pas le dernier monde à découvrir puisque l’on vient tout juste d’apprendre l’existence de tout un monde que l’on ne connaissait pas. Dans HIST OIRE NA TURELLE, Pline (Ier s. ap. J.C.) aborde le thème de l’infinie diversité des mondes, des cultures, des hommes, conforme à l’infinie diversité des sociétés humaines. Il illustre ce thème en établissant une analogie entre les dif férences parmi. »
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