En quoi Andromaque est-elle une tragédie classique ?

« Les actions s'enchaînent également de manière vraisemblable, c'est à dire que rien dans cette pièce ne revêt de caractère absurde.

En effet, le déroulement desévénements est compréhensible et des références aux héros ou dieux antiques ne vien en rien entraver cette vraisemblance. C) Une structure régulière La pièce est écrite en 5 actes, à l'instar de nombreuses pièces classiques.Andromaque est également écrite en vers et plus précisément en alexandrins, un type de vers très prisé par les auteurs classiques.

Il y en a évidemment de nombreuxexemples dans la pièce.

Oreste : « Tu sais de quel courroux mon coeur alors épris » Transition : La pièce de Racine semble jusqu'ici parfaitement répondre aux critères de la tragédie classique.

Il reste tout de même un point important à aborder.

Lepoids de la fatalité est en effet une constante dans les œuvres de Racine, à laquelle Andromaque n'échappe pas.

Mais cette fatalité a également un rôle moral auprèsdes spectateurs qui se voient purgés de leurs passions.

Ce procédé, la catharsis est l'une des fonctions de la tragédie selon Aristote.

Il s'agit de libérer les spectateursde leurs passions en les exprimant symboliquement. III – Un destin fatal, une leçon pour les spectateurs A) La fatalité et une fin tragiqueLa fatalité Bien que les divers personnages luttent pour se soustraire à leur passions, ceux-ci ne peuvent y échapper.

Ce conflit interne que connaissent les personnages est parexemple visible avec Pyrrhus qui connaît un étroit conflit interne entre sa passion et ses devoirs politiques. « Moi, l'aimer ? Une ingrateQui me hait d'autant plus que mon amour la flatte ?Sans parents, sans amis, sans espoir que sur moi,Je puis perdre son fils ; peut-être je le dois.Étrangère...

que dis-je ? esclave dans l'Épire,Je lui donne son fils, mon âme, mon empire ;Et je ne puis gagner dans son perfide coeurD'autre rang que celui de son persécuteur ?Non, non, je l'ai juré, ma vengeance est certaine :Il faut bien une fois justifier sa haine.J'abandonne son fils.

Que de pleurs vont couler !De quel nom sa douleur me va-t-elle appeler !Quel spectacle pour elle aujourd'hui se dispose !Elle en mourra, Phoenix, et j'en serai la cause.C'est lui mettre moi-même un poignard dans le sein.

» Oreste, dernier des Atrides, ne peut échapper au destin tragique qu'ont connu tous les membres de sa famille, dont l'histoire est traversée de meurtres en tous genresparricides...

Bien qu'il ne décède à la fin de cette pièce, il est tout de même pris de folie.Hermione et Pyrrhus décèdent, Pyrrhus assassiné, seule issue étant donné le chantage qu'il a fait subir à Andromaque pour l'épouser.

Hermione, elle se suiscide sur lecorps de Pyrrhus, son bien-aimé qu'elle a fait assassiné.

C'est également la seule issue pour elle. C) Qui amène le spectateur à se purger de ses passions (catharsis) Boileau, l'Art Poétique : "Que dans tous vos discours la passion émueAille chercher le cœur, l'échauffe et le remue." Effet de terreur mis en exergue : Passions amoureuses châtiées ==> Les amours impossibles d'Oreste pour Hermione alors qu'elle est promise à Pyrrhus qui lui, de son côté est épris d'Andromaque.Les personnages sont déchirés par leurs passions et y succombent.

Le spectateur est ainsi purger de ses propres passions, devant la tragédie du destin despersonnages.La tragédie a une visée morale : toucher et instruire conforme au classicisme.Ainsi, de nombreux termes se rattachant à la terreur et à la mort se retrouvent tout au long de cette oeuvre.

L'auteur n'hésite pas ainsi à utiliser les termes de« poignard », « sang », ou plus significatif encore « ruisseaux de sang ».Lorsque Oreste sombre dans la folie, allusion à de nombreuses connotations morbides : « filles d'enfer » ou « coeur à dévorer ».Andromaque, modèle de l'épouse vertueuse qui reste fidèle à son défunt mari, Hector, et de la bonne mère qui tient à son jeune fils, Astyanax finit par triompher danscette pièce. Effets de style qui visent à faire ressortir l'incompréhension du personnage et à accentuer la pitié ressentie par le spectateur : Une ponctuation interrogative abondante montrant l'incompréhension du personnage.Des points de suspension qui mettent en avant cette incompréhension.Une succession de verbes à l'indicatif plongeant le spectateur dans l'enchaînement morbide des actions et lui faisant ainsi suivre la progression du héros sombrantdans la folie.

Ceci est très clair dans le cas d'Oreste.Un lecteur ainsi pris de pitié et de compassion pour ce personnage qui se laisse sombrer.

En témoignent les impératifs « Venez », « Mais non, retirez-vous » ==> Cette épilogue qu'est la folie d'Oreste provoque ainsi la purgation des sentiments du spectateurs, ainsi libéré de ses passions dans la vie réelle. Conclusion : La pièce de Racine, Andromaque, apparaît ainsi clairement comme un modèle de tragédie classique, digne de son auteur.

Elle est d'ailleurs considéréecomme sa première tragédie et respectant les règles classiques de manière cartésienne, ce qui ne sembla pas déranger Racine pour les mettre en place.

Elle connutd'ailleurs un grand succès, et il serait bien sûr contradictoire d'avancer qu' Andromaque n'appartient pas à ce genre de la tragédie qui a contribué la gloire dumouvement classique.. »