En quoi Andromaque apparait-elle comme une héroïne tragique aux vers 1009 à 1036
Publié le 20/03/2022
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En quoi Andromaque apparait-elle comme une héroïne tragique aux vers 1009 à 1036
Dans cet extrait, Andromaque est confrontée à un véritable dilemme : privilégier sa fidélité à
Hector ou la survie de son fils ? A travers la posture d’Andromaque, nous verrons pourquoi
cette dernière peut être qualifiée de véritable héroïne tragique.
Il convient tout d’abord de rappeler ce qui caractérisent les héros tragiques.
En l’occurrence il
s’agit de personnages voués à un destin hors du commun et devant faire face à de grandes
souffrances.
De plus face à leurs difficultés, ils inspirent terreur et pitié chez le spectateur.
Concernant Andromaque, elle partage dans cette scène ses réflexions avec sa confidente
Céphise avec qui elle partage ses nombreuses interrogations , preuve des conflits intérieurs
qui la tiraillent.
L’extrait étudié s’ouvre sur la position claire d’Andromaque qui explique les raisons rendant
impossible toute union avec Pyrrhus.
Le « Non » placé en début du vers 1009 montre que la
décision est non équivoque, comme si tout autre option était inenvisageable.
Les mots choisis
sont forts, et exprime tout le dégoût que lui inspire Pyrrhus.
Andromaque ne se rendra pas
« complice de ses crimes » et donc coupable à sa façon.
Andromaque, fière, préfère assumer
un destin tragique et mourir.
C’est alors que Céphise intervient, feignant la résignation : « Hé bien, allons donc voir
expirer votre fils ».
Elle rappelle ainsi à Andromaque que refuser l’union avec à Pyrrhus
revient à condamner son fils à mort.
Cette intervention réveille l’amour maternel
d’Andromaque, et finalement pose le dilemme tragique auquel doit faire face la captive.
On relève alors une gradation dans la douleur qui frappe Andromaque, visible avec les 2
points d’exclamation dans le vers 1014.
Pour amplifier le drame qui se joue, Racine utilise
une antithèse aux vers 1015 et 1016, d’un côté la mort évoquée avec le verbe « expirer » et
d’un autre côté « ma seule joie », qui caractérise le bonheur d’être mère, son dernier
bonheur comme indiqué avec l’adjectif « seul ».
Andromaque est alors présentée en mater
dolorosa, remplie de douleur rien qu’à l’idée d’imaginer la mort de son fils.
Cette pensée
ravive les souvenirs douloureux du décès de son mari Hector.
Andromaque se projette devant
subir de nouveau la perte d’un être cher, d’abord Hector et demain si elle se refusait à
Pyrrhus, la mort de son fils.
Cette répétition tragique est mise en évidence par le mot
« encor » vers 1015.
Andromaque est clairement déchirée entre le devoir de mémoire et son amour pour son
défunt mari, mort en héros et la demande qu’il lui a formulée au moment de sa mort, à savoir
veiller sur leur fils.
Elle se fait un devoir d’honorer ses dernières volontés « Je te laisse mon
fils », vers 1023 et vers 1026 « à quel point tu chérissais le père.
» Elle se doit donc d’être
fidèle à ses engagements, car Hector lui a fait confiance au moment de mourir.
Ne pas
protéger Astyanax reviendrait à ne pas honorer sa promesse.
Andromaque ne cache pas sa souffrance, tel qu’en témoignent les champs lexicaux autour de
la mort et de la douleur : « crime » vers 1009 et 1029 « victime» 1010, « sang » 1027,
« mourra » 1036, « cruel » 1034, « douleur » 1021, « expirer » 1012 et 1015, « trépas »,
vers 1031.
Andromaque verbalise alors tout haut son raisonnement sous forme de questions rhétoriques
vers 1027 à 1032.
On y relève la noblesse d’Astyanax « sang précieux », vers 1026 qui s’oppose à la cruauté de
Pyrrhus « roi barbare » vers 1029, puis toute la haine qu’il lui inspire : répétition je te hais et
« haine » dans le même vers 1030.
Enfin Andromaque souligne l’innocence de son fils, qui ne
s’est jamais plaint pour toutes les souffrances endurées, ce qui rend encore plus insoutenable
l’idée de le condamner.
La perspective de la mort de son fils Astyanax conduit finalement Andromaque à se résoudre
à une décision courageuse, se livrer à Pyrrhus pour faire sauver son fils, ce qui est une
attitude typiquement héroïque
Sa noblesse d’âme, son courage et son honneur montrent qu’elle a le sens du sacrifice..
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