En quel sens peut-on dire que Victor Hugo a été un grand poète épique?

« 106 XIX' SILCLr Chapelain, Voltaire).

Il a fallu attendre le triomphe du Roman- tisme, pour que le génie épique, qui avait jeté chez nous un si vif éclat au moyen âge, reparût dans notre littérature.

Bien qu'il n'ait pas fait d'épopée comme Homère ou Virgile (vaste récit d'une longue action), Victor Hugo, par la Légende des siècles et certaines pièces des Contemplations, peut être regardé comme un grand poète épique.

I.

Il a le don de l'invention épique.

Il voit grand L'épopée est un monde : hommes, dieux, animaux, univers sensible, histoire et légende, tout doit s'y refléter.

Si cela est vrai, il n'y a pas de plus merveilleuse épopée que la Légende des siècles, histoire poétique de l'humanité, de ses tâtonne- ments, de ses erreurs, de ses progrès....

Les pages sombres dominent (Inscription, Le parricide, Mas ferrer) mais il y en a aussi d'héroïques (Aymerillot, Le cimetière d'Eylau) et de riantes (Booz endormi)....

Un large souffle de bonté et d'huma- nité traverse le livre (Le crapaud, Les pauvres gens).

Rien d'éton- nant si toutes les idées et les chimères du siècle (foi au progrès, à la science, à la liberté, etc.) s'y sont donné rendez-vous.

Victor Hugo ne serait pas un poète, s'il n'était un « écho.

II.

Il a l'inspiration épique...

idées très générales, lieux communs traités d'une manière supérieure (La conscience).

Ses idées ne sont ni très originales ni très liées, mais il les traduit en de magnifiques symboles Plein ciel.

(Cf.

Faguet, p.

187.) III.

Il a le don de la narration aisée, abondante, large et forte, du détail vrai, frappant, pittoresque, qui donne le sentiment de la chose vue (relief, couleur, dessin) Waterloo....

Le mariage de Roland, etc.

Le plus lyrique de nos poètes, il est en même temps le plus objectif.

IV.

Enfin il a le don de créer des images qui dérivent de sensations vraies et même des mythes (un mythe est la personnification des objets inanimés ou des forces de la nature ou la traduction en langage sensible d'une vérité religieuse).

Exemple : Cette faucille d'or...

Les semailles...

Le pâtre promon- toire qui garde les moutons sinistres de la mer....

Cf.

aussi le début de la « Bouche d'Ombre ' (Contemplations).

C! Faguet, Xi XI Siècle, p.

221 et Lanson, Hist.

litt, fr., p.

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