En partant des textes du corpus vous vous demanderez si la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu'à imiter le réel. Vous vous appuierez aussi sur vos lectures personnelles et les œuvres étudiées en classe.

Il. Dépasser l'imitation du réel

Le plus réaliste des romanciers (si ce sont de bons romanciers), quand il crée des personnages, dépasse évidemment la simple imitation du réel.

1. S’évader du réel

• Le roman est aussi évasion dans un monde fabuleux, fantastique, dans des univers improbables (science-fiction, récits merveilleux, fantaisie héroïque à l’anglo-saxonne). Héros dotés de pouvoir magiques, merveilleux, avec ascendances divines ou monstrueuses (Tolkien).

Héros idéalisés des romans de chevalerie (Lancelot, Tristan et Iseut), des romans précieux (L'Astrée), des romans sensibles du xviii® siècle (La Nouvelle Héloïse). Des personnages propres à satisfaire les attentes, les fantasmes de perfection de publics divers qui peuvent s’identifier, retrouver une image valorisante et valorisée.

• À l’inverse, héros dégradés, burlesques : Rabelais, Cervantès, romans réalistes et burlesques du baroque.

2. La nécessaire métamorphose artistique : un monde fabuleux, fantastique, fantaisiste... entre réel et imaginaire

La littérature métamorphose le réel, le dépasse, le sublime par l’écriture.

• Même chez les romanciers réalistes ou naturalistes, les personnages prennent une dimension fantastique.

- Le vieillard de Balzac évolue dans la “ couleur fantastique » d’une lumière blafarde.

- Gueule d’or chez Zola ressemble plus à un » bon Dieu » ou un Vulcain mythologique qu’à un simple forgeron. C’est quand, à la fin d’un chapitre, la description naturaliste se transforme en images visionnaires que Zola excelle (cf. Germinal, le défilé des mineurs en grève ; métamorphose du Voreux, le puits de mine, en ogre qui avale par bouchées les mineurs, tassés dans les cages des ascenseurs ; Mouret contemplant son magasin à la fin d’une journée de soldes dans Au Bonheur des dames...).