En écrivant la pièce de Tartuffe, Molière a-t-il voulu ridiculiser la religion, ou attaquer seulement les faux dévots, ou simplement faire rire le parterre tout en donnant quelques préceptes de morale sociale? Justifiez vos affirmations à l'aide de citations
Publié le 18/02/2011
Extrait du document
INTRODUCTION
Dès qu'un écrivain de génie aborde dans ses livres les grands problèmes dont la solution est éternellement discutée, dès qu'il traite de l'homme et de sa destinée, les critiques s'interrogent sur la signification de l'oeuvre. Il en est ainsi pour Montaigne, Shakespeare, Pascal, Molière. Certains personnages comme Hamlet ou Alceste sont jugés différemment par les siècles successifs. Et en relisant Tartuffe, nous pouvons être surpris du scandale que la pièce suscita en son temps. Est-il possible de résoudre maintenant la question des intentions réelles de Molière? La comédie de Tartuffe est-elle intentionnellement antireligieuse?
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modèles de piété fervente qui donnent à la religion son vrai sens.
Or chez Molière le personnage opposé à Tartuffene paraît guère chrétien : c'est avant tout un raisonneur, un honnête homme, un esprit critique, un caractèremodéré et tolérant.
La religion ne semble guère tenir de place dans sa vie.
On a soutenu que c'était un libertin,c'est-à-dire un libre penseur, un athée.b) Les dévots sincères couverts de ridicule :D'autre part il y a dans Tartuffe des chrétiens sincères, qui ne sont pas de faux dévots : Orgon et Mme Pernelle.
Or,Molière ne nous les présente pas comme des victimes de Tartuffe, mais plutôt comme des fanatiques méchants,hargneux, inhumains.
La religion telle qu'ils la pratiquent est à tout le moins ridicule.
Aussi bêtes, mais plus méchantsque Sganarelle de Dom Juan, ils paraissent de nature à rendre suspectes les intentions de Molière.
III.
- LES VRAIES INTENTIONS DE MOLIÉRE
a) Intentions et effets :Molière n'est pas un anarchiste ni un réformateur illuminé ou un prédicateur.
Bien qu'il se soit défendu vivementcontre ses ennemis, qu'il n'ait jamais lâché prise, il était plutôt conformiste que révolutionnaire.
Tout en ayant peude sympathie pour la religion, il n'a pas voulu la détruire.
Mais c'est ici que les conséquences effectives de Tartuffeont dépassé les intentions de Molière : il a créé le type de la bigote, du cagot, que le public a volontiers confonduavec les vrais dévots puisque les actes extérieurs ne les distinguent pas.
Que reste-t-il si l'on supprime les actesextérieurs que Tartuffe présente comme des simagrées? Une religion abstraite, vidée de son contenu, fondée sur laraison, un déisme voltairien.
Molière voulait faire une comédie; il a déclenché un scandale aux répercussionslointaines, il a un peu brouillé les valeurs.b) L'esprit de Molière.Au fond, Molière n'est pas l'ennemi de la religion : Cléante ne tient aucun propos antireligieux.
Il pourrait êtrechrétien comme l'est le Français moyen.
Mais ce que Molière combat, c'est l'exagération, la recherche de l'absolu,l'héroïsme des vertus.
Bourgeois épris de juste milieu, il se moque de tous ceux qui transforment en manie une choseutile : science, santé, honneur, franchise, religion.
Pousser une vertu à l'extrême nuit à la bonne entente sociale, etMolière veut fonder « l'école de la vie civile ».
CONCLUSION
Tartuffe est donc moins une satire qu'une peinture de l'homme destinée à « faire rire les honnêtes gens ».
Soucieuxavant tout de vraisemblance psychologique, d'imitation de la nature, Molière n'a pas voulu faire professiond'athéisme, mais montrer que « la chair est faible », que « qui veut faire l'ange fait la bête.», que l'homme a toujourstendance à se jeter dans les extrêmes, ce qui l'amène à jouer un personnage grotesque et odieux..
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