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En analysant cette page de « Madame Bovary », vous tenterez d'apprécier le talent de Flaubert romancier.

Publié le 11/09/2014

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bovary

Ce ne sont là que des touches rapides que la scène dans l'auberge permet de compléter. De Madame Bovary nous apprécions, dès l'abord, le souci de distinction dans les manières. Cette fille de fermier aisé, élevée dans un couvent, se plaît à jouer les grandes dames. Et comme elle se ressent néanmoins de ses origines, il lui manque ce sens des nuances et de l'opportunité, signe d'une éducation parfaite. Le raffinement de son geste reste assez déplacé et à la limite du ridicule dans un pareil cadre. Mais sa beauté, sa fraîcheur, la qualité de sa carnation aussi apparaissent en dépit de la lumière brutale. On apprécie au passage aussi son élégance : plutôt que de décrire minutieusement ses vêtements, Flaubert se contente d'un détail suggestif qui au reste est mis naturellement en valeur par l'attitude d'Emma : cette bottine noire qui chausse son pied présenté à la flamme. Bien plus, en même temps qu'il révèle la 

bovary

« FLAUBERT 205 reproduire dans sa vérité pittoresque le spectacle quotidien de la vie courante.

A travers les gestes, les attitudes, les propos des personnages, il nous fait entrevoir leur caractère, les sentiments qui les animent et qui éclairent leur conduite.

Cette page si banale à première vue présente ainsi un triple intérêt : pittoresque, psychologique et dramatique.

1.

LA PEINTURE PITTORESQUE Écrivain réaliste, Flaubert s'attache à observer et à décrire des détails, insignifiants en apparence, que beaucoup de romanciers jugeraient bon de passer sous silence.

Il énumère les voyageurs qui successivement descendent de la diligence.

li s'attarde sur­ tout à décrire Madame Bovary qui, dans la cuisine de l'auberge, présente à la flamme du foyer ses pieds transis.

Mais à ces détails insignifiants il donne une valeur pittoresque : il met en valeur la qualité originale que prend chez un être le comportement le plus banal.

Il nous fait voir le geste d'Emma qui de l'extrémité de ses deux doigts, avec une élégance qui n'est pas dénuée de recherche, relève délicatement sa robe : pour en suggérer la lenteur il en évoque les temps successifs ; le rythme de la période qui progresse sans hâte, avec des pauses régulières à chaque virgule, contribue fortement à accuser la même impression.

Ce dessinateur est aussi un coloriste.

Voilà pourquoi il évoque avec justesse la grande clarté que projette sur la jeune femme le foyer qui s'embrase sous l'effet d'un souffle de vent.

Il en note à la fois l'intensité et la nuance (c'est une «grande couleur rouge»), le caractère intermittent.

li précise surtout la crudité de cette lumière frisante qui vient de bas en haut et qui en frappant ainsi obliquement accuse tous les reliefs : la trame de la robe et les pores de la peau.

La note discrète de caricature n'est pas non plus absente du tableau.

L'écrivain note la dissonance entre le geste un peu précieux d'Emma et le cadre prosaïque où elle fait des grâces : c'est au-dessus du gigot qui tourne qu'elle tend élégamment son pied à la flamme.

II.

L'INTÉRÊT PSYCHOLOGIQUE Mais la qualité pittoresque du tableau est inséparable chez Flaubert de l'intérêt psychologique.

S'il restitue avec tant d'exac­ titude et de relief Je comportement des personnages, c'est que ce comportement révèle leur caractère et leurs sentiments.

On aurait pu trouver superflu le soin qu'apporte !'écrivain à nous. »

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