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Emile Zola, La Terre, incipit, commentaire rédigé.

Publié le 23/05/2014

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Emile zola, La Terre, incipit.   Avec Flaubert et Balzac, Zola est resté comme une figure emblématique du mouvement réaliste au XIXème siècle. Nourri du progrès scientifique qui a marqué son époque, il a pour chacune de ses œuvres procédé à une enquête minutieuse sur le milieu dans lequel évoluent ses personnages. Au départ, le plan des Rougon Macquart ne prévoyait pas de roman sur les paysans. C'est son installation à Médan en 1878 qui semble avoir conduit Zola, en le rapprochant de la campagne, à combler cette lacune : "Je voudrais faire pour le paysan avec La Terre, ce que j'ai fait pour l'ouvrier avec Germinal". Aussi dès l'incipit de ce roman le lecteur est-il plongé dans l'univers de la plaine beauceronne. Dès ces premières lignes apparaissent les grands thèmes du roman ; pourtant nous verrons que l'auteur dépasse le simple souci de réalisme pour proposer une vision poétique du paysage.   Dès les premiers mots, le lecteur est plongé in medias res. Le texte s'ouvre sur le nom du personnage et une phrase qui le décrit en actes : "Jean, ce matin-là, un semoir de toile bleue noué sur le ventre, en tenait la poche ouverte de la main gauche, et de la droite, tous les trois pas, y prenait une poignée de blé…" Le narrateur met d'abord l'accent sur le personnage seul, en le montrant en pied. Ce plan moyen, pour reprendre un terme cinématographique, lui permet d'apporter des notations descriptives significatives : "un semoir de toile bleue noué sur le ventre… Ses gros souliers… deux galons rouges d'une veste d'ordonnance qu'il achevait d'user". Ce dernier détail, hérité des campagnes napoléoniennes, fournit un renseignement supplémentaire sur le contexte historique et le passé de Jean. La description précise du geste et le vocabulaire spécifique inscrivent d'emblée le récit dans la réalité paysanne : "un semoir de toile bleue… de la main droite il y prenait une poignée de blé… la terre grasse…" Puis le plan s'élarg...
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« un terme cinématographique, lui permet d'apporter des notations descriptives significatives : "un semoir de toile bleue noué sur le ventre...

Ses gros souliers...

deux galons rouges d'une veste d'ordonnance qu'il achevait d'user".

Ce dernier détail, hérité des campagnes napoléoniennes, fournit un renseignement supplémentaire sur le contexte historique et le passé de Jean.

La description précise du geste et le vocabulaire spécifique inscrivent d'emblée le récit dans la réalité paysanne : "un semoir de toile bleue...

de la main droite il y prenait une poignée de blé...

la terre grasse..." Puis le plan s'élargit progressivement, comme si la caméra s'éloignait, révélant ainsi peu à peu l'arrière-plan : "derrière, pour enfouir le grain, une herse... devant lui, à deux kilomètres...

Arrivé au bout du sillon, il leva les yeux, regarda sans voir..." Les verbes de perception lancent alors une description panoramique de la plaine beauceronne.

Par un effet similaire à la technique cinématographique du champ contrechamp, d'externe le point de vue devient interne. Le lecteur découvre en effet le paysage en même temps que le personnage le parcourt des yeux.

Les indications de lieux, précises et réelles, sont ainsi apportées plus naturellement : "au lieu-dit des Cornailles... au seuil de la Beauce...

la plaine vers Chartres...

la route de Châteaudun à Orléans".

Le narrateur décrit le paysage à travers l'oeil expert d'un paysan.

Ce dernier, de loin, est capable de distinguer les "grands carrés de labours" des "nappes vertes de luzerne et de trèfle".

Il connaît les surfaces : "la parcelle de terre d'une cinquantaine d'ares à peine...si peu importante..." ; "devant lui, à deux kilomètres, les bâtiments de la ferme" ; "dix lieues de cultures...".

Les unités de mesures en « ares », et en « lieues » sont propres au milieu agricole. Mais Jean n'est encore qu'employé ; il travaille pour "M.

Hourdequin, le maître de la Borderie".

C'est pourquoi il "regard[e] sans voir".

Il ne prête pas attention à la richesse de ce domaine "sans un arbre, sans un coteau".  Il n'éprouve pas la satisfaction du propriétaire.

Ce n'est pas lui qui voit qu' hormis « un petit bois...

seul » tout est exploité.

En effet, dès cette première description s'exprime le désir de possession du milieu paysan. Mais au point de vue interne du personnage, se mélange le point de vue du narrateur omniscient qui connaît les passions violentes que suscitera la propriété. Ainsi, par le mélange des points de vue et l'élargissement progressif du plan Zola plonge-t-il son lecteur dans un milieu particulier qui semble conditionner les personnages.

En même temps qu'il souligne l'immensité du paysage, l'auteur semble paradoxalement suggérer que le paysan ne peut s'en échapper.

Où qu'il regarde, ce. »

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