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Émile Zola, La Curée, chapitre II (extrait)

Publié le 06/10/2018

Extrait du document

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la métamorphose de la ville à son paroxysme.

 

Le soleil transforme alors la ville en un lieu féerique où les maisons deviennent comme un lingot d'or dans un creuset (ligne 15). L'espace s'anime donc par la rencontre de deux éléments traditionnellement opposés, le feu et l'eau. Ils sont ici complémentaires pour faire de la ville « une cité des Mille et Une Nuits » (ligne 12).

 

À la découverte de Saccard

 

Si jusqu'à présent, cet extrait a permis de prendre conscience de la richesse de la ville, il permet aussi de découvrir le personnage principal, Aristide Saccard. Il est à la fois celui dont on parle (il fit apporter, ligne 4 ; Il souriait, ligne 5...) et celui par qui l'on voit (Et ses regards, amoureusement, redescendaient toujours, lignes 5-6). Omniprésent, il domine la ville.

 

Un spéculateur

 

Aucun mot ni détail n'évoque directement sa personnalité, si ce n'est peut-être une galanterie inusitée (ligne 5), expression qui demeure cependant extrêmement floue. C'est la subjectivité de sa vision de la ville qui va renseigner le lecteur sur lui et, finalement, le narrateur révèle plus du personnage et de son rêve de réussite que de la ville qu'il admire.

 

L'homme

 

Il apparaît progressivement et de

 

façon indirecte à travers la description qui est faite de Paris. D'emblée, le spectacle modifie son comportement : la gaieté qui l'envahit (égaya, ligne 4 ; souriait, ligne 5 ; rire, ligne 16) vient de ce qu'il regarde, et non du plaisir d'être au restaurant avec son épouse. Celle-ci est d'ailleurs assez effacée, n'apparaissant que dans les deux pronoms personnels ils (ligne 1) et Leur (ligne 3) tandis que même ses paroles sont rapportées au style indirect (ligne 18).

 

Ainsi, Saccard regarde amoureusement (ligne 6), non pas sa femme qu'il ignore mais, cette mer vivante et pullulante (ligne 6) qui le fascine.

 

L'affairiste

 

Peu à peu, la réalité de la ville disparaît au profit d'une transfiguration onirique. Heureux de dominer la ville, il la métamorphose en un immense creuset (ligne 15). Les éléments changent sous l'action du soleil.

 

De plus, le lent passage de l'état solide à l'état liquide et la jouissance suprême de Saccard sont marqués par :

 

.une allitération en [i] et des assonances en [i] et [en] (le rayon qui glissait entre deux nuages fut si resplendissant, ligne 14)

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« Après la grande entreprise réaliste qu’est La Condition humaine de Balzac (désignant une œuvre comme un modèle fictif grâce auquel le romancier pénètre les mécanismes et les dévoile), Zola se propose de dépasser la simple photographie du réel pour écrire un véritable « roman expérimental » dans lequel se trouvent étudiées les interactions entre l’individu et son milieu.

Ainsi, dans la série des Rougon-Macquart, il fait vivre et souvent travailler des centaines de personnages dans les milieux les plus divers : sur les voies ferrées dans La Bête humaine, dans les grands magasins dans Au Bonheur des dames, dans le milieu empesté de nos faubourgs dans L’Assommoir, dans la folie de l’or et de la chair dans Nana … Ainsi, le premier roman du cycle a raconté les répercussions du coup d’État du 2 décembre dans une petite ville du Midi.

En 1872, Zola consacre le deuxième volet à La Curée.

Dans la lignée de l’observation attentive de toute une époque et de ses classes sociales, ce roman s’attache tout particulièrement à la question des spéculations financières et de la dépravation des m œurs à Paris, sous le Second Empire. Dans cet extrait, le personnage principal, Aristide Saccard a emmené dîner sa femme au sommet des buttes Chaumont et il contemple Paris.

En procédant à une description subjective de la ville, Zola s’attache à faire apparaître le regard visionnaire de Saccard et la menace spéculative qui guette Paris, car le héros dévoile progressivement et malgré lui sa personnalité et ses désirs profonds. Une vision de la réalité Le personnage principal, Aristide Saccard, est présenté au lecteur, installé au sommet des buttes (ligne 1), dans un restaurant [aux] fenêtres [qui] s’ouvr[ent] sur Paris (lignes 1-2) : il embrasse l’immense horizon (ligne 3), ce qui va permettre à l’extrait de parfaitement rendre la réalité regardée. Une impression d’espace et de domination La vue panoramique du regard de Saccard se traduit par : un champ lexical de la grandeur omniprésent : cet océan de maisons (ligne 2), l’immense horizon (ligne 3), l’espace (ligne 5), sous le grand ciel (ligne 7), de larges feuilles (ligne 9). des assonances en [i] et [en] associées à une allitération en [s] qui insistent sur l’étendue : pareils à des flots pressés emplissant l’immense horizon ( lignes 2-3). De plus, la vision se promène sur Paris, sur cet océan de maisons aux toits bleuâtres (ligne 2), phrase dans laquelle la répétition de la préposition sur insiste sur l’idée de domination.

À l’instar du regard de Saccard qui descend du ciel vers la ville (Et ses regards, amoureusement, 2. »

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