Emile Zola, La Curée 1871, Chapitre V. Commentaire d'un passage.
Publié le 20/05/2012
Extrait du document
Commentaire d’un passage.
Un soir, ils allèrent ensemble au Théâtre-Italien. Ils n'avaient seulement pas regardé l'affiche. Ils voulaient voir une grande tragédienne italienne, la Ristori, qui faisait alors courir tout Paris, et à laquelle la mode leur commandait de s'intéresser. On donnait Phèdre. Il se rappelait assez son répertoire classique, elle savait assez l'italien pour suivre la pièce. Et même ce drame leur causa une émotion particulière, dans cette langue étrangère dont les sonorités leur semblaient, par moments, un simple accompagnement d'orchestre soutenant la mimique des acteurs. Hippolyte était un grand garçon pâle, très médiocre, qui pleurait son rôle.
-- Quel godiche ! Murmurait Maxime.
Mais la Ristori, avec ses fortes épaules secouées par les sanglots, avec sa face tragique et ses gros bras, remuait profondément Renée. Phèdre était du sang de Pasiphaé, et elle se demandait de quel sang elle pouvait être, elle, l'incestueuse des temps nouveaux. Elle ne voyait de la pièce que cette grande femme traînant sur les planches le crime antique. Au premier acte, quand Phèdre fait Oenone la confidence de sa tendresse criminelle ; au second, lorsqu'elle se déclare, toute brûlante, à Hippolyte ; et, plus tard, au quatrième, lorsque le retour de Thésée l'accable, et qu'elle se maudit, dans une crise de fureur sombre, elle emplissait la salle d'un tel cri de passion fauve, d'un tel besoin de volupté surhumaine que la jeune femme sentait passer sur sa chair chaque frisson de son désir et de ses remords.
-- Attends, murmurait Maxime à son oreille, tu vas entendre le récit de Théramène. Il a une bonne tête, le vieux !
Et il murmura d'une voix creuse :
A peine nous sortions des portes de Trézène, Il était sur son char...
Mais Renée, quand le vieux parla, ne regarda plus, n'écouta plus. Le lustre l'aveuglait, les chaleurs étouffantes lui venaient de toutes ses faces pâles tendues vers la scène. Le monologue continuait, interminable. Elle était dans la serre, sous les feuillages ardents, et elle rêvait que son mari entrait, la surprenait aux bras de son fils. Elle souffrait horriblement, elle perdait connaissance, quand le dernier râle de Phèdre, repentante et mourant dans les convulsions du poison, lui fit rouvrir les yeux. La toile tombait. Aurait-elle la force de s'empoisonner, un jour ? Comme son drame était mesquin et honteux à côté de l'épopée antique ! et tandis que Maxime lui nouait sous le menton sa sortie de théâtre, elle entendait encore gronder derrière elle cette rude voix de la Ristori, à laquelle répondait le murmure complaisant d'Oenone.
Dans le coupé, le jeune homme causa tout seul, il trouvait en général la tragédie « assommante «, et préférait les pièces des Bouffes. Cependant Phèdre était « corsée «. Il s'y était intéressé, parce que... Et il serra la main de Renée, pour compléter sa pensée. Puis une idée drôle lui passa par la tête, et il céda à l'envie de faire un mot :
-- C'est moi, murmura-t-il, qui avais raison de ne pas m'approcher de la mer, à Trouville.
«
Fiche d’analyse de l’extrait
Axes de lecture
A) - Paris sous l’influence du plaisir exhorté.
- Une nouvelle mode que tout le monde doit s’intéresser
- La dominati on de la mode et du plaisir dans le quotidien
- L’amour incestueux du seconde Empire
B) - Les figures des styles basées sur le paralléli sme entre les drames de personnages
- Le temps incestueux représenté par Renée
- La mise en abyme des personnages.
- La représentation de la femme du siècle sous le second empire .
C) - Le siècle du bonheur et du malheur.
- Un univers accablant et assommant
- Le refus du drame du siècle (dernières lignes)
- Le drame bourgeois écarté par le drame tragique de Phèdre (La Ristori)
Conclusion
Un Empire mouvementé conduisant la société dans le chaos et dans le vide.
L’homme devient
un sujet animal.
Chacun voulait s’enrichir sur le dos de l’autre par n’importe quel moyen ;
d’où l’amour douteux.
Des amours folles honteuses voire incestueuses pour s’accaparer de
tout.
Libertinage et quotidien farouches bafouent le peuple.
On s’e st retrouvé dans le vide
dramatique.
Analyse de l’extrait
Paris, à cet instant, devint le centre de toutes sortes de spectacles.
Tant de personnes
notamment Renée Saccard et son beau -fils Maxime y faisaient la vie, on s’y installait en fluxe
pour gagner la vie.
La voracité devient aussi intense, la mode commandait à tous de
s’intéresser.
C’est ainsi qu’Emil Zola, romancier français de la fin du XIXème siècle décrit
cet nouvel univers en mettant en étude la suggestion des voluptés, l’amour inc estueux et le
parallélisme par rapport aux personnages classiques.
La femme de la seconde Empire, le
drame social du siècle et l’arrivisme des personnages au détriment du peuple vont justifier
l’image que Zola voulait démasquer dans cet extrait.
Cet extrait de la Curée, cinquième chapitre, deuxième vo lume de la série romanesque
dite Les Rougons -Macquarts d’Emil Zola , va nous conduire à la description d’une histoire
naturelle de deux familles à savoir les Rougons et les Macquarts autour du second empire ;
une histoire qui va transformer toute la société françaises.
Renée Saccard et son beau-fils Maxime décidèrent d’engager un amour incestueux en se
hissant au rang de la société dans des soirées nocturnes que la mode avait imposé.
Le drame
d’origine italienne « La Ristori » qui faisait trembler Paris vient d’endommager leur émotion
particulière.
Zola montre ce parallélisme entre ce drame classique et celui du siècle.
Le
plaisir devient de plus en plus intense que tout ce qui existe sur ter re.
L’épuisement de la.
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