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Émile Zola, Germinal, Première partie, chapitre 4 (la mine infernale).

Publié le 10/01/2020

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Émile Zola, Germinal, Première partie, chapitre 4 (la mine infernale).

C'était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu'à trente-cinq degrés, l'air ne circulait pas, l'étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s'aggravait surtout de l'humidité. La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d'eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place.

Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque: elles battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d'un quart d'heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d'une chaude buée de lessive. Ce matin-là, une goutte, s'acharnant dans son oeil, le faisait jurer. Il ne voulait pas lâcher son havage, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches, ainsi qu'un puceron pris entre deux feuillets d'un livre, sous la menace d'un aplatissement complet.

Pas une parole n'était échangée. Ils tapaient tous, on n'entendait que ces coups irréguliers, voilés et comme lointains. Les bruits prenaient une sonorité rauque, sans un écho dans l'air mort. Et il semblait que les ténèbres fussent d'un noir inconnu, épaissi par les poussières volantes du charbon, alourdi par des gaz qui pesaient sur les yeux. Les mèches des lampes, sous leurs chapeaux de toile métallique, n'y mettaient que des points rougeâtres. On ne distinguait rien, la taille s'ouvrait, montait ainsi qu'une large cheminée, plate et oblique, où la suie de dix hivers aurait amassé une nuit profonde. Des formes spectrales s'y agitaient, les lueurs perdues laissaient entrevoir une rondeur de hanche, un bras noueux, une tête violente, barbouillée comme pour un crime. Parfois, en se détachant, luisaient des blocs de houille, des pans et des arêtes, brusquement allumés d'un reflet de cristal. Puis, tout retombait au noir, les rivelaines tapaient à grands coups sourds, il n'y avait plus que le halètement des poitrines, le grognement de gêne et de fatigue, sous la pesanteur de l'air et la pluie des sources.

(commentaire composé de français)

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« - Le roman, qui s’inscrit dans la lignée des Misérables de Hugo, retrace l’histoire d’une grève dans le bassin houiller du nord de la France et fait écho au conflit historique d’Anzin (1884).

La documentation de l’écrivain naturaliste préalable au récit est extrêmement précise et contribue à la très grande célébrité du roman : le lectorat populaire reconnaît en Zola un témoin fidèle du monde ouvrier. L’extrait à étudier se trouve dans le chapitre 4 de la première partie : le narrateur présente au lecteur le travail dans la mine. Le roman décrit le mineur dans son cadre de travail, dans cette mine qui se révèle être infernale. I- L’homme dans la mine A- La mine, un lieu très inhospitalier • Le narrateur évoque le travail de Maheu dans la mine (début du texte qui se focalise sur l’épreuve d’un seul homme). NB : la mine peut être considérée comme l’un des personnages principaux de ce roman.

Roman centré sur cette mine. Mine : souterraine + « la roche ». • La mine n’est pas présentée comme un lieu agréable : - Chaleur insupportable.

Cf.

« la température montait jusqu'à trente-cinq degrés ». - Lieu sans air.

Cf.

« l'air ne circulait pas, l'étouffement ». - Lieu sans lumière > l’homme doit s’éclairer. - Humidité.

Cf.

« l'humidité » ; « ruisselait d'eau, de grosses gouttes continues et rapides ». - Pas d’espace, pas de hauteur.

Cf.

« La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage ». • « ainsi qu'un puceron pris entre deux feuillets d'un livre » : Maheu n’est rien dans cette mine, tout petit et même en danger.

Cf.

« sous la menace d'un aplatissement complet ». Δ) Mine : lieu non propice à la vie, lieu très agressif pour l’homme.

B- Le calvaire de Maheu • Force physique de Maheu.

Cf.

le champ lexical de la force et de la violence.

Ex : « tordre le cou, renverser la nuque » ; « Il ne voulait pas lâcher son havage, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches ». • Mais malgré sa force, souffrances de l’homme dans la mine. • Champ lexical du supplice, de la souffrance humaine.

Cf.

« C'était Maheu qui souffrait le plus » ; « l'étouffement à la longue devenait mortel » ; « son supplice s'aggravait » ; « brûler le sang » ; « chauffait son crâne » => mine qui agresse physique Maheu.

Cela est très éprouvant pour le personnage.. »

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