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Émile Zola, Germinal, partie IV, chapitre 7. Commentaire composé

Publié le 11/01/2020

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Émile Zola, Germinal, partie IV, chapitre 7.

Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu'on ne voyait pas, se taisait dans la nuit, sous cette parole qui lui étouffait le cœur ; et l'on n'entendait que son souffle désespéré, au travers des arbres. Mais Etienne déjà, continuait d'une voix changée. Ce n'était plus le secrétaire de l'association qui parlait, c'était le chef de la bande, l'apôtre apportant la vérité. Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leurs parole ? Quoi ! depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Toujours se soumettre devant la faim jusqu'au moment ou la faim, de nouveau, jetait les plus calmes à la révolte, n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pourrait durer d'avantage ? Et il montrait les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger, dés que les nécessités de la concurrence abaissaient le prix de revient. Non! le tarif de boisage n'était pas acceptable, il n'y avait là qu'une économie déguisée, on voulait voler a chaque homme une heure

de son travail par jour. C'était trop cette fois, le temps venait où les misérables, poussés à bout, feraient justice.

La foule, à ce mot de justice, secouée d'un long frisson, éclata en applaudissements, qui roulaient avec un bruit de feuilles sèches. Des voix criaient :

« Justice! ... Il est temps, justice! »

Peu à peu, Etienne s'échauffait. Il n'avait pas l'abondance facile et coulante de Rasseneur. Les mots lui manquaient. Souvent, il devait torturer sa phrase, il en sortait par un effort qu'il appuyait d'un coup d'épaule. Seulement, à ces heurts continuels, il rencontrait des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire; tandis que ses gestes d'ouvrier au chantier, ses coudes rentrés, puis détendus et lançant les poings en avant, sa mâchoire brusquement avancée, comme pour mordre, avaient eux aussi une action extraordinaire sur les camarades. Tous le disaient, il n'était pas grand, mais il se faisait écouter.

« Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage, reprit-il d'une voix plus vibrante. La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan... Entendez-vous! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère! »

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« Germinal : - Treizième roman du cycle des Rougon-Macquart, paru d’abord en feuilleton dans le Gil Blas en 1884-1885 puis dans la Vie populaire , il est publié sous sa forme définitive en 1885. - Le roman, qui s’inscrit dans la lignée des Misérables de Hugo, retrace l’histoire d’une grève dans le bassin houiller du nord de la France et fait écho au conflit historique d’Anzin (1884).

La documentation de l’écrivain naturaliste préalable au récit est extrêmement précise et contribue à la très grande célébrité du roman : le lectorat populaire reconnaît en Zola un témoin fidèle du monde ouvrier. Étienne, le personnage principal du roman, est devenu un meneur => orateur (débutant). I- Les revendications des mineurs A- Les discours • Présence du Discours indirect libre (=> forme mixte entre le discours direct et le discours indirect).

- Pas les mots introducteurs du discours ni de guillemets ou de tirets mais des exclamations et des expressions relevant du discours oral : « Quoi ! ; Ne valait-il pas mieux ; Non! » + non les temps du discours (présent…) ; - dominance de l’imparfait : « se trouvait ; valait-il ; jetait » + conditionnel « recommencerait… ». • Présence aussi du discours direct => fait entendre la voix des mineurs « Justice… » + dernier § la voix d’Étienne - Temps du discours : présent « est ; doit être… » ; - « Entendez-vous » : l’orateur s’adresse directement aux mineurs ; - Guillemets ; - Incise : « reprit-il d'une voix plus vibrante » (inversion sujet verbe + temps du récit : passé simple). B- La montée du pathétique • Discours d’Étienne : veut convaincre. Cf.

toutes les questions rhétoriques (« fausses » questions, qui servent surtout à l’orateur) : 3 dans le 2 e §. • Cf.

tout le champ lexical de ma misère : « souffert inutilement ; éternelle misère ; mourir ; mineurs exploités ; les désastres des crises ». • Cf.

le développement sur la faim + sur « manger » (=> élément vital). • « l'avez payée de tant de sang et de misère! » : pointe, pique pathétique. • « des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire » => effet du pathos. C- Un discours qui agit • But du discours d’Étienne : que les mineurs fassent la grève.. »

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