Émile ou de l’éducation
Publié le 02/07/2022
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«
Émile ou de l’éducation
En 1756, Madame de Chénonceaux avait demandé à Jean-Jacques Rousseau ses idées
sur l'éducation.
En 1760, il annonçait son livre : « Il me reste à publier une espèce de
traité d'éducation plein de mes rêveries accoutumées.
» Et de préciser : « Il s'agit
d'un nouveau système d'éducation, dont j'offre le plan à l'examen de tous les sages,
et non pas d'une méthode pour les pères, et les mères, à laquelle je n'ai jamais
songé.
» Émile n'était pas la première production pédagogique de Rousseau.
On avait
déjà de lui un Projet pour l'éducation de M.
de Sainte-Marie, l'un des fils de M.
Bonnot
de Mably, grand prévôt de Lyon, dont il fut le précepteur.
On a encore de Rousseau,
sur l'éducation, quelques pages de la cinquième partie de la Nouvelle Héloïse, quatre
lettres au prince de Wurtemberg (novembre et décembre 1763, janvier et septembre
1764), trois lettres à l'abbé M *** (février et mars 1770) et enfin une lettre à M.
de
V** (avril 1771).
Quand l’Émile parut, il fit grand bruit.
Il eut des admirateurs, mais
aussi de puissants adversaires.
À tel point que Rousseau dut se réfugier dans la
principauté de Neuchâtel, sous la protection du roi de Prusse.
Rousseau a exercé sur
l'éducation une grande influence en Europe et même en Amérique.
Ses théories ont
été surtout essayées en Prusse et en Suisse.
Émile est le nom du jeune homme
imaginaire dont Rousseau se propose de faire un élève modèle.
Rousseau veut que
son Émile soit riche : « Le pauvre n'a pas besoin d'éducation : celle de son état est
forcée » ; qu'il ait de la naissance : « ce sera toujours une victime arrachée au
préjugé » ; qu'il soit de bonne santé : « Pourquoi un homme se sacrifierait-il à un être
fatalement impuissant ? Ce serait doubler la perte de la société et lui ôter deux
hommes pour un.
» Émile doit être mis entre les mains de son précepteur dès le
berceau et n'en sortir que pour se marier.
Les cinq livres du traité correspondent aux différentes périodes de son éducation.
Le
premier livre prend l'enfant au berceau et s'occupe de ses deux premières années ; le
deuxième livre conduit Émile de deux à douze ans ; le troisième livre, de douze à
quinze ans ; le quatrième livre, qui contient la Profession de foi du Vicaire savoyard,
de quinze à dix-huit ans ; Rousseau a intitulé le cinquième livre Sophie ou la femme.
On s'accorde à trouver aux deux derniers livres un caractère plutôt philosophique que
pédagogique.
Premier livre : les deux premières années
Rousseau débute par cette affirmation : « Tout est bien sortant des mains de l'auteur
des choses.
» C'est attribuer à l'enfant une innocence et une bonté parfaites.
Rousseau ajoute : « Tout dégénère entre les mains de l'homme.
» C’est une attaque
contre la société.
Mais si les hommes sont naturellement bons, comment peut-elle
être corrompue ? Et si elle l'est, ne faut-il pas reconnaître que chaque individu porte
en lui les germes du mal ? Pour conserver à l'enfant la prétendue droiture originelle de
ses inclinations et le soustraire à l'influence corruptrice de la société, que fait
Rousseau ? Il l'isole.
Mais est-il possible qu'il grandisse et se développe en dehors de
la première de toutes les sociétés, celle de la famille ? Viennent ensuite des vues
générales sur l'éducation et sur le but qu'elle doit poursuivre.
« Or, dit-il, l'éducation
nous vient de la nature, ou des hommes ou des choses.
» Dans l'ordre naturel, les.
»
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