Emil Zola, La Curée 1871, Chapitre II (commentaire)
Publié le 20/05/2012
Extrait du document
Commentaire
A cette heure, Paris offrait, pour un homme comme Aristide Saccard, le plus intéressant des spectacles. L'Empire venait d'être proclamé, après ce fameux voyage pendant lequel le prince président avait réussi à chauffer l'enthousiasme de quelques départements bonapartistes. Le silence s'était fait à la tribune et dans les journaux. La société, sauvée encore une fois, se félicitait, se reposait, faisait la grasse matinée, maintenant qu'un gouvernement fort la protégeait et lui ôtait jusqu'au souci de penser et de régler ses affaires.
La grande préoccupation de la société était de savoir à quels amusements elle allait tuer le temps. Selon l'heureuse expression d'Eugène Rougon, Paris se mettait à table et rêvait gaudriole au dessert. La politique épouvantait, comme une drogue dangereuse. Les esprits lassés se tournaient vers les affaires et les plaisirs. Ceux qui possédaient déterraient leur argent, et ceux qui ne possédaient pas cherchaient dans les coins les trésors oubliés. Il y avait, au fond de la cohue, un frémissement sourd, un bruit naissant de pièces de cent sous, des rires clairs des femmes, des tintements encore affaiblis de vaisselle et de baisers.
Dans le grand silence de l'ordre, dans la paix aplatie du nouveau règne montaient toutes sortes de rumeurs aimables, de promesses dorées et voluptueuses. Il semblait qu'on passât devant une de ces petites maisons dont les rideaux soigneusement tirés ne laissent voir que des ombres de femmes, et où l'on entend l'or sonner sur le marbre des cheminées. L'Empire allait faire de Paris le mauvais lieu de l'Europe. Il fallait à cette poignée d'aventuriers qui venaient de voler un trône, un règne d'aventures, d'affaires véreuses, de consciences vendues, de femmes achetées, de soûlerie furieuse et universelle. Et, dans la ville où le sang de décembre était à peine lavé, grandissait, timide encore, cette folie de jouissance qui devait jeter la patrie au cabanon des nations pourries et déshonorées.
Emil Zola, La Curée 1871, Chapitre II
Fiche d’analyse de l’extrait
A) - Ancrage spatio-temporelle
- Paris sous le second Empire (plaisirs, image, lexique, sexes….)
- Second Empire ……….Gouvernement fort matériel, enrichissement
B) - Personnages typiques de la nouvelle bourgeoisie
- Avidité, soif, l’argent, le plaisir, moyen pour parvenir
- Plaisir………les femmes, vocabulaire utilisé à la fin du texte
- Image animalisée (La Curée)
C) - Un univers vers de l’Or et de la Chair
- Libertinage
- tout le lexique du dernier paragraphe
«
Commentaire du passage
La malhonnête de la société très particulièrement française au XIX ème siècle a suscité
une gigantesque hostilité littéraire de la part des érudits français.
Zola, romanc ier français de
cette époque, a aperçu cette mauvaise image.
Il s’est mis au point à partir de ce contexte pour
décrire cette société de l’intérieur à l’extérieur du contient.
L’auteur met en marge le moteur
du siècle amorcé par l’argent, le matériel, l e plaisir et le désordre social politique.
Il énumère
ainsi cette situation tout d’abord par l’ancrage spatio -temporel (Paris sous le second Empire),
ensuite, par l’emploi des personnages typiques à la nouvelle bourgeoisie et enfin par l’Univers
de l’or et de la chaire.
C’est à travers ces traits définitoires que Zola arrive à clarifier la
voracité du second Empire.
Cet extrait est originaire de la Curée deuxième volume de la série des Rougons -
Macquarts.
Il remonte ici l’histoire naturelle des deux familles sous le rétrospectif de Zola.
Paris se retrouve dans une situation chaotique suite au Coup d’Etat de Décembre mené par
Napoléon Bonaparte.
Cette inspiration poli tique instaure le second Empire.
Ce régime infernal
va instaurer le goût matériel basé sur le plaisir, l’argent et les privilèges.
L’argent devient un
aspect social ; on s’enrichit par tout moyen.
L’image de la France se compare de l’égoïsme,
du désarroi et de l’animalité.
La société qui a toujours espéré un gouvernement fort tombe
dans le vide.
Le libertinage n’en est pas loin d’être un des principes du pouvoir bonapartiste.
Zola a mené ainsi cette calomnie dans un lexique particulier suivi des formes stylistiques
symboliques.
Le naturaliste utilise la personnification (L -7) pour montrer l’allure de la
gouvernance.
La métonymie et la comparaison ne sont pas loin car elles s’en servent à
l’auteur de sa description mouvementée.
La comparaison et la métonymie s ont beaucoup
employées car elles esquissent la réalité que Zola voulait élucider.
Cet instinct primaire a
fait de Paris le lieu le plus épouvantable de l’Europe.
La valeur effrayante de cette
gourmandise fut remplacée par Aristide Saccard car celui -ci représente l’argent dans le
contexte.
Aristide s’est choisi alor s le nom de Saccard qui sonne comme l’or et le sous.
La nouvelle bourgeoisie du siècle repose sur l’avidité des Saccards.
Chacun a la soif de
s’accaparer de tout par n’importe quel moyen.
En d’autre sens, tout moyen était bon pour
parvenir car pour eux la fin doit justifier les moyens.
Le plaisir reste fermement la valeur,
l’une des primordiales, de la bourgeoisie.
Par ailleurs, Zola a même qualifié les Saccards de
« sous », il approuve que l’assonance remplace les sous.
Ce stade est une d’un tr ône volé.
Il
ne s’arrêt pas là mais il s’ajoute la prostitution, le désordre social, la malhonnête et les
distinctions des classes sociales.
Paris demeure, par la suite, le premier endroit nauséabond de
l’Europe.
Cet univers infernal va créer de l’ or et de la chaire et la société devient victime en
tombant par terre.
Chacun court pour soi.
La Curée devient le mot chez Zola à employer pour
expliquer l’impact socio -politique de la France lors du second Empire.
Le coup d’Etat de
Décembre conduit la société vers le désarroi et le chaos total.
L’argent, l’or, les voluptés, le
libertinage et tous les maux de la terre deviennent les valeurs de l’Empire.
Cette énumération
est enchaînée dans les dernières phrases du texte où l’auteur compare Paris rapport aux autres
endroits de l’Europe.
La ville de Paris semble tel que Zola l’a décrite dans cet extrait.
La junte bonapartiste a
conduit le peuple vers dans la boue.
L’argent, l’or, la chaire, les voluptés, la malhonnête et
le vide sont proclamés les valeurs de l’Empire.
Ces éléments classent l’arrivisme au dessus de
tous les biens sociaux de ce monde.
Ce vide allait donner une comparaison émouvante et les
principes instincts deviennent primaires dans un univers animalisé.
Toutefois, Zola a -t- il
réussi à décrire cette histoire ? Peut être si on continue à décrocher la lecture des tous les
romans des Rougons -Macquarts..
»
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