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Éloquence et préciosité au XVIIe siècle

Publié le 18/10/2011

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C'est grâce à l'Hôtel de Rambouillet et ses hôtes que se fait la réaction contre la liberté des manières et la licence du langage. Sainte-Beuve a bien défini la préciosité dans ses Portraits de Femmes : " Une révolution et une gageure d'être distingué, comme on aurait dit soixante ans plus tard ; d'être supérieur, comme on dirait aujourd'hui " on disait alors précieuse.

« La Marquise de Rambouillet reçut dans son salon.

grandes da­ mas , grands seigneurs et écrivains en renom.

Ce fut alors dans Paris , comme le nota plus tard Saint Simon «une espèce d'Aca­ démie de galanterie .

de vertu et de science ; car toutes ces cho­ ses-li s'accommodaient alors merveilleusement ensemble» .

(Photo J.-L.

Charmeil C'est grâce à l'Hôtel de Rambouillet et ses hôtes que se fait la réaction contre la liberté des manières et la licence du langage.

Sainte-Beuve a bien défini la pré­ ciosité dans ses Portraits de Femmes : « Une révolution et une gageure d'être distingué, comme on aurait dit soixante ans plus tard ; d'être supérieur, comme on di­ rait aujourd'hui •.

on disait alors précieuse.

Il s'agit certes d'être galant, mais avec grâce, avec chevalerie et non sans platonisme.

Le maniérisme du langage a étouffé aux yeux du public la distinction mo­ rale.

Mlle de Scudéry s'attira les railleries de Molière et de Boileau .

Mais les Précieuses ridicules.

l'Armande des Femmes savantes ne .doivent pas nous faire oublier le souci légitime de décence.

de délicatesse et de pro­ priété du langage.

Madame de Lafayette et Madame de Sévigné sont en ce sens des précieuses .

Il s'agit de dire mieux ce qui est difficile sans obscurité et sans grossièreté .

Certes.

il y a en un langage dont nous pourrons mesurer le ridicule grâce au Grand Diction­ naire des Précieuses que Somaize publie en 1660.

Le .flamb e au du silence n'est autre que la lune , l'empire de Morph ée le lit.

l'ameublement de la bouche, les dents .

les chers souffrants, les pieds , la belle mouvante , la main .

Il faut savoir qu'une bougie est le supplément du sol eil.

les fauteuils, les commodités de la conversa­ tion, le miroir le conseiller des grâces, un verre d'eau un bain intérieur.

la cheminée.

l'empire de Vulcain, le soufflet, la petite maison d'Eole.

On abuse de tours abstraits : avoir du .fier contre quelqu'un (être cour­ roucé) donner dans le doux de la .flatterie et que dire des adverbes furieusement .

terriblement employés à tout propos .

Mais ce langage a des expressions que nous avons conservées : mettre une question sur le ta­ pis, travestir sa pensée.

laisser tomber ou mourir la conversation.

Surtout par la distinction morale recher­ chée, par l'élégance des manières prônées, la préciosité a permis de former l'image de l'honnête homme, de celui qui ne se pique de rien.

qui pense sainement en religion et en morale et qui est habile à parler de tout .

Le chevalier de Méré, La Rochefoucauld, Guez de Bal­ zac en sont des exemples caractéristiques.

MADAME DE SEVIGNE (1627-1696) Madame de Sévigné est notre grande épistolière et sa place dans la littérature féminine du XVIIe siècle, à côté de Madame de Lafayette, de Mademoiselle de Scudéry et de Madame Deshoulières est émineQte.

Ma­ rie de Rabutin, dame de Chantal, et marquise de Sévi­ gné, née le 5 février 1627 en Bourgogne.

morte à Paris le 18 avril 16%, est en fait une précieuse.

mais une précieuse qui a su se dégager de la préciosité pour ac­ céder au naturel classique et même au naturel tout court .

Mal mariée en 1644 à Henri, Marquis de Sévi­ gné, qui mourut en duel, elle reporta toute sa ten­ dresse sur son fils et surtout sur sa fille et vécut par l'amitié.

passant plus de temps à Paris qu'au château des Rochers en Haute Bretagne.

C'est grâce au ma­ riage de sa fille avec le comte de Grignan en 1669 que nous la verrons devenir l'écrivain le plus attachant de la littérature épistolaire.

En effet, sa fille est allée vivre loin d'elle en Provence.

C'est donc par lettres que Ma­ dame de Sévigné et Madame de Grignan vont pouvoir échanger leurs sentiments d'affection et suppléer à l'absence et à l 'éloignement .

Sans doute Madame de Sévigné a-t-elle écrit de nombreuses autres lettres à di­ vers correspondants, Madame de Lafayette, son cousin Bussy-Rabutin.

La Rochefoucauld entre autres.

Mais nulle part ailleurs que dans sa correspondance avec sa fille, on ne sent plus de sollicitude, plus de tendresse parfois trop possessive , plus d'enjouement et d'aban­ don.

Elle y parle de la cour et de la ville.

de sa cure à Vichy.

du château des Rochers.

de Pétrarque ou de Racine.

Elle est parfois doctorale, sentencieuse.

mais heureusement sa véritable nature revient rapidement , malicieuse, bonhomme, fine et lucide.

Sa correspon­ dance est à la fois un document inestimable sur son époque et sur sa personne.

Elle fait preuve d'une cul­ ture et d'une curiosité intellectuelle peu communes .

Elle s'intéresse aux controverses littéraires, aux affaires politiques.

comme aux querelles religieuses .

« Je lis.

écrit-elle.

dans une de ses lettres, l'Ecriture sainte, qui prend l'affaire (de la prédestination) depuis Adam.

J'ai commencé par cette création du monde.

que vous ai­ mez tant: cela conduit jusqu'à la mort de notre Sei­ gneur : c'est une belle suite.

Pour moi, je vais plus loin que les jésuites, et voyant les reproches d'ingratitude , les punitions horribles dont Dieu menace et afflige son peuple, je suis persuadée que nous avons notre liberté. »

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