Electre II
Publié le 01/02/2018
Extrait du document
«
I) Le renouvellement du mythe antique
1) le rôle des dieux est minimisé
On se souvient que la notion de tragédie est nécessairement reliée à la notion de
destin, de fatalité qui s’abat sur un personnage.
Ainsi, Phèdre subit la malediction de
la déesse de l’Amour ( C’est Venus toute entière à sa proie attachée , pour citer
Racine) et Oedipe est celui qui ne peut échapper à son destin, il realise malgré lui la
prediction de l’oracle de Delphes ( tu tueras ton père et épouseras ta mère).
Dans la
pièce de Giraudoux, même si le personnage du mendicant revêt des aspects
prophétiques et trois petittes filles, “les petites Euménides” incarnent les déesses de la
vengeance de la tragédie, on voit bien que le rôle des dieux est minimisé.
“dans ce pays qui est le mien, on ne s’en remet pas aux dieux du soin de la justice”.
Cette affirmation d’Electre n’est pas sans rappeler le dialogue entre Antigone et Créon
chez Sophocle, quand le niece oppose à l’édit de son oncle “les lois non écrites” qui
sont celles des dieux, et obligent une soeur à enterrer son frère.
Elle prend le
contrepied de toute une tradition tragique.
De même, la phrase suivante, “ les dieux ne
sont que des artistes” leur ôte tout rôle determinant dans la pièce.
Le terme “artistes”
ne renvoie à aucun acte crétauer, mais plutôt, avec les clichés ridicules qui suivent
(“une belle lueur sur un incendie, un beau gazon sur un champ de bataille”), à une
posture convenue et manièrée.
Avec ce décor, on se retrouve dans un théâtre de
convention, souligné par l’emploi du déictique “voilà”.
Déjà, dans La guerre de Troie
n’aura pas lieu , hélène disait ironiquement à Andromaque :” Si vous avez découvert
ce qu’ils veulent, les dieux, dans toute cette affaire je vous félicite”, annihilant ainsi
l’idée d’une volonté des deixu qui ferait le destin des personnages tragiques.
“le
verdict que les dieux avaient rendu dans votre cas.
Je ne l’accepte pas.” Electre est
devenue celle qui s’oppose aux dieux, qui brave la loi divine, qui refuse de penser la
justice en rapport avec le monde divin.
Même si l’on pourra revenir sur la part
d’hybris, de démesure de la jeune fille ( qu’Egisthe souligne avec le demonstrative
“cette” au début de l’extrait, et les marques de la deuxième personne), on remarque
qu’Egisthe, après sa question initiale qui mettait vivement en cause son interlocutrice (
avec l’emploi du verbe oser qui indique qu’une forme de sacrilege, de dépassement
des limites autorisées a été commis “ tu oses dire qu’elle est la justice des dieux ?”) ne
crie pas au blasphème.
Dans une reprise ironique de Sophocle, Egisthe oppose la
“justice des dieux” et “la justice d’Electre”, soulignant bien partant que l’on a
définitivement quitté la sphère de la vengeance qui s’exerce de generation en
generation à cause des dieux.
2) L’éthos des personnages
L’éthos signifie en grec le caractère, la manière d’être.
Dans la pièce, le caractère des personnages est different de celui que leur prête la
tradition antique.
Ainsi, Electre est radicalement différente de l’essence de son personnage qui était
manifestement encore jusqu’à la date de l’opéra de Richard Strauss, Elektra ( 1909) la
haine contre sa mère Clytemnestre et le désir de vengeance.
En effet, si l’Electre de Giraudoux s’est toujours interrogée sur l’antipathie profonde
qu’elle ressentait pour sa mère, elle ne decouvre qu’assez tard, dans la pièce, l’identité
des coupables du meurtre de son père, et semble moins animée par une soif de
vengeance ( pas une seule occurrence du mot dans le passage) mais de “justice” ( 6
occurrences du terme, auxquelles il faut ajouter tout un champ lexical du procès :
crime, verdict, faute, injustice x 2, forçat, assassin, porter atteinte, forfait, complice du.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Electre Jean Giraudoux (résumé)
- Résumé de l'acte I d'Electre de Giraudoux (scène par scène)
- Résumé de l'acte II d'Electre de Giraudoux (scène par scène)
- Electre de Jean Giraudoux: Résumés et commentaires
- Fiche d'Electre de Giraudoux