Électre, Acte II, scène 7, p. 105 du Livre de poche, tirade d’Égisthe, de « puissances du monde... », à « ... On ne m’avait pas donné l’Orient. »
Publié le 10/01/2020
Extrait du document
Un lieu et un moment privilégiés. La colline constitue un « haut lieu » symbolique d'une révélation, comme dans la Bible, et de la condition royale, au-dessus des sujets. Le brouillard qui se dissipe pour faire place au soleil a également une valeur symbolique : il s'agit d'Égisthe, personnage mal défini et vicieux, métamorphosé en roi.
La métamorphose d'Égisthe est marquée par l'opposition entre sa fatigue de général ayant passé la nuit à préparer la bataille, soulignée par l'imparfait et les trois participes (« descendu », « fatigué », « adossé »), et la soudaineté de l'apparition d'une Argos neuve sous le soleil (« soudain »). La métamorphose symétrique d'Argos se retrouve également dans trois qualifiants, « jamais vue », « neuve », « recréée pour moi », en liaison avec l'idée du don, répétée plusieurs fois, comme pour marquer le bonheur d'Égisthe.
Électre de Giraudoux
«
Éléments d'analyse
L'énonciation: dès les premiers mots, les deux pôles de l'énonciation
ore et 2e personnes) sont indiqués : le vocatif« puissances du monde»
(souligné par l'interjection) repris ensuite par« vous», et« je».
Un troisième élément, Argos, l'objet du don, intervient.
L'énoncé
fondamental est donc:« Je vous remercie du don d'Argos ».À la ligne 19,
les «puissances du monde» deviennent «Dieu», au singulier, et celui-ci
devient a son tour le sujet de l'énoncé : « Dieu ne mesure pas ses
cadeaux.» À la ligne 26, «Dieu» se réduit à« on».
·
À la ligne 13, un nouveau vocatif intervient: «Électre», en incise .
L'énoncé fondamental devient à la fin du texte : « Tu vois, Électre, que
Dieu («on ») ·ne m'a pas donné plus qu'Argos .
» L'énonciation de type
discursif fait donc place à une énonciation plus familière, de type réflexif.
Modalités de l'énoncé: la première partie est mise sous le signe de
l'obligation Ge dois vous invoquer), à la fois officielle (les circonstances
.l'exigent), et morale (Égisthe veut exprimer sa reconnaissance aux dieux.)
La deuxième, à partir de la ligne 17, est mise sous le signe de l'angoisse :
«je me demandais avec angoisse», «c'eût été affreux»,« anxieusement».
Les temps des verbes oscillent entre le présent d'actualité ; «je dois vous
invoquer», d'éternité: «la colline qui surplombe Argos», de vérité
générale: «Dieu ne mesure pas ses cadeaux»; et divers temps du passé :
imparfait de durée : «j'étais adossé au talus», «je me demandais», passé
composé à valeur perfective (idée d'achèvement à résultat durable) : « ce
don que vous m'avez fait», «vous m'avez montré Argos», «j'ai reçu ma
ville » ; la valeur perfective est soulignée par la locution adverbiale « pour
toujours » ; conditionnel passé 2e forme, qui marque le « regret» : « c'eût
été affreux».
Style oratoire : la solennité du ton est soulignée par le rythme régulier
des phrases longues, bien équilibrées, et par les répétitions .
Par exemple la
première phrase est composée d'éléments entre virgule s comprenant un
nombre pair de syllabes, de 6 à 12.
Les répétitions des mots importants:
don, donner, Argos, qui revient 6 fois, pour toujours, c'eOt été.
On trouve
même des allitérations : grincement, cri..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Étude méthodique: Électre, Acte II, scène 7, tirade d'Égisthe, de « puissances du monde... », à «... On ne m'avait pas donné l'Orient. »
- Électre et Oreste Acte 1, scène 8, Livre de poche (Grasset), pp. 61-63 - GIRAUDOUX
- Monologue du Mendiant Acte I, scène 13, Livre de poche (Grasset), pp. 72-74 - Electre de Giraudoux
- Le réveil d'Oreste Acte II, scène 3, Livre de poche (Grasset), pp. 85-88
- Giraudoux, "Electre", Acte 1, scène 8, Livre de poche (Grasset), pp. 61-63