Devoir de Philosophie

electre

Publié le 29/04/2013

Extrait du document

ELECTRE, GIRAUDOUX Electre est une pièce de théâtre en deux actes, de Jean Giraudoux, présentée pour la première fois en 1937. Cette tragédie qui s'attache à la réécriture de la réécriture d'un mythe, s'inscrit dans une tendance artistique de l'époque fondée sur la redécouverte d'une Antiquité gréco-latine. Elle raconte une partie de l'histoire tragique de la lignée des Atrides, maudite par les Dieux. Agamemnon, roi grec, est assassiné par sa femme Clytemnestre et son amant Egisthe, à son retour de Troie Egisthe, nouveau roi, veut marier la fille de Clytemnestre, Electre, au jardinier du palais, tandis que son frère, Oreste, est en exil. Ecrite dans la première moitié du XXème siècle, elle s'inscrit dans la l'idée de réécriture des mythes antiques (comme la Machine Infernale de Cocteau). L'Acte II, scène 9, que je vais vous présenter maintenant, est l'avant dernière scène de cette « tragédie bourgeoise «, comme la qualifiait Giraudoux lui-même. Il s'agit de la tirade du Mendiant, qui nous raconte, selon le principe de la double-énonciation et du récit écran, le dénouement de cette pièce : à savoir, le double meurtre d'Egisthe et Clytemnestre par Oreste, qui se situe hors-scène, pour respecter la règle de bienséance. Comment se traduit, dans ce dénouement, la nouvelle interprétation que donne G. du mythe? Je vais maintenant présenter une étude de ce texte, en trois axes. Nous étudierons d'abord ce qui inscrit ce récit dans une filiation avec la tragédie antique et classique, pour nous pencher ensuite sur la réécriture du mythe qui enfin, en détourne et en redéfinit le sens. UN DENO...

« inéluctable de la mort.

Cette tirade narrative fait du personnage du Mendiant une sorte de récitant prophétisant, comme nous le verrons plus loin, dans la lignée du chœur de la tragédie antique. c) Un récit qui résout l’action Ce récit, enfin, conformément aux exigences de la tragédie classique, permet de résoudre l’action : le Mendiant, dès le début de sa tirade, nous annonce « voici la fin ».

Il nous fait assister à la mort du couple régicide considéré comme l’aboutissement d’un désir de vengeance d’Electre, une punition pour l’assassinat d’Agamemnon.

Il y a donc une logique irrépressible du Destin, comme une confirmation du « fatum » mythique.

Le dénouement, par le récit du double meurtre, semble répondre aux conventions classiques de la tragédie et aux fonctions qu’elles lui attribuent.

Cependant, une analyse un peu plus fine de la tirade nous permet de déceler qui le travail de réécriture du mythe vient corriger et même dépasser la nature même de ce récit. II.

LA REECRITURE DU MYTHE a) Le statut du Mendiant Le Mendiant n’est pas qu’un simple narrateur.

Il permet d’amplifier la violence hors-scène de son récit, récit à priori déjà passé si on regarde le temps des verbes.

Il fait aussi figure de prophète, ce qui est confirmé par l’usage du passé composé et du futur de l’indicatif au début de sa tirade.

Le Mendiant n’est donc pas un narrateur traditionnel, il a aussi un statut implicite de devin. b) La confusion des temporalités et expression du double meurtre Dans cette tirade, les temporalités sont brouillées : le temps mythique au passé se mêle au temps de la représentation au passé composé, au présent et au futur.

Giraudoux joue sur cette superposition des temporalités, comme si le temps mythique se prolongeait dans le temps de la représentation.

Au brouillage des repères temporels s’associe l’amplification de la violence de la scène (répétition du verbe « saignait »), insistance morbide qui renvoie à la brutalité du meurtre, qui est lui associé à une « boucherie ».

Clytemnestre est déshumanisée par le meurtre dont elle est victime, comparée à « une bête qu’on saigne ». c) Une nouvelle version du tri Clytemnestre, Oreste, Egisthe. Le geste d’Oreste est reconsidéré et frappé d’ambiguïté par les commentaires du narrateur.

Clytemnestre n’est plus la meurtrière de son mari, mais celle qui a abandonné ses enfants.

Elle devient une figure de la maternité qui a manqué à ses devoirs.

Du coup, Oreste passe pour un assassin, un criminel dont le crime injuste est frappé d’inanité.

Enfin, Egisthe meurt pour un crime qui n’est pas le sien.

Le personnage est ainsi positivé par Giraudoux (loyauté et innocence).

Egisthe est rattrapé par son passé mais meurt au moment où il est devenu un autre.

Ainsi, le geste d’Oreste s’interprète comme un acte décalé chronologiquement.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles