ÉGYPTE. Littérature égyptienne d'expression française
Publié le 06/12/2018
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ÉGYPTE. Littérature égyptienne d'expression française. L’histoire de la présence française effective sur les bords du Nil commence avec l’expédition d’Égypte (1798-1801) menée par Napoléon Bonaparte. Celle-ci, loin d’être une simple aventure militaire, marque le début d’une renaissance (Nahda) dont les effets vont dépasser l’Égypte pour atteindre tous les pays du Moyen-Orient. En effet, cette expédition va apporter au pays l’outillage d’une civilisation moderne : un nouveau système administratif; un centre de recherches, l’institut d’Égypte; et surtout, pour la première fois, l’imprimerie, élément essentiel à la diffusion de la culture.
L’arrivée au pouvoir, en 1805, de Mohamed Ali Pacha va consolider cette présence française. Ce dirigeant clairvoyant et fougueux allait faire appel à la France dans l’œuvre de modernisation du pays. Le français s’imposa alors rapidement dans l’armée, l’enseignement et l’industrie. De leur côté, les missionnaires vont contribuer à répandre la langue française en Égypte; en effet, c’est dans leurs écoles que la majorité des écrivains égyptiens ont appris la langue de Racine et de Corneille. Le premier établissement créé fut celui des Frères des Écoles chrétiennes à Alexandrie en 1847. Des congrégations religieuses féminines fondèrent, elles aussi, des écoles pour les jeunes filles.
Dans cet ensemble, la fondation d’une École française de droit (1890-1950) fera que la production d’ouvrages juridiques égyptiens d’expression française dépasse par son importance celle de la littérature.
«
mariée
à un Égyptien, plaide la cause de la femme égyp
tienne victime de coutumes ancestrales.
Dans son roman
les Répudiées (1 9 08 ), elle soulève le problème de la
répudiation arbitraire de l'épouse par son mari.
Dans les
Marches de sable (1981 ), Andrée Chedid -d'origine
libanaise, mais née en Egypte en 1921 -nous décrit
trois femmes ressassant leurs brimades et leurs souve
nirs, en quête de l'Infini.
Enfin, dans l'Égyptienne
(1975), Fawzia Assad (née en 1929) nous décrit les diffi
cultés rencontrées par les femmes de son pays, surtout
lorsqu'elles sont coptes.
La presse d'expression française connut des moments
de prospérité sur les bords du Nil.
Les deux premières
revues, le Courrier d'Égypte ( 1798) et la Décade égyp
tienne (1798), parurent pendant l'expédition française et
disparurent avec elle.
D'autres tentatives plus ou moins
fructueuses suivirent : le Journal du Canal (1867), le
Bosphore é_gyptien (1881), la Nouvelle Revue d'Égypte
(1902), l'Egyptienne (1924), tribune du mouvement
égyptien féminin.
La diminution continue du nombre des
lecteurs et les crises politiques réduisirent fortement son
audience.
Perspectives
L'occupation de l'Égypte par les Anglais en 1882
avait porté un coup sévère à l'influence culturelle fran
çaise.
D'autres raisons expliquent le recul du français :
son caractère longtemps élitiste, une certaine teinte reli
gieuse, le rôle croissant de l'arabe depuis 1950, la natio
nalisation des écoles religieuses et les conflits politiques.
En fait, le français n'a jamais réussi véritablement à
s'enraciner dans le peuple.
Cette langue joua pourtant un
rôle important dans l'histoire de l'Égypte moderne : tour
à tour, elle servit de véhicule à la mise en valeur du
patrimoine égyptien, de langue de combat contre les
Anglais et pour l'émancipation de la femme.
De même,
les genres littéraires français fécondèrent fructueusement
la littérature arabe.
Actuellement, des écrivains égyp
tiens continuent à apporter leur contribution à la franco
phonie : en poésie, Joyce Mansour (1928-1986) dit des
vers nourris de kabbale, déchirés entre l'amour et la
mort; dans le roman, l'Égypte imprègne nombre de récits
d'Andrée Chedid [voir CHEDID.
MANSOUR].
Littérature bicentenaire aujourd'hui, düment assimi
lée et pleinement ass um ée, la littérature égyptienne d'ex
pression française, représentée par une élite souvent dis
persée de par le monde, trouve de plus en plus sa
vocation dans l'universalité.
BrBLIOGRAPHTE F.
Charles-Roux, Bonaparte, gouverneur d'Égypte, Paris,
Plon, 1936; Jeanne Arcache, Exposition du livre français en
Égypte, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, mai
1946, avec la collaboration de Charles Kuentz; Jean-Jacques
Luthi, Imroduction à la littérature d'expression française en
Égypte, Paris, Éd.
de l'École, 1974, préface de Maurice Gene
voix; id., le Français en Égypte, essai d'anthologie, Jo un ie h ,
Liban, Maison Naaman pour la Cu] ture, et Paris, li br, Synonyme,
1981; Jean Moscatelli, Poètes en Egypte, Le Caire, Ed.
de l' Ate
lier, 1955; J .-1.
Luthi, « Cinquante Ans de littérature égyptienne
d'expression française», Bulletin de l'Atelier d'Alexandrie, n° 6,
pp.
49-79; >, Ibid.
G.
LABAKI.
»
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