Edmond DE GONCOURT écrit, dans la préface des Frères Zemganno
Publié le 05/02/2012
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Edmond DE GONCOURT écrit, dans la préface des Frères Zemganno (1879) : Le réalisme, pour user du mot bête, du mot-drapeau, n'a pas l'unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue. Il est venu au monde aussi, lui, pour définir dans de « l'écriture artiste « ce qui est élevé, ce qui est joli, ce qui sent bon, et encore pour donner les aspects et les profils des êtres raffinés et des choses riches : mais cela en vue d'une étude appliquée, rigoureuse et non conventionnelle et non imaginative, de la beauté, une étude pareille à celle que la nouvelle école vient de faire en ces dernières années de la laideur... Le succès du réalisme est là, seulement là, et non plus dans la canaille littéraire. Vous commenterez et discuterez, le plus largement possible, cette définition du réalisme dans le roman.
Le roman n'a jamais cessé d'osciller entre le rêve et la réalité. Quand il se veut « réaliste «, il se voit souvent contraint, pour trouver le vrai, de négliger le beau. L'esprit cultivé, l'esprit « artiste « s'insurgent instinctivement contre . une telle conception. Et tout le drame d'un écrivain comme Edmond DE GONCOURT réside dans cette opposition : il s'est appliqué, avec son frère, à peindre les aspects maladifs ou morbides de l'existence; il a soutenu le mouvement naturaliste à ses débuts; mais, devant cette floraison de romans qui s'intéressent à ce qui est bas, à ce qui pue, il éprouve des répugnances de délicat. Homme de salon, esthète raffiné, amateur de bibelots et d'art japonais, admirateur fervent de Watteau, qui, selon lui, commence l'artiste moderne, il remet en honneur le point de vue du goût. Il se propose de s'appliquer non plus à l'étude du laid, mais à l'étude de ce qui est élevé, de ce qui est joli. GONCOURT entend rester fidèle aux méthodes et à l'esprit de la nouvelle école, mais l'engager dans une voie différente de celle de la canaille littéraire.

«
HUYSMANS : Le naturalisme est condamné à se répéter, à se rabâcher, à piétiner sur
place.
B.
Le plan
Le plan vous est indiqué par la fin de l'intitulé.
Commentez (c'est-à-dire expliquez,
mettez en lumière) la conception d'E.
DE GONCOURT.
Ensuite — deuxième point —,
examinez sa valeur, ses limites, etc.
Introduction
Le roman n'a jamais cessé d'osciller entre le rêve et la réalité.
Quand il se veut « réaliste
», il se voit souvent contraint, pour trouver le vrai, de négliger le beau.
L'esprit cultivé,
l'esprit « artiste » s'insurgent instinctivement contre .
une telle conception.
Et tout le
drame d'un écrivain comme Edmond DE GONCOURT réside dans cette opposition : il s'est
appliqué, avec son frère, à peindre les aspects maladifs ou morbides de l'existence; il a
soutenu le mouvement naturaliste à ses débuts; mais, devant cette floraison de romans
qui s'intéressent à ce qui est bas, à ce qui pue, il éprouve des répugnances de délicat.
Homme de salon, esthète raffiné, amateur de bibelots et d'art japonais, admirateur
fervent de Watteau, qui, selon lui, commence l'artiste moderne, il remet en honneur le
point de vue du goût.
Il se propose de s'appliquer non plus à l'étude du laid, mais à
l'étude de ce qui est élevé, de ce qui est joli.
GONCOURT entend rester fidèle aux
méthodes et à l'esprit de la nouvelle école, mais l'engager dans une voie différente de
celle de la canaille littéraire.
Cette conciliation de l' « esprit réaliste » et de l' « esprit artiste » pose au fond tout le
problème du roman réaliste, et la question de la fidélité au réalisme et à ses exigences
d'objectivité.
Développement rédigé
I.
La critique des outrances du roman réaliste
1.
Raison : évolution du réalisme.
Les GONCOURT eux-mêmes ont participé à l'évolution
du réalisme vers le « réalisme noir ».
Dans Germinie Lacerteux (1865), en étudiant le cas
pathologique d'une servante hystérique, ils avaient éclairé tout ce qui, en l'homme, est
confus et maladif.
Après eux, ZOLA, dans l'Assommoir (de deux ans antérieur aux Frères
Zemganno), montrait la honteuse déchéance d'un ouvrier alcoolique.
Laideur de l'homme
quand il n'est plus que la « bête humaine »; laideur du cadre : après BALZAC et la
sordide pension Vauquer, d'où s'échappent les eaux de vaisselle, c'est la « zone » de
Germinie Lacerteux, les bouges parisiens, les boulevards où tout prend une teinte sale.
2.
Mobiles.
La mort de son frère, en 1870, explique-t-elle cette réaction d'Edmond DE
GONCOURT.
A dire vrai, ses motifs ne sont pas tous avouables.
On ne saurait passer
sous silence sa jalousie pour le succès naissant de ZOLA.
Mais il y a aussi son esthétisme
et, appliqué à la lettre, le point de vue réaliste : car le réalisme noir trahit la réalité en ne
voyant qu'un côté des choses et en l'assombrissant à plaisir.
A côté du monde des
ouvriers, GONCOURT veut présenter le monde des salons.
Chérie (1884), par exemple,
est la monographie d'une jeune fille distinguée du second Empire.
3.
Problème du style.
C'est encore le point de vue de l'art qui l'emporte dans sa
conception du style romanesque : pour décrire cette réalité élégante, pour traiter ces
sujets distingués, le romancier, loin d'imiter le style peuple de ZOLA, utilisera toutes les
ressources de « l'écriture artiste », aux mots expressifs et recherchés, à la syntaxe
nerveuse, faite pour traduire par touches successives les impressions de l'écrivain.
Bref, Edmond DE GONCOURT oppose au roman naturaliste ce qu'on pourrait appeler le «
roman réaliste artiste », tentative de conciliation entre le vérisme et l'art.
Cette
conciliation est-elle si aisée?.
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