Ecriture d'invention Dom Juan

« Simon - Vos arguments sont valables, mais quelques personnes ont exprimé leur gène à certains moments du spectacle, notamment le début, lorsque Sganarelle sort d’entre le public et joue comme s’il était sur scène.

De plus, je ne trouve pas l’intérêt de révéler le dénouement dès le début avec la présence de statues ; l’ouverture orchestrée par Mesguich se veut exemplairement bouffonne : on se croirait plutôt dans un cirque que sur des planches ! Enfin, comme toujours, Mesguich nous confirme par cette pièce son tempérament provocateur en brisant une grande majorité des règles dramatiques : la règle des 4 murs entre autre… Frederick Strauss - Peut-être…cependant Mesguich apporte un regard nouveau sur la pièce, grâce à un parti-pris original en faisant des choix, que vous n’avez pas apprécié certes, mais qui nécessite beaucoup de temps… Tous ses choix passent également par des décors singuliers ! Par exemple, pendant la pièce, nous pouvons apercevoir des statues décorant les lieux, qui sont des allusions à la statue du commandeur.

Mais elles font également référence aux multiples conquêtes de Dom Juan.

Plus surprenant, l’acte II débute dans une sorte d’atelier de peinture où les personnages vont et viennent au gré des scènes….. Simon -Je ne comprends pas comment vous pouvez encourager cette débandâtes ! Cette pièce ne fait que calomnier le théâtre, souiller cette œuvre magnifique qu’est Dom Juan ! J’ai bien peur que cette mise en scène fasse retourner Molière dans tombe !! Frederick Strauss - Il ne faut pas exagérer cher monsieur ! Il est vrai que Daniel Mesguich vit le théâtre comme un risque, il est en permanence sur une ligne de crête.

Celui-ci nous a procuré mainte fois plus d’un vertige et on lui en a souvent voulu d’une provocation dérangeante.

Toutefois cet esprit de liberté peut donner le meilleur, et lorsqu’il le donne, alors tout est racheté.

C’est ce qui ce que je ressens avec ce Dom Juan où glisse la grâce, sans que pour autant Mesguich déroge à soi-même.

Il a réussi à dénouer l’écheveau si complexe de cette oeuvre secrète, en nous permettant d’en ressentir à la fois la force comique et la force tragique, ce qui est une rare réussite.

De plus, l’interprétation du rôle par Daniel Mesguich est absolument remarquable : il y met de l’intériorité, du mystère, de l’élégance et même une sorte d’émotion, de jeunesse fragile qui nous a beaucoup touchés.

Quant à la force comique, elle irrigue le spectacle par le truchement d’une succession de trouvailles, conformes à l’esprit Mesguich ; il y a une grande puissance cocasse dans ces tableaux, sans que soit transgressée la légitimité de l’œuvre et la fidélité à sa signification.

Les acteurs servent cette ambition comique avec beaucoup de talent, et parmi eux Christian Hecq qui est désopilant en Sganarelle.

Par ailleurs si tout le monde réfléchissait comme vous le faites, l’humanité n’aurai pas connu (le cubisme, la renaissance, le baroque)car c’est à coup de changements que l’on fait que l’ont fait avancer l’art, la musique la littérature, le théâtre.. Simon - Je vois en vous une sorte d’étincelle s’illuminer lorsque vous parlez de cette pièce.

Je suis très admiratif et je suis surtout à court d’arguments, c’est pour cela que je m’avoue vaincu… Vous m’avez rendu sensible à cette interprétation et je pense que j’étais trop sévère vis-à-vis de Daniel.

En conclusion, je conseille tous les téléspectateurs de voir ce beau spectacle !. »