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Ecrit d'invention : Lettre argumentative d'un écrivain à un autre - L'indicible de certaines expériences

Publié le 04/09/2012

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J'aimerai te faire part de ce que j'ai personnellement ressenti quand j'ai décidé d'entreprendre le récit de cette histoire qui m'a tant marqué. Souviens toi, à peine sorti de Buchenwald que je commençais à écrire. Les mots me viennent mieux quand les souvenirs sont proches. Quand on veut écrire une telle histoire, attendre altère le vrai de nos propos, les rend plus plats. Écrire tant que les détails, les couleurs, les cris, les pleurs, les visages, les corps sont encore présents, ancrés avec force ; écrire tant que la tristesse, la colère, la douleur, la peur, la fatigue, la faim est encore là, qu'on la ressent encore à chaque seconde, comme si tout cela nous tuait encore à petit feu. Durant mon travail, j'ai ressenti une présence dans mes mots, qui m'incitaient en quelque sorte à avoir un dialogue avec moi-même, rendre compte de mes expériences, une deuxième fois, voir ces mots comme l'avis d'un autre. Cette présence un peu à l'extérieur et en même temps un peu à l'intérieur de moi me conforte, me rassure, et m'incite à parler plus longuement, à évacuer ce qui me pèse, à l'arracher violemment, définitivement, et ne plus jamais cohabiter avec l'horreur. Cette présence m'invite presque à me forger un nouvel avis, à commencer un nouveau départ. A laisser l'horreur derrière moi.

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