Devoir de Philosophie

« Écrire, si ça sert à quelque chose, ce doit être à ça : à témoigner. A laisser ses souvenirs inscrits, à déposer doucement, sans en avoir l'air, sa grappe d'oeufs qui fermenteront. » En vous appuyant sur votre expérience de lecteur vous commenterez et éventuellement discuterez cette opinion de l'écrivain contemporain J.-M.G. Le Clézio exprimée dans L'Extase matérielle.

Publié le 11/10/2009

Extrait du document

On remarque d'abord, le ton retenu, un peu dubitatif de J.-M.G. Le Clézio :    « Écrire, si ça sert à quelque chose, ce doit être à ça... « L'auteur ne semble pas très sûr de cette fonction, ou plus exactement, pas très sûr que la littérature serve à quelque chose. On retrouve ici l'aversion des parnassiens pour « l'utile «, pour le pragmatisme.    On sait aussi que Baudelaire détourne la poésie « d'un enseignement quelconque « : elle n'a pas pour but de « perfectionner les mœurs « ou de démontrer quoi que ce soit d'utile... Elle n'a d'autres buts qu'elle-même.    Depuis le xixe siècle, la mission de la littérature a connu un regain d'activité avec des œuvres « engagées «.    Même si sa fonction était subversive, le surréalisme, curieusement, s'inscrit dans cette lignée.    J.-M.G. Le Clézio, avec quelque réticence, se propose de définir la fonction de « l'écriture «.    L'écriture, terme intéressant parce qu'il se place non du point de vue de « l'objet achevé «, le livre, mais dans la perspective de l'œuvre en train de se faire, dans la perspective de l'écrivain.

« ne rencontre pas tout de suite son public. • « La grappe d'oeufs » suggère aussi que l'œuvre est porteuse de vie et que, plus tard, elle transformera le lecteurqui l'a lue grâce à une lente maturation. • On retrouve ici l'idée de Marthe Robert : « changer la vie et l'éclairer ».

Mais cette dernière supposait unetransformation fulgurante, une sorte de révélation comme le fut pour Kant la lecture du Contrat social. La phrase de Le Clézio laisse, au contraire, entendre que le mûrissement se produit insensiblement. 3.

Discussion. a) Refus de l'art d'évasion. Cette idée est la plus évidente.

L'écriture dont parle Le Clézio s'inspire du vécu et de la vérité. b) Témoignage et engagement. Un essai de baccalauréat posé à Rennes en 1983 reproduisait cette citation du poète chilien Pablo Neruda : « Vous allez me demander : mais pourquoi votre poésie ne nous parle-t-elle pas du rêve, des feuilles ou des volcansde votre pays natal ? Venez voir le sang dans les rues Venez voir le sang dans les rues venez voir le sang dans les rues.

» Le poète témoigne de la violence de son temps.

A noter que cette perspective peut ne pas renier le particularismede chaque pays et emprunter des voies complexes qui ne renient pas la « tradition » si l'on pense à Cent ans desolitude de Gabriel Garcia Marquez ou à L'Homme de maïs de Miguel Angel Asturias.

Dans ce cas, porter témoignage,c'est s'engager.

Penser aussi aux dissidents soviétiques. • Le témoignage est a priori plus neutre que l'engagement.

La citation évite en ce sens les risquesd'endoctrinement. • La différence provient aussi d'une relation temporelle qui lie l'écrivain engagé au présent : il doit convaincre, ilparle pour les hommes de son temps.

L'homme qui témoigne peut le faire pour le futur. • Une perspective assez proche de la phrase à commenter se retrouve dans un extrait du discours de Suède deCamus : « Notre seule justification, s'il en est une, est de parler dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire.

» Ces lignes sont plus « altruistes » que celles de l'extasematérielle où l'on sent davantage le souci de vaincre l'oubli pour soi-même.

Cependant, la réserve et la prudencesont les mêmes : « s'il en est une » (Camus) correspond à « si ça sert à quelque chose » (Le Clézio). c) Ajoutons enfin que la discrétion de Le Clézio semble « parier » sur un futur rendez-vous et que la postérité oubliesouvent ceux qui parlent « doucement ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles